Depuis la préhistoire, la transhumance - du latin trans humus, « au-delà de la terre » - rythme la vie pastorale. Dans les grottes-bergeries de la Drôme et de l’Isère, des foyers témoignent des premières migrations estivales il y a 5000 ans. Guidés par la recherche d’eau et d’herbe fraîche, les éleveurs ont peu à peu organisé ces déplacements pour mieux répartir les ressources entre plaines et montagnes. Au Moyen Âge, les moines encadrent ces trajets entre vallées et alpages, avant que la pratique ne se généralise à tous les massifs à partir du 14ᵉ siècle.
Une tradition en mouvement
Des Alpes à la Corse, du Jura aux Pyrénées, chaque territoire a façonné sa propre manière de transhumer avec son propre vocabulaire. Dans les Alpes du Sud et en Provence, les moutonniers guident leurs brebis vers les estives, les pâturages d’altitude ; dans les Vosges, les éleveurs de vaches laitières, les marcaires, montent leurs animaux sur les chaumes. Partout, les troupeaux entretiennent les prairies, préviennent les incendies et favorisent la biodiversité, maintenant ainsi les paysages ouverts et les sols vivants.
Cette mobilité repose sur des gestes précis transmis de génération en génération : marquage des bêtes, soins, dressage des chiens, repérage des cloches dans le brouillard. La montée s’accompagne aussi de moments collectifs qui perpétuent la convivialité des communautés pastorales.
Autrefois menée à pied, la transhumance s’est adaptée aux réalités d’aujourd’hui. Dans le Jura, les bergers appellent encore leurs bêtes à la voix ; ailleurs, la bétaillère facilite les trajets. GPS, téléphonie mobile et clôtures électriques modernisent le métier sans rompre le lien avec la montagne.
De nouvelles formes d’apprentissages
Longtemps transmise au sein des familles, la transhumance s’ouvre aujourd’hui à de nouvelles formes d’apprentissage comme les écoles de bergers, les lycées agricoles ou les séjours qui permettent chaque été à des jeunes de vivre en camp scout en aidant un berger.
Soutenue par les politiques agro-environnementales et les groupements pastoraux, la transhumance continue de s’adapter aux enjeux contemporains tels que la sécheresse, la pression foncière ou le tourisme.
Les pratiques et savoir-faire de la transhumance ont été inscrits à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2020, et sur la Liste représentative Unesco du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2023.
Transhumance à Saint Pons département des Alpes-de-Haute-Provence en région PACA, 12 au 18 juin 2025.
Crédits : Philippe Magoni/MC/Sipa Press
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