Apparu au 14e siècle dans le contexte de la piété populaire médiévale, le pardon breton désigne alors une occasion de gagner des indulgences – des remises de peine au purgatoire - en visitant un lieu de culte le jour de sa fête patronale. Le terme finira, au fil des siècles, par désigner toutes les fêtes patronales des églises et chapelles bretonnes. Très vite, dès le 15e siècle, le profane se superpose au sacré : en plus de la cérémonie et de la troménie - la procession religieuse -, le pardon prend un aspect festif et communautaire grâce au chant, à la danse, à la lutte bretonne… Aujourd’hui, il est un élément incontournable de l’identité bretonne et est encore bien vivant : environ 2000 pardons ont lieu en Bretagne chaque année.
De la messe au festin
Les pardons sont principalement célébrés entre Pâques et la Toussaint, le 15 août étant la période culminante. Même s’ils ont leurs spécificités, ils suivent souvent le même déroulé. La messe dédiée au saint patron du lieu ouvre la célébration. Les fidèles forment ensuite une procession, appelée troménie, et marchent en chantant la litanie des saints derrière des bannières, des croix ou une statue du saint, jusqu’à – le plus souvent - une fontaine où a lieu la bénédiction. Une fois le saint célébré, place à la fête : les participants se retrouvent pour un verre de l’amitié, un repas ou une fête plus conséquente, avec des jeux, des danses et des chants, traditionnels ou non.
Une tradition qui se renouvelle
L’organisation d’un pardon repose sur les paroissiens et des bénévoles. La transmission se fait de manière informelle : on apprend en s’immergeant au sein d’un groupe engagé dans la préparation de l’événement. Aujourd’hui, la pratique rencontre plusieurs défis : audience catholique en baisse, « crise » des vocations sacerdotales, vieillissement et diminution du nombre de bénévoles... Les pardons s’adaptent en étant par exemple flexible sur la date pour ne pas concurrencer d’autres évènements, ou en raccourcissant la procession pour laisser plus de place aux festivités. Les comités des paroisses peuvent aussi être accompagnés par l’initiative Skol ar Pardonioù, qui leur propose des idées pour se renouveler. Les pardons et troménies ont été inclus à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2020.
Le 20 juillet 2025, des centaines de pèlerins ont parcouru les anciens chemins sacrés lors de la Grande Troménie de Locronan, une procession de 12 kilomètres ponctuée de stations et de croix celtiques qui se termine à l’église Saint-Ronan.
Crédits : Jean Marie Heidinger/MC/Sipa Press
Chants, savoir-faire, jeux, fêtes... découvrez près de chez vous un patrimoine vivant et en perpétuel renouvellement : Vivre le patrimoine culturel immatériel.
Partager la page