En choisissant d'interroger la « modernité », le Pavillon français de la 14e biennale d'architecture de Venise revient cette année sur les « fondements » de la discipline, thème général de la manifestation dont le commissariat est assuré par une star de l'architecture, le Néerlandais Rem Koolhas. L'architecture, discipline artistique, comprend aussi de « forts enjeux sociaux. » Elle est donc comme l'a souligné Aurélie Filippetti le 15 avril lors de la présentation du Pavillon français un véritable « acte de civilisation.»
Selon Jean-Louis Cohen, le commissaire du Pavillon français, la modernité a rencontré « la réforme sociale, matérialisant de grands espoirs, comme l'accession à des logements de qualité et à des services collectifs pour les classes défavorisées. » La scène architecturale française a garanti ainsi le progrès social, véritable «constante nationale. » Mais elle produit aussi de grands ensembles isolés et monotones, dont la crise aggrave les défauts.
Le Pavillon français se décline sur trois supports : une exposition, un film et un livre.
L'exposition
La scénographie, confiée à l'atelier d'architecture Projectiles, propose un parcours ponctué par quatre moments : la villa Arpel, la maison au cœur du film de Jacques Tati, Mon oncle, sorti en 1958, reproduite à l'échelle 1/10e est-elle un objet de désir ou une machine ridicule? Puis, retour sur le « constructeur » Jean Prouvé, qui a travaillé avec Robert Mallet-Stevens, Le Corbusier, et fasciné la génération de Norman Foster, Renzo Piano et Richard Rogers. Ensuite, on s’intéresse à la préfabrication lourde, expérimentée comme architecture de masse et de reconstruction pour un pays dévasté par la guerre. Enfin, la dernière salle revient sur le grand ensemble d'habitation, construits à la périphérie des villes françaises, censés garantir une vie heureuse, mais qui deviennent « avec la crise, synonymes d'exclusion. »
Le film
Le film réalisé par Teri Wehn Damisch projeté simultanément dans les quatre galeries utilise des documents d'archives – films de propagande produits par des administrations françaises ou actualités cinématographiques – et des fragments de film de fiction – de Jacques Tati à Jean-Luc Godard – que relient des aperçus de Paris aujourd'hui.
Le livre
Six auteurs, sous la direction de Jean-Louis Cohen, assisté par Vanessa Grossman, analysent 101 bâtiments emblématiques depuis 1914 jusqu'à aujourd'hui. L'ouvrage, riche de textes et d'illustrations, coédité par l'Institut français et Dominique Carré se présente comme « une promenade architecturale dans le temps et comme un récit visuel » qui s'inscrit dans la durée.
A Venise, la ministre de la Culture et de la Communication a décerné également le Grand prix de l'architecture dans le monde à Christian de Portzamparc pour sa Cité des arts à Rio de Janeiro.
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