Le Grand Prix national de l'architecture
Le Grand Prix national de l'architecture récompense un architecte, ou une équipe d'architectes, pour l'ensemble de son œuvre. Ce prix, relancé en 2004 et désormais remis tous les deux ans, est l'occasion de reconnaître et de faire connaître une démarche exemplaire d'architecte. Le ministre entend ainsi affirmer la place de l'architecture au sein de son ministère et mettre en valeur l'action qu'il conduit en faveur des architectes, de la création, de la recherche architecturale et urbaine et de l'enseignement.
Le Grand Prix 2024 a été attribué à l'agence Perraudin Architecture parmi les sept agences qui avaient été invitées à concourir : Bruther, BQ+A, Encore heureux architectes, Jean et Aline Harari, Muoto, Corinne Vezzoni & associés.
Perraudin Architecture ou l'architecture éthique
Gilles Perraudin, né en 1949, fait des études d'ingénierie à l'École de La Martinière à Lyon (1970), puis d’architecture à l'École d'architecture de Lyon (1977). Associé à Françoise-Hélène Jourda de 1980 à 1998, il exerce seul son activité de 1998 à 2017 avant de fonder l’Atelier Architecture Perraudin avec Jean-Manuel Perraudin.
Très sensible à l'architecture vernaculaire et à la relation homme-climat-habitat, il est lauréat en 1980 du premier concours européen d’énergie solaire passive, grâce à une maison qui contient déjà tous les grands principes appliqués dans ses futures réalisations. C’est notamment le cas de « l’enveloppe microclimatique » qui trouvera son parachèvement dans le projet de l’Akadémie Mont Cenis de Herne en Allemagne et du Collège de Vauvert (non construit à l’heure actuelle).
Perraudin Architecture témoigne d’une pratique culturelle de l’architecture, imprégnée de la relation entre le contexte géographique et climatique, les ressources locales, l’art de les mettre en œuvre et les modes de vie. Précurseur de ce mouvement qui rassemble aujourd’hui de nombreux architectes, l’agence conçoit ses bâtiments en mêlant l’imaginaire et les émotions que doivent produire les lieux de vie à une approche constructive rigoureuse, dans lequel le matériau et sa mise en œuvre occupe une place de choix. Il redonne notamment à la pierre ses lettres de noblesse pour bâtir aujourd’hui.
Gilles Perraudin se distingue également par une activité d’enseignant, conduite de 1996 à 2014 en France et à l’étranger. Il accompagne également des projets d’étudiants en les poussant à se confronter à la matière.
Retrouvez la liste des nommés à l'édition 2024 du Grand Prix national de l'architecture.
Stéphanie Bru et Alexandre Thériot
s’associent en 2007 et fondent Bruther. Le bureau, installé aujourd’hui à Paris et à Zürich, est actif dans les domaines de l’architecture, de la recherche, de l’éducation, de l’urbanisme et du paysage. En 2020, l’agence remporte sa troisième Équerre d’argent pour la résidence universitaire et son parking réversible sur le campus de Saclay, à Palaiseau, en collaboration avec l’agence Baukunst.
Fruit de l’héritage brutaliste et d’une pensée contemporaine évolutive, l’agence Bruther produit et propose des projets qualifiés de « poétiques » qui s’inscrivent néanmoins dans un cadre théorique très précis, axé sur un retour à la structure. La logique architecturale flexible et réversible de leurs constructions reflète les mutations de la société et la nécessité de s’adapter aux changements des usages. Stéphanie Bru et Alexandre Thériot sont par ailleurs tous deux enseignants, respectivement à Berlin et à Zurich.
Leur pratique témoigne du rôle sociétal de l’architecture, qui sait répondre avec un temps d’avance aux enjeux de transition écologique actuels. Leur agence, comme un grand nombre d’agences en France, est un laboratoire permanent d’innovations concrètes et de recherche appliquée visant à développer des solutions de qualité pour créer un cadre de vie agréable pour tous.
Bernard Quirot, né en 1959 à Dole, est diplômé de l'école d'architecture de Paris Belleville (1986) et ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (1988).
Il fonde en 1990 fonde une première agence à Paris, puis en 1996, il crée à Besançon avec Olivier Vichard, l'agence d'architecture Quirot & Vichard architectes. En avril 2008, l'agence déménage dans le village de Pesmes (70) et change de statut pour devenir la SARL Bernard Quirot architecte et associés.
L’agence a conçu et réalisé de nombreuses œuvres en milieu rural où elle réinterprète l’architecture de “la campagne, avec un soin particulier pour l’espace des forces et la tradition structurelle du vernaculaire. Les projets, valorisant l’ancrage de l’architecture dans son territoire, sont variés : des lieux de formation, des équipements culturels, des mairies, de l’habitat. Les récompenses sont nombreuses. On citera notamment : la maison de santé de Vézelay, (lauréate du prix de l’Équerre d’argent 2015, lauréate du prix ArchiDesign Club Awards 2016), le Lycée Claude Nicolas Ledoux à Besançon et la base nautique de Pesmes qui obtiennent respectivement en 2016 et 2022 le label Architecture contemporaine remarquable décerné par le ministère de la Culture.
En 2014, Bernard Quirot fonde l'association Avenir Radieux qui œuvre à la restructuration du centre historique du de Pesmes (70) et dont l’action se décline selon 4 axes : le conseil gratuit aux particuliers, le conseil envers la collectivité ; l’organisation d’un séminaire d’architecture annuel qui accueille entre 15 et 25 jeunes architectes qui travaillent sur des projets dans le centre du village de Pesmes, des actions de sensibilisation à l’architecture auprès du jeune public. Une manière de transmettre aussi originale qu’engagée.
Le collectif Encore Heureux Architectes, fondé par Nicola Delon et Julien Choppin en 2001, est lauréat en 2005 du palmarès des Nouveaux Albums des architectes, concours national organisé par le ministère de la Culture. Aujourd’hui l’agence est pilotée par 8 architectes associés, ce choix répondant à une volonté de questionner les modes de gouvernance des agences d’architecture et d’affirmer l’importance du collectif. L'équipe se répartit entre Paris, Marseille, Mayotte et Clichy-sous-Bois pour être au plus proche des projets en cours. En 2018, Encore Heureux a été commissaire du pavillon français lors de la 16ème Biennale internationale d’architecture de Venise avec l’exposition « Lieux infinis », inventaire de lieux qui accueillent l’imprévu et le désir de commun.
Les réalisations d’Encore heureux intègrent une réflexion sur la réutilisation de bâtiments existants, le réemploi de matériaux ou encore l’appropriation citoyenne par la programmation ouverte des espaces et de leurs usages. On citera notamment la réhabilitation de la Grande Halle de Colombelles, patrimoine industriel valorisé en tiers-lieu de l’économie circulaire à Caen, la transformation d’un ancien garage automobile en logements d’habitations à Paris au 85 rue Petit, et plus récemment les Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois/Montfermeil.
Encore heureux a fondé en 2019, avec l’architecte Morgan Moinet, un bureau d’études dédié au réemploi, REMIX, qui accompagne les professionnels du secteur du bâtiment dans le montage et la réalisation d’opérations de réemploi. Ses moyens d’action au service de la transmission de sa vision de l’architecture sont multiples : expositions, éditions, films, conférences dessinées, et ateliers publics.
Jean et Aline Harari obtiennent en 1979 leur diplôme d’architecte DPLG à l’issue de leurs études à l’Unité pédagogique d’architecture n° 6. Ils créent en 1981 l’agence Standard (atelier de production des idées réunies) avec Patrick Bouchain, Rémi Deroche et Jacques Gerber. A ce titre, ils seront co-auteurs duthéâtre de Champs-sur-Marne (aujourd’hui salle Jacques Brel), puis le théâtre équestre Zingaro à Aubervilliers (conçus et réalisés avec Patrick Bouchain).
En 1989, Jean Harari est appelé́ à Blois avec Patrick Bouchain pour former l’Atelier Public d’Architecture et d’Urbanisme de la ville. Il y assure la direction des études (13) et prend en charge les missions de maîtrise d’œuvre de 2 des principaux équipements publics réalisés par la ville : l’antenne universitaire de l’Université François Rabelais de Tour et la bibliothèque Abbé Grégoire. Parallèlement, il dirige pendant 7 ans les études urbaines sur le territoire de la Ville de Blois.
En 2017 la bibliothèque Abbé Grégoire a reçu le label Architecture Contemporaine Remarquable attribué par le ministère de la Culture. En 2021 cette distinction a également été décernée à l’antenne universitaire François Rabelais, reconnaissant l’unité urbaine de la place Jean Jaurès, devenue en quelque sorte le forum culturel et universitaire de la ville de Blois.
L’agence s’est attachée à travailler prioritairement, et aujourd’hui exclusivement, sur des projets d’habitat social et d’équipements publics. On notera que dès la fin des années 80, après des années de règne du béton armé, elle a su engager une réflexion sur les structures mixtes, puis sur des solutions réalisées intégralement en bois et en briques, ouvrant la voie à une nouvelle pratique de l’architecture.
Gilles Delalex, architecte, urbaniste et docteur en Art (diplômé de l’Université Alavar Aalto, Helsinky) et Yves Moreau, architecte belgo-néerlandais diplômé de Chalmers Teknista Högskala (Göteborg), lauréat en 2008 du palmarès des Nouveaux Albums des jeunes architectes et paysagiste organisé par le ministère de la Culture, fondent le studio Muoto en 2003, après avoir été ensemble lauréats du concours d’Europan 7 sur le thème « Challenge suburbain, intensités et diversités résidentielles ».L’agence remporte le Prix de l’Équerre d’argent en 2016 pour son projet « Lieu de vie à Saclay ».En 2023, Muoto a été commissaire du pavillon français lors de la 18ème Biennale internationale d’architecture de Venise avec l’exposition Ball Theater. La fête n’est pas finie.
Les activités de l’agence couvrent les champs de l’architecture, de l’urbanisme, de la recherche et de l’enseignement. Les projets de Muoto se distinguent par des structures qui permettent de combiner une multitude d’activités et de répondre à des enjeux économiques et esthétiques. Ils plaident pour une architecture minimum qui peut évoluer dans le temps. Muoto signifie « forme » en finnois. Parmi ses réalisations remarquables, on pourra citer des projets mixtes souvent, comme la crèche et les logements sociaux de la rue Stendhal à Paris, ou des lieux d’activités comme la ≪ halle de l’innovation ≫ à Montpellier.
On notera que l’agence développe aujourd’hui son activité de maitrise d’œuvre dans différents contextes européens. La tour de laboratoires pour le campus de Diepenbeek en Belgique, un édifice de logements sur l’avenue Revolučni de Prague,un centre civique pour la ville de Tirana, en Albani sont autant d’exemples de cette dimension européenne.
Corinne Vezzoni exerce en tant qu’architecte associée au sein de l’agence qu’elle a créée en 2000, avec Pascal Laporte et Maxime Claude. Les bâtiments de l’agence, conçus avec rigueur, s’inscrivent avec force mais respect dans leur environnement urbain et paysager, francs dans leurs lignes mais riches et subtils dans le travail de la matière et des finitions.
La ville de Marseille et la Méditerranée, territoires complexes tant du point de vue géographique, qu’historique et urbain, ont façonné l’écriture architecturale de Corinne Vezzoni et Associés. Puissance des sites, épaisseur historique d’un territoire maintes fois remodelé, terre de contrastes, minéralité et qualité de lumière, ce contexte particulier pousse autant à la force du parti architectural qu’au dialogue harmonieux avec le site.En 2006 son agence se fait connaître avec deux réalisations : les Archives et la Bibliothèque départementales des Bouches-du-Rhône et la cité judiciaire à Martigues. Suivront également la réalisation du Centre de conservation du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille en 2013 et plus récemment, le Campus Sud des Métiers (centre de formation des apprentis) à Nice en 2022.
Les travaux de l’agence sont guidés par un souci permanent de ralentir la surconsommation et l’épuisement des ressources naturelles, forestières, hydriques ou marines. Corinne Vezzoni se distingue également par une activité d’enseignement, notamment à l’université (Institut d’urbanisme) ainsi qu’à l’école des Arts et métiers.
Les lauréats des éditions précédentes
2022 : Philippe Prost
Renée Gailhoustet* Prix d'honneur du Grand Prix national de l'architecture pour l'ensemble de son œuvre
2018 : Pierre-Louis Faloci
2016 : Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart
2013 : Marc Barani
2010 : Frédéric Borel
2008 : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal
2006 : Rudy Ricciotti
2004 : Patrick Berger
1999 : Massimiliano Fuksas
1998 : Jacques Hondelatte*
1996 : Bernard Tschumi
1993 : Dominique Perrault
1992 : Christian de Portzamparc
1991 : Christian Hauvette*
1990 : Francis Soler
1989 : André Wogenscky*
1987 : Jean Nouvel
1986 : Adrien Fainsilber*
1985 : Michel Andrault* et Pierre Parat*
1984 : Edmond Lay*
1983 : Henri-Edouard Ciriani
1982 : Claude Vasconi*
1981 : Gérard Thurnauer*, Pierre Riboulet* et Jean-Louis Véret*
1980 : Paul Chemetov*
1979 : Claude Parent*
1978 : Jean Renaudie*
1977 : Paul Andreu* (Membre de l'Académie des Beaux-Arts) et Roland Simounet*
1976 : Roger Taillibert* (Membre de l'Académie des Beaux-Arts)
1975 : Jean Willerval*
* décédé (e)
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