Histoire patrimoniale de l'hôpital
L’importance de l'hôpital de Saint-Alban pour l'histoire de la Lozère et de la psychiatrie, le rôle précurseur joué après-guerre par l'établissement dans la rénovation de la psychiatrie sous la direction de François Tosquelles, font de l’ancien asile de Saint-Alban un ensemble prestigieux autant qu’hétéroclite sur le plan architectural : château à la cour Renaissance, bâtiment de l’administration caractéristique de la sobre et monumentale architecture publique, bâtiments très simples des années 1960 dont la chapelle est l’élément spectaculaire par la forme triangulaire de sa façade, ses hautes toitures en ardoises et son décor impressionnant. Le cimetière des fous est un lieu de recueillement, témoin de l’accueil qui a été fait, dans cette région reculée de la Margeride par des médecins engagés dans la Résistance, aussi bien aux fous, qu’aux réfugiés, politiques, Juifs…
En 1821, un frère de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu, Hilarion Tissot, fonde une maison pour accueillir des aliénés, transférée à Saint-Alban quand le Préfet du département achète le château de Saint-Alban. L’asile départemental créé par ordonnance royale du 19 janvier 1825 accueille des malades du département de la Lozère, des départements voisins (Haute-Loire, Aveyron, Gard), mais aussi de la Seine, des Hautes-Alpes, Loiret, Oran, Alger, Tunis.
Installé dans le vieux château des Morangiès, l’asile est agrandi par la construction de plusieurs ailes en 1850. Un majestueux bâtiment d'administration est construit à partir de 1866. A l’extrême fin du 19e siècle, de nouveaux travaux d'agrandissement sont entrepris : une colonie agricole est installée en 1888 dans la ferme voisine du Villaret et entre 1895 et 1899 l'architecte départemental Germer-Durand crée trois pavillons pour le quartier des hommes (partiellement remplacés par de nouveaux locaux en 2015).
La créativité des patients
Sous la houlette du psychiatre catalan François Tosquelles (1912-1994), l’hôpital de Saint-Alban fut un lieu de grande créativité de 1940 à 1962. Passé à la postérité à la fois pour avoir entretenu des liens avec la Résistance, pour avoir caché Paul Éluard et sa femme Nusch, puis Tristan Tzara, et pour avoir favorisé la créativité de patients artistes repérés très tôt par Jean Dubuffet, dans le cadre d’une psychothérapie institutionnelle, ayant pour mot d’ordre Faire tomber les murs de l’asile.
L'œuvre conjuguée des architectes et sculpteurs
C’est à l’architecte départemental et résistant Jean Lyonnet (1902-1964) que l'on doit en 1964-65 la construction d'une nouvelle chapelle et du bâtiment de la communauté des sœurs de Saint-Régis, qui s’occupent des malades. Le décor de la chapelle (autel, bas-reliefs en pierre rose du Rouget, représentant les symboles des apôtres, chemin de croix en granit et verrières) a été conçu par le sculpteur Roger Marion (1934-2015) et réalisé avec les malades, à la demande de Tosquelles.
Après l’incendie du château qui abritait le quartier des femmes en 1971, de nouveaux bâtiments sont construits au-dessus et au nord de l’ensemble hospitalier, par l'architecte André Poulain. Le changement des méthodes d’hospitalisation a entrainé la désaffectation de nombreux bâtiments et la construction de nouvelles structures d’accueil.
Par arrêté préfectoral du 26 janvier 2023 ont été inscrits au titre des monuments historiques les façades et toitures de l’ancien bâtiment de l’administration ; chapelle, façades et toitures de l’ancien bâtiment de la communauté qui jouxte la chapelle, cimetière des fous avec l’allée d’accès.
Galerie d'images
On y voit les vues des anciens bâtiments, la chapelle, le cimetière, les vitraux...
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