Un patrimoine vivant à préserver
Construit en 1889, le pont Colbert est l’un des derniers grands ponts tournants encore en service en Europe. Classé monument historique depuis 2020, il fait partie intégrante du paysage et de la mémoire dieppoise. Chaque jour, il permet la circulation entre la ville et le port, tout en s’ouvrant pour laisser passer les bateaux. Mais après plus de 130 ans d’usage, l’ouvrage avait besoin d’une restauration complète pour rester fonctionnel et sûr.
Entre tradition et modernité : un chantier d’équilibre
Comment préserver un pont du XIXᵉ siècle tout en répondant aux exigences techniques du XXIᵉ ? C’est tout l’enjeu du projet conduit par Ports de Normandie, avec le soutien de l’État (via la DRAC Normandie), de la Région, du Département et de l’Union européenne.
L’objectif : conserver au maximum les éléments d’origine tout en assurant la solidité, la sécurité et la durabilité du pont.
Certaines parties métalliques, trop endommagées, ont été refaites à l’identique, tandis que d’autres ont été restaurées. La peinture, d’un gris fer, a été choisie pour rester fidèle à l’esthétique d’origine. Le pont sera désormais automatisé, tout en conservant son mode de manœuvre historique.
Les dessous d’un chantier exceptionnel
Avant son retour sur le quai, le pont a passé plus d’un an dans les ateliers pour un inventaire minutieux de ses 10 000 pièces. Chaque élément a été nettoyé, réparé ou remplacé selon son état.
Pour protéger les ouvriers et l’environnement, la structure a été placée sous un cocon étanche, évitant la dispersion des poussières de plomb et d’amiante.
Une fois restauré, le pont a été transporté par barge, franchissant les écluses du port avant d’être reposé sur son axe d’origine. Une manœuvre millimétrée, saluée par de nombreux habitants venus assister à ce moment historique.
La DRAC de Normandie, garante du patrimoine
En tant que service de l’État chargé du patrimoine, la DRAC Normandie accompagne et finance cette restauration à hauteur de 4,4 millions d’euros, sur un budget total de près de 20 millions.
Elle veille à la cohérence du projet : respect des matériaux anciens, choix des techniques de restauration, préservation de l’apparence d’origine. Chaque étape du chantier est suivie par des architectes du patrimoine et des experts techniques, en lien étroit avec les Ports de Normandie et la collectivité.
Un chantier collectif au service du territoire
Le projet mobilise de nombreux acteurs : ingénieurs, métalliers, peintres, charpentiers, grutiers, architectes, mais aussi les habitants, commerçants et associations locales.
Au-delà de la restauration d’un pont, c’est tout un savoir-faire qui se transmet et s’adapte aux enjeux d’aujourd’hui : préserver, moderniser et valoriser un patrimoine vivant.
Et maintenant ?
Les derniers mois du chantier seront consacrés aux tests mécaniques et électriques, aux finitions (garde-corps, trottoirs, signalétique) et à la formation des opérateurs qui assureront les manœuvres du pont.
La réouverture complète à la circulation et à la navigation est prévue fin janvier 2026.
En cette année 2025, Année de la Mer, ce retour du pont Colbert n’est pas seulement une prouesse technique : c’est un geste fort en faveur de la préservation du patrimoine maritime et un symbole de fierté collective pour tout un territoire.
Partager la page