Les mesures présentées depuis le musée d’art moderne de Céret, en Occitanie, s’appuient sur un constat : près d’un tiers des musées de France labellisés sont implantés en dehors des grandes agglomérations. Ces établissements, souvent modestes en taille mais riches en contenu, conservent des collections précieuses et participent à l’aménagement culturel du territoire. Pour répondre à leurs besoins, une enveloppe de 4 millions d’euros a été débloquée en 2025. Elle permet de soutenir plus de 150 opérations dans toute la France : rénovation des espaces d’exposition, amélioration de la sécurité, restauration d’œuvres ou encore développement de nouvelles actions de médiation.
Trois musées franciliens, trois récits : en Seine-et-Marne, l’art éclaire la mémoire des territoires ruraux
Le musée départemental des Peintres de Barbizon, le Musée départemental de la Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin et le musée départemental Stéphane-Mallarmé à Vulaines-sur-Seine (Seine-et-Marne) présentent huit œuvres majeures autour des liens entre art et bouleversements climatiques. Ces expositions offrent un regard croisé sur la représentation artistique des mutations environnementales. Elles tissent un récit poétique et engagé du territoire francilien, invitant le public à redécouvrir notre relation au vivant à travers le prisme de chefs-d'œuvre intemporels.
Dans le cadre du plan culture et ruralité et particulièrement de sa mesure visant à moderniser et renforcer l’attractivité des musées ruraux (Axe 1 : valoriser la culture et les initiatives locales qui font la fierté de nos territoires), le musée départemental des peintres de Barbizon, le Musée départemental de la Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin et le musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine dotés de l’appellation "musée de France" ont bénéficié d’un soutien du ministère de la Culture. L’accueil de chefs-d’œuvre du Musée d’Orsay en son sein a en effet nécessité la réalisation de travaux de modernisation : réalisation de divers aménagements sur des protections physiques et mécanique (notamment pour l’accrochage), protections électroniques (levées de doute, télésurveillance et caméras) et autres installations (diffuseur opacifiant), ainsi que la réalisation de travaux de renforcement de sûreté et de mise en sécurité des œuvres. Ces travaux ont permis de répondre aux attentes du musée d’Orsay et, par là même, de mettre au bon niveau de conformité les installations du musée des peintres de Barbizon. Ils bénéficient d’un financement à hauteur de 50 % par la DRAC Île-de-France. (Une subvention à hauteur de 50% du coût d’opération a été retenue au bénéficie du Conseil départemental de la Seine-et-Marne, soit 30 K€ en investissement pour un total de 60 K€ (en cours d‘instruction).
À Barbizon, l’exposition "Paysages & paysans" retrace l’émergence d’un regard écologique à travers la peinture de plein air. Les œuvres de Charles-François Daubigny, Théodore Rousseau ou Eugène Lavieille dialoguent avec des photographies anciennes et des créations contemporaines, posant la forêt de Fontainebleau comme un espace artistique et écologique en mutation. Le paysage y devient sujet de mémoire, d’engagement et de transmission.
À Saint-Cyr-sur-Morin, "Charbon forever ?" propose une plongée dans l’histoire énergétique du territoire. À partir d’un tableau de Claude Monet et d’objets issus des collections locales, l’exposition questionne les usages du charbon, leur impact sur l’économie et les paysages, et interroge les traces laissées par cette énergie dans notre imaginaire collectif. Une lecture critique du passé industriel à la lumière des défis climatiques.
À Vulaines-sur-Seine, "Entre fleuve et fleurs" offre une approche intime de la nature, inspirée par les souvenirs de Stéphane Mallarmé. Œuvres de Georges Seurat, Berthe Morisot ou Odilon Redon, photographies contemporaines et archives personnelles composent un récit sensible, où le fleuve, le jardin et la poésie dessinent une écologie du quotidien, discrète mais essentielle.
Ces trois propositions, en lien étroit avec leur territoire, illustrent la vitalité muséale en milieu rural. Elles montrent que l’art, même loin des grandes institutions urbaines, peut nourrir une réflexion profonde sur les enjeux contemporains. En Seine-et-Marne, la culture se pense à hauteur de paysage, au croisement du local et de l’universel. Ces musées incarnent la vitalité culturelle des territoires ruraux franciliens, capables de dialoguer avec les grandes institutions nationales tout en affirmant leur ancrage local.
Le MuMo – musée mobile en Île-de-France
La circulation des œuvres constitue par ailleurs un axe fort de la politique ministérielle. Le MuMo – musée mobile – en est une illustration concrète. En partenariat avec le Centre Pompidou, il a parcouru plusieurs communes rurales d’Île-de-France avec l’exposition « En voyage », favorisant l’accès direct à des œuvres d’art contemporain. Ce musée itinérant organise à chaque étape des visites, ateliers, temps forts et médiations à destination des scolaires, des associations, et du public éloigné de l’offre culturelle.
Une dynamique inscrite dans une continuité
Dès l’été 2023, le MuMo avait mené en Île-de-France une première série d’actions dans le cadre de l’Olympiade Culturelle, avec un programme intitulé "L’Été francilien aux couleurs de l’Olympiade". De février à octobre 2024, trois expositions mobiles ont circulé dans l’ensemble des huit départements franciliens, en lien avec les Centres de préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Plus de 16 000 visiteurs ont été accueillis dans le cadre de cette itinérance, soutenue par la DRAC et intégrée aux priorités régionales.
Quatre musées franciliens distingués par le label "Exposition d’intérêt national"
Autre levier important de valorisation muséale, le label "Exposition d’intérêt national", attribué par le ministère de la Culture, qui distingue chaque année des expositions remarquables organisées dans les musées de France.
En 2025, quatre musées franciliens ont reçu ce label.
À Nemours, dans le cadre des célébrations nationales marquant les 150 ans de la reconnaissance de l’âge du Bronze en France, le musée de Préhistoire d’Île-de-France présente "Pouvoir et métal : l’âge du Bronze en Île-de-France", une exposition temporaire inédite . À travers cette exposition, le musée poursuit sa mission de transmission et de valorisation des patrimoines archéologiques, en offrant au public une immersion dans les savoirs et les influences de cette période charnière, 2300-800 avant notre ère (du 5 avril au 30 décembre).
À Meaux, le musée Bossuet célèbre l’engagement remarquable d’une figure emblématique du patrimoine avec "De pierre et de papier : l’œuvre de la marquise de Maillé au service du patrimoine", un hommage à sa passion et à sa détermination. L’exposition "De pierre et de papier" retrace ce destin singulier, celui d’une femme de réseau et de terrain, qui fit de ses compétences d’historienne et de son engagement personnel des armes précieuses au service du patrimoine (17 mai 2025 au 5 janvier 2026).
Le musée d’Art et d’Histoire de Meudon s’associe au musée Sainte-Croix de Poitiers pour mettre en lumière une artiste audacieuse à travers "Sarah Lipska, sculptrice, peintre, styliste". Cette rétrospective exceptionnelle met en lumière le parcours singulier et l’œuvre foisonnante de cette créatrice audacieuse et méconnue, Pionnière de la mode et de la création et figure cosmopolite de la scène artistique parisienne du XXe siècle (19 septembre 2025 au 5 janvier 2026).
Enfin, le musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye met à l’honneur l’univers de H.G. Ibels, figure majeure de la scène artistique du tournant du XXe siècle. Membre fondateur du groupe des Nabis, proche de Toulouse-Lautrec, Henri-Gabriel Ibels s’est illustré par ses lithographies audacieuses, ses affiches inventives et son regard sensible porté sur le spectacle vivant, le cirque et les scènes populaires. Cet hommage artistique met en lumière une figure engagée, virtuose du dessin et chroniqueur de la vie moderne (25 novembre 2025 au 1er mars 2026).
À travers l’ensemble de ces initiatives, l’Île-de-France affirme sa place dans le déploiement du plan culture et ruralité. La DRAC, en lien avec les collectivités territoriales et les musées, permet à ces établissements de renforcer leur ancrage et leur attractivité. Loin d’être en retrait, les musées en zone rurale se révèlent être des lieux de lien, de création et d’engagement, pleinement reconnus dans les priorités de l’action culturelle de l’État.
Lancement de l’application Musées de France – Itinéraires en territoire rural
Le plan comporte également un volet numérique avec le lancement de l’application Musées de France – Itinéraires en territoire rural, développée en partenariat avec le GrandPalaisRmn. Mise en ligne le 17 mai dernier à l’occasion de la Nuit européenne des musées, cette plateforme recense déjà 160 établissements sélectionnés à travers le pays. Elle permet de valoriser l’offre muséale en dehors des grands centres, d’encourager la découverte de ces lieux souvent méconnus, et de renforcer leur visibilité auprès des publics. Une édition imprimée paraîtra à l’automne, sous la direction de Camille Vieville, avec une préface de Thomas Schlesser.
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