L’Esplanade de la Porte de France
Située à l’entrée de Grenoble, au nord de la Porte de France, l’Esplanade est installée sur un espace progressivement gagné sur les eaux qui serpentent dans sa plaine, l’Isère et le Drac. Espace marécageux jusqu’au début du XVIIe siècle, cette portion des berges de l’Isère fut longtemps exploitée pour son sable et son bois, puis progressivement occupée : jeu de mail au milieu du XVIIe siècle, l’espace a été tour à tour utilisé comme lieu de promenade, d’exercice et de cantonnement militaire, de fête républicaine, de jeu de boules, ou plus récemment de fête foraine. La fouille permet d’entrevoir, au travers de l’alternance des alluvions et des remblais, l’assèchement progressif et les usages prudents d’un terrain régulièrement inondé jusqu’au début du XIXe siècle.
Identification d’un gibet
Parmi les vestiges mis au jour lors de la fouille figurait, en limite d’emprise, un édifice quadrangulaire maçonné. À l’intérieur et au-delà de son mur septentrional, dix inhumations en fosse ont été fouillées et certaines datées du XVIe siècle. Certaines ne contenaient qu’un seul individu, mais la majorité rassemblait 2 à 8 individus pour un total minimum de 32 individus. Ces hommes, et quelques femmes, étaient le plus souvent installés en contact direct, tête-bêche, sur le dos ou sur le ventre, sans orientation dominante.
L’enfouissement infamant des condamnés
Plusieurs des condamnés sont déjà connus grâce aux archives judiciaires. La peine de mort étant exceptionnelle dans la justice criminelle, ceux qui ont été exposés étaient essentiellement des rebelles à l’autorité du roi – notamment des protestants comme Benoît Croyet, accusé en 1573 d’avoir participé à une attaque contre Grenoble, ou encore Charles Du Puy Montbrun qui fut le chef des huguenots du Dauphiné jusqu’à sa décapitation et son exhibition à ce gibet en 1575.
Maître d’ouvrage : Ville de Grenoble
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : INRAP
Responsable scientifique : Nicolas Minvielle-Larousse, INRAP
Responsable archéo-anthropologue : Anne-Gaëlle Corbara, INRAP
Recherche et transcription des archives comptables et judiciaires : Éric Syssau, Archives départementales de l’Isère (CD 38)
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