Menée par Pierre Pénicaud, conservateur général et inspecteur des patrimoines du collège musées-patrimoine scientifique, technique et naturel, elle s’est conclue par la remise d’un rapport écrit en novembre dernier : "Etat des lieux et structuration d’un réseau des collections d’histoire naturelle dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ». Tout en dressant un état des lieux approfondi des trente-et-un établissements qui conservent des collections d’histoire naturelle, ce rapport explore des pistes d’actions afin d’en améliorer la gestion, comme en témoigne le titre : « structuration d’un réseau des collections naturalistes à l’échelle régionale ».
Méthodologie
Dans la première partie, Pierre Pénicaud pose les bases de la méthodologie qui pourrait être déclinée pour d’autres typologies de collections, comme l’archéologie, les beaux-arts, l’ethnographie extra-européenne par exemple, ou pour d’autres régions.
Le Musée-Muséum Départemental des Hautes-Alpes, situé à Gap, est le seul musée bénéficiant de l’appellation « Musée de France » des Hautes-Alpes (05). Riche de collections hétéroclites (peintures, sculptures, céramiques, objets ethnographiques et archéologiques), il possède plus de cent mille spécimens d’histoire naturelle.
Les collections d'histoire naturelle en Provence-Alpes-Côte d'Azur
Importance numérique des collections d’histoire naturelle conservées dans la Région.
Ce sont près de quatre millions de spécimens d’histoire naturelle qui sont conservés en PACA, principalement dans les cinq Muséums que compte la région ainsi que dans l’Université d’Aix-Marseille.
Identification de deux catégories d’établissements.
Ceux dont le Projet Scientifique et Culturel repose quasi exclusivement sur les sciences naturelles à l’instar des cinq Muséums d’Histoire Naturelle et ceux aux collections plurielles non centrées sur l’histoire naturelle et pour lesquels peut se poser la question de l’intégration de ce domaine dans le musée.
Diversité des typologies de collections d’histoire naturelle.
Les plus connues sont la zoologie (dont les vertébrés, l’entomologie et la malacologie), la botanique, la paléontologie et la géologie (minéralogie, pétrologie) mais on y retrouve également des documents (archives, manuscrits, photographies, estampes, etc.) ainsi que des collections d’autres sciences proches telles que l’anthropologie biologique et culturelle ou la préhistoire.
Diversité des statuts des collections.
Une grande partie des collections d’histoire naturelle sont vouées à la recherche scientifique ; c’est la raison pour laquelle certains objets sont considérés comme matériel d’étude. Se pose alors la question du tri à opérer entre matériel d’étude, matériel pédagogique, documentation et collection « Musée de France ».
Des pistes d'actions plurielles
Plusieurs pistes d’actions sont esquissées en fonction des différentes questions soulevées dans la synthèse :
La propriété des collections et les différents statuts possibles.
Plus que les autres musées, les muséums sont confrontés à des collections numériquement colossales (1 200 000 spécimens estimés pour le Muséum Requien à Avignon), accumulées au fil des décennies sans opération de tri et parfois avec une documentation très lacunaire. Dans une logique d’amélioration de la gestion et de la connaissance des collections, la définition du statut est un préalable indispensable.
Dès lors, l’étude des collections s’avère plus que nécessaire; cela requiert la mobilisation des équipes scientifique et donc du temps mais également des connaissances pointues dans des domaines ciblés et divers. Pour se faire, les établissements qui ne peuvent disposer en interne de toutes les ressources peuvent remédier à ces lacunes en établissant des partenariats scientifiques ou en faisant appel à l’expertise de prestataires extérieurs spécialisés.
L'avenir des collections orphelines
Pierre Pénicaud désigne par « collections orphelines » les collections d’histoire naturelle que certains établissements ne peuvent traiter faute d’intégration de celles-ci dans leur projet scientifique et culturel et/ou d’un manque de compétence.
Le devenir de ces collections suppose de se questionner sur leur statut et sur leur valorisation au sein d’autres institutions muséales. Deux solutions s’offrent alors : soit le dépôt qui est une contractualisation classique encadré par une convention dont la durée est à déterminer soit le transfert de propriété vers des établissements possédant les compétences nécessaires à leur gestion et leur évaluation.
Vers une nouvelle gouvernance ?
La troisième question concerne la structuration d’un réseau des collections naturalistes en PACA. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a des caractéristiques qui amènent des solutions spécifiques, en particulier en raison d’un réseau déjà existant de muséums d’histoire naturelle particulièrement bien répartis sur le territoire.
La structuration de ce réseau peut s’imaginer à différents niveaux (national, régional, etc.) et dans des configurations organisationnelles plus ou moins intégrées, en fonction des décisions politiques locales.
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