Seul le prononcé fait foi
Madame la Ministre, chère Olivia Grégoire,
Monsieur le Député, cher Sylvain Maillard
Monsieur le Président du Conseil général des Hauts de Seine, cher Georges Siffredi,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Directeur général de la Création artistique, cher Christopher Miles,
Monsieur le Président des Manufactures nationales, cher Hervé Lemoine,
Monsieur le Président d'Ateliers d'Art de France, cher Stéphane Galerneau,
Chère India Mahdavi,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
En tant qu’élue, j’ai célébré un certain nombre de mariages, chacun empreinte d’une émotion particulière. Mais c’est la première fois que je le fais en tant que ministre : aujourd’hui, c’est avec une joie profonde que nous sommes réunis pour proclamer l’union de Sèvres et du Mobilier national.
Les Manufactures nationales sont désormais une réalité. Ce nouvel opérateur est unique au monde. Il agit comme un véritable démultiplicateur pour nos métiers d’art.
Il est d’abord le fruit d’une histoire longue et bien française : une histoire des relations entre l’État, les arts décoratifs et les métiers d’art. Mais c’est aussi le fruit d’une volonté forte, exprimée par le président de la République.
Je veux saluer toutes celles et ceux qui ont œuvré à sa réussite, et toutes les forces vives des métiers d’art et du design présentes aujourd’hui. Avec votre engagement et votre créativité, vous ne faites pas seulement vivre un patrimoine, ce qui est déjà infiniment précieux, mais vous façonnez notre avenir.
La stratégie des métiers d'art a permis une mobilisation collective pour soutenir et structurer la filière. Je sais tout l’engagement qui a été le vôtre, chère Olivia Grégoire. Je m'emploie à ce que cet élan soit poursuivi dans la durée, avec le ministère de l'Économie et les autres ministères compétents.
Avec la création des Manufactures nationales, le ministère a désormais son bras armé pour promouvoir les métiers d’art et les arts décoratifs. Et nous nous donnons des moyens à la hauteur de nos ambitions.
La réunion des deux établissements publics, qui a permis la naissance de ce nouvel opérateur, a été accompagnée d’une augmentation de la dotation versée par l’État, à hauteur de 4 millions d’euros en fonctionnement et d’un million d’euros en investissement. À ces 5 millions nouveaux s’ajoutent les crédits du plan métiers d’art qui ont été reconduits et qui représentent 1,2 million d’euro pour 2025. Le budget global du nouvel établissement public s’élève à 51 millions d’euros.
Mais le principal atout des Manufactures, ce sont les femmes et les hommes qui le font vivre. Le plafond d'emploi a été maintenu à l'identique et je tiens à saluer les plus de 650 personnes qui travaillent dans les Manufactures. Ce ne sont pas moins de 53 métiers d’art qui sont représentés !
Les Manufactures sont présentes dans 8 départements. Cet ancrage profond dans nos territoires est une dimension essentielle. C’est vrai d’abord par le rôle moteur des Manufactures dans un tissu local de Maîtres d’art, de TPE et de PME qui sont souvent des Entreprises du patrimoine vivant.
Mais c’est vrai aussi parce qu’elles sont une source de fierté et de reconnaissance pour les territoires. L’effet concret, c’est que ces territoires, souvent ruraux, font rayonner la France de Manhattan jusqu’à Shanghai.
Je me réjouis d’ailleurs du travail engagé entre le ministère de la culture et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour que nos ambassades soient de véritables vitrines pour la promotion de nos savoir-faire, de nos métiers et de nos talents.
Il suffit aujourd’hui de dire Aubusson, Beauvais, Sèvres, Alençon, Limoges, ou le Puy en Velay pour qu’immédiatement, l’excellence de la céramique, de la tapisserie ou de la dentelle nous viennent à l’esprit
Et je salue à nouveau les élus et les parlementaires qui sont aujourd’hui présents et qui savent bien ce que la culture peut apporter sur leur territoire.
Et pour aller encore plus loin, les Manufactures nationales déploient une nouvelle politique de commande publique. Elle permettra de soutenir des projets ambitieux à l’exemple de la table du Conseil des ministres, réalisée par 11 petites entreprises en Occitanie, Hauts de France et dans la région Auvergne Rhône-Alpes. À l’exemple encore de ce que les Gobelins ont fait en confiant aux Ateliers privés d’Aubusson la réalisation de 12 tapisseries pour la couronne du Danemark ou pour Notre-Dame de Paris.
****
Il faut aider les filières, et c’est pour cela que j’ai souhaité la création du Laboratoire des pratiques durables, soutenu par la fondation Bettencourt Schuller. Quand on pense innovation, on pense, bien sûr, à l’intelligence artificielle. On pense moins à la manière de repenser l’approvisionnement en matières premières et c’est pourtant essentiel. J’ai donc souhaité que le Laboratoire s’y penche avec attention !
Aujourd'hui, la majorité de la laine utilisée en France provient en effet de l'étranger, tandis que la laine française est souvent considérée comme un déchet sans valeur. Cette situation reflète un abandon des filières locales et une perte de savoir-faire liés à l'exploitation de la laine. C’est pourquoi j’ai demandé aux Manufactures nationales de jouer un rôle moteur pour permettre de reconstruire toute une filière française de la laine.
****
J’ai également souhaité que les Manufactures, avec leurs ateliers et leurs musées, s’ouvrent toujours davantage sur le public, avec un effort sur l’éducation culturelle et artistique et la médiation. En 2024, les ateliers « Petit Mob » ont touchés plus de 6000 enfants et de nouveaux programmes vont se mettre en place.
Je souhaite que le nouvel établissement amplifie cette politique et invente de nouvelles expériences : Je pense notamment à « Je tisse Picasso », lancé en février prochain à Aubusson, qui est l’illustration parfaite de l’articulation entre tradition et création contemporaine. Il permettra, dès la première année, de toucher 1500 jeunes dans 6 territoires ruraux. Un grand merci à Diana Picasso, présente ce matin, pour son soutien.
Bien entendu, le musée Adrien Dubouché de Limoges et le musée de la Céramique de Sèvres seront des acteurs essentiels de cette politique de transmission. J’ai souhaité que soient enfin engagés les travaux de rénovation du musée de la Céramique de Sèvres. Il vient de fêter ses deux cents ans et doit redevenir un lieu d’expérience et d’inspiration.
***
Mon combat, vous le savez, c'est l'accès à la culture, mais aussi l'accès aux métiers de la culture. Nous avons un enjeu de taille : sauvegarder les savoir-faire remarquables, menacés de disparition.
Des études sont en cours pour recenser, sur tous les territoires, les métiers orphelins de formation. Le Centre de formation des Apprentis pour ces métiers dits « orphelins » sera inauguré dès la rentrée 2025 et développera progressivement son action. La formation par l’apprentissage, c’est une solution qui permet de donner accès à des métiers de passion, qui sont des métiers d’excellence et pas des seconds choix, comme parfois on les présente. Et donner de l’air aux métiers de la culture, c’est se donner aussi les moyens d’une culture plus diverse, plus riche, plus créative.
***
L’année 2025 sera également marquée par un anniversaire important, avec le centenaire du salon des Arts décoratifs. Cet événement majeur a permis de consacrer le style Art Déco à travers le monde, un style qui, aujourd’hui encore, célèbre magnifiquement le savoir-faire français. Les Manufactures nationales s’associent à cet anniversaire avec plusieurs initiatives, notamment le programme "Nouveaux ensembliers".
Parce qu’au fond, Mesdames et Messieurs, avec nos métiers d’arts et nos arts décoratifs français, c’est toujours la même histoire. Une histoire de patrimoine, une histoire de transmission, une histoire de gestes et de savoir-faire, mais aussi une histoire de création et d’innovation. Cela fait des siècles que cela dure et que la France brille grâce à ses artisans.
En unissant les forces de Sèvres et du Mobilier national, nous renforçons un modèle d’excellence unique, qui incarne tout un art de vivre à la française, une identité culturelle qui inspire et qui rayonne dans le monde entier.
Nous écrivons ensemble une nouvelle page dans cette histoire, qui n’a pas fini de nous éblouir.
Je vous remercie.