Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Préfet du Calvados, cher Stéphane BREDIN,
Monsieur le Maire de Bayeux, cher Patrick GOMONT,
Monsieur le Président de la Région Normandie, cher Hervé MORIN,
Monsieur le Président du Département du Calvados, cher Jean-Léonce DUPONT,
Monsieur le Directeur régional des affaires culturelles de Normandie, cher Jean-Michel KNOP,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Dans l’imaginaire des Français, la tapisserie de Bayeux occupe une place à part. Cette œuvre unique au monde incarne tout un pan de notre histoire : une histoire normande, une histoire française et une histoire européenne.
Nous sommes encore nombreux, je crois, à garder le souvenir émerveillé de nos livres d’histoire, qui ne manquaient pas de reproduire la tapisserie de Bayeux pour illustrer l’épopée de Guillaume de Conquérant.
Cette œuvre iconique est aussi un incroyable jalon dans l’histoire mondiale de l’art. Et par-delà les presque mille ans qui nous séparent de sa réalisation, elle continue d’éblouir celles et ceux qui ont la chance de la contempler. C’est toute la force des chefs-d’œuvre !
La Tapisserie est aussi fragile qu’exceptionnelle : premier objet mobilier classé au titre des monuments historiques dès 1840, elle a été inscrite par l’UNESCO sur le registre Mémoire du monde en 2007.
Et parce qu’elle est un chef-d’œuvre, un véritable trésor de l’humanité, la tapisserie de Bayeux mérite un écrin à sa hauteur.
C’est ce que nous construisons aujourd’hui, alors que le projet de rénovation et d’extension du musée, porté à la fois par la Ville, le Département, la Région et l’État, s’engage dans une étape décisive.
Après plus de 10 ans d’études et de préparatifs, les travaux vont enfin commencer et nous pouvons tous nous en réjouir. En parallèle, la première étape d’un vaste programme de conservation et de restauration de la Tapisserie a été lancée, sous la conduite de l’Etat qui est son propriétaire.
Ce programme exceptionnel est d’ailleurs l’occasion de développer des coopérations scientifiques et culturelles avec la Grande-Bretagne. Je veux remercier en particulier les représentants du British Museum, du Victoria and Albert Museum et de l’Université de Glasgow, qui sont membres du comité scientifique qui a validé la méthodologie.
Les premières interventions ont eu lieu ces derniers jours, sous le contrôle scientifique et technique de la DRAC et avec l’accompagnement de l’établissement public La Fabrique de patrimoines en Normandie. La Tapisserie va être mise en réserve jusqu’à son retour dans sa nouvelle salle, spécialement créée pour l’accueillir dans l’extension du musée, dont les travaux doivent démarrer en octobre. Rien que pour cette opération de mise en réserve, il faudra mobiliser pas moins de 50 personnes !
Depuis le premier jour, l’État est aux côtés de la Ville de Bayeux pour l’accompagner dans ce grand projet, particulièrement ambitieux.
Main dans la main, nous avons pu concevoir ensemble un espace qui permettra à la fois la restauration de la Tapisserie et sa présentation au public, grâce à une « table multifonctions », qui est un équipement unique au monde.
Je veux insister sur cette bonne entente entre le ministère de la Culture et la Ville de Bayeux. Non seulement parce qu’elle est absolument indispensable, mais surtout parce qu’elle nous permet d’être vraiment à la hauteur de ce trésor qu’est la Tapisserie.
Malgré le contexte budgétaire qui est le nôtre, j’ai défendu le maintien de ce projet parmi les priorités de l’État, en particulier avec une somme de 9,8 millions d’euros qui figure dans l’amendement « patrimoine » du projet de loi de finances 2025. L’Etat prendra par ailleurs en charge l’intégralité des coûts de restauration de la tapisserie, dont il est propriétaire. Ce seront plus de deux millions d’euros qui y seront consacrés. Avec un total de 13 millions d’euros de financements consacrés par le ministère de la Culture, cette extension du musée de la Tapisserie de Bayeux est le projet de musée situé dans les territoires le plus aidé de l’Etat.
Ce partenariat entre l’Etat et une collectivité, c’est pour moi le modèle à suivre dans ces temps difficiles pour nos finances publiques. Car le pire serait de sacrifier la culture. Ce serait une politique de courte vue, qui oublie que la culture est la pierre angulaire de l’attractivité de nos territoires – et je crois que dans une région aussi riche de son histoire que la Normandie, c’est évidence absolue.
La culture, c’est de l’emploi, c’est un cadre de vie de qualité, c’est un horizon pour nos jeunes et une respiration pour tous les âges de la vie. Et lorsque l’Etat trouve dans une collectivité un partenaire qui est prêt à s’engager, alors nous avançons ensemble. C’est exactement ce qui s’est passé ici, à Bayeux. Et c’est exactement le modèle que j’appelle à suivre partout en France avec les collectivités territoriales.
La restauration de la Tapisserie sera un véritable événement, une grande aventure. Et cette aventure, je veux qu’elle puisse être partagée. Cette extraordinaire restauration est un moment unique : je souhaite qu’elle puisse se faire face au public, avec les dispositifs de médiation adaptés. C’est un autre moyen de rencontrer le patrimoine, et une opportunité unique pour découvrir certains de ses métiers et vous savez combien je suis attachée à l’accès à ces métiers.
Et Monsieur le Maire, je crois que nous sommes désormais d’accord pour que cette restauration ne tarde pas après la réouverture du Musée et intervienne dès les mois qui suivent : c’est un moment très attendu. La réouverture de Notre-Dame a montré une nouvelle l’intérêt de tous pour la restauration du patrimoine. La restauration de la Tapisserie sera un moment exceptionnel.
La culture est un vecteur de cohésion, un lieu d’émerveillement. La Tapisserie nous émerveille depuis un millénaire : et grâce à notre engagement, elle continuera à nous fasciner pour le millénaire suivant.
Je vous remercie.