Photographe britannique connu dans le monde entier, Martin PARR faisait dialoguer, par ses photographies décalées et teintées d’ironie, la banalité du quotidien avec les grands enjeux du monde contemporain. Il s’est éteint ce 6 décembre à l’âge de 73 ans.
Né en 1952 au Royaume-Uni, Martin PARR avait été initié à la photographie par son grand-père, George PARR. De 1970 à 1973, il avait étudié à la Manchester Polytechnic où il s’était formé au documentaire social, d’abord en noir et blanc, qu’il avait utilisé pendant la décennie 1970. Déjà, il avait donné à voir ce regard espiègle qui ne le quitterait plus.
Au milieu des années 1980, son passage à la couleur, surtout dans sa série « The Last Resort » (1986), composée d’images prises au flash, en extérieur, de vacanciers à Brighton, avait marqué un tournant dans sa carrière.
Son attention au détail, l’utilisation de couleurs saturées et du flash avaient constitué autant d’outils au service de son approche ethnographique. Il avait dressé ainsi un portrait décalé, comique et satirique de notre quotidien et de la société contemporaine, brouillant les frontières entre le bon et le mauvais goût tout en abordant des sujets de fond — surconsommation et tourisme de masse notamment — au travers de séries telles que « Small World » (1995), « Think of England » (1999) ou encore « Life’s a Beach » (2013).
Martin PARR avait également été un collectionneur de génie, commissaire d’expositions, passionné de livres de photographie et grand connaisseur de la photographie mondiale. Il avait travaillé avec de nombreuses institutions françaises, dont les incontournables Rencontres de la photographie d’Arles, la Maison européenne de la photographie à Paris ou encore, entre tant d’autres, le Théâtre de la photographie et de l’Image à Nice.
Figure-clé du monde de la photographie, Martin PARR avait profondément transformé la photographie documentaire et, par son regard aiguisé, avait influencé notre perception du monde. Il avait aussi largement participé à la démocratisation de cet art et à sa diffusion, notamment grâce à la fondation qu’il avait créée en 2014.
J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux que ses photos ont émus et questionnés.
Rachida DATI
Ministre de la Culture