À la suite d’un accident tragique, Jean-Paul Capitani nous a quittés.
Entrepreneur culturel, amoureux de sa ville et convaincu que la culture a sa place partout dans l’espace public, il savait le pouvoir des arts et de l’éducation pour relier les êtres.
Ingénieur-agronome de formation, Jean-Paul Capitani est d’abord un passionné de nature et de Camargue pour qui l’idée de désert culturel est à la fois un non-sens et un crève-cœur. En rencontrant Françoise Nyssen qui devient son épouse, il transforme cette intuition en mission : celle de faire d’Arles un cœur battant de la culture en France.
Ensemble, ils fondent en 1982 le Passage du Méjan, ce lieu qui accueille les éditions Actes Sud, mais aussi bientôt cinéma, restaurant, débats et lectures… et reste quarante plus tard un poumon culturel où les arts se mêlent et s’offrent avec une générosité qui n'a d'égale que l'hospitalité de leur maison, toujours grande ouverte aux amis et artistes.
Quelques années plus tard, ils poursuivent ensemble cet élan en créant l’Association du Méjan. Grâce à elle, la culture vibre dans la chapelle Saint-Martin et il y en a pour tous les goûts, puisque le baroque le dispute au jazz et le théâtre aux arts visuels. Il faut dire que Jean-Paul Capitani n’a pas son pareil pour repérer les talents et les convaincre de venir jouer ou exposer à Arles. Depuis les années 1980, jeunes découvertes et artistes reconnus s’y produisent ainsi tout au long de l’année car, pour Françoise Nyssen et lui, pas question de refermer les portes de la culture une fois que l’été s’en est allé.
Ce pari d’une culture qui vit et se renouvelle s’incarne enfin dans le succès flamboyant des Editions Actes Sud, que Jean-Paul Capitani concourt à développer, depuis le début ou presque, aux côtés d’Hubert et de Françoise Nyssen. Dans cette maison si singulière, symbole d’ouverture aux littératures du monde et aux nouvelles voix qui l’animent, il a exercé tous les métiers jusqu’à en prendre la tête en 2017, un an après l’édition d’un cinquième prix Goncourt.
Ouvert aux quatre vents des arts, le parcours de Jean-Paul Capitani est celui d’un passionné qui n’a jamais cessé d’agir pour le vivant et de défendre l’épanouissement de la culture en lien avec la nature, loin de Paris, en ouvrant à Arles des espaces précieux d’éducation, de création et de partage.
J'adresse à son épouse Françoise, à leurs enfants, à leurs petits-enfants, à leurs proches et à tous leurs amis, mes plus sincères condoléances.