Anne-Marie Finkelstein, discrète grande dame de la presse écrite, nous a quittés.
Depuis son adolescence, Anne-Marie Finkelstein sait qu’elle veut être journaliste et rien ne la freinera dans sa détermination. Si elle ne peut faire d’études dans ce domaine, tant pis, elle prouvera sa valeur sur le terrain : direction Beyrouth, où elle fait ses premiers pas de journaliste à L’Orient le jour et à l’ORTF.
De retour en France, elle se passionne au milieu des années 1960 pour le marketing politique qui fait ses débuts à l’occasion d’une première campagne présidentielle diffusée à la télévision. Pendant une dizaine d’années, elle travaillera ainsi dans le marketing politique et le conseil à la presse. Au Touquet comme à Paris, ses intuitions font mouche. Anne-Marie Finkelstein trouve des slogans piquants, invente de nouveaux formats et ne renonce devant rien.
Cette assurance séduit Jacqueline Beytout, propriétaire des Echos, qui l’embauche dans les années 1970. Là, elle commencera par s’attaquer à un chantier qui en effraie plus d’un : l’informatisation. Très tôt, Anne-Marie Finkelstein sent qu’une révolution se prépare dans ce domaine et choisit – fidèle à son optimisme de combat – de la prendre à bras le corps. Une fois cette mission accomplie, elle gravira tous les échelons du journal jusqu’à la Direction Générale.
Comment susciter l’envie chez le lecteur, en conjuguant format attractif et information de qualité ? Toute sa carrière durant, Anne-Marie Finkelstein s’engagera pour apporter des réponses concrètes à cette question qui demeure plus que jamais actuelle.
Femme de plume et de poigne dans un monde largement dominé par les hommes, elle travaillera pour plus d’une dizaine de titres auxquels elle apporte astuce et audace. Aux Echos, elle lance le premier magazine de week-end lié à un quotidien pour accompagner le lecteur toute la semaine et coller à son rythme. Dans le magazine Historia, elle mobilise les spécialistes d’histoire et de géopolitique pour donner une profondeur historique à l’analyse de l’actualité du monde. Passionnée tant par le fond que par la forme du journal – du format retenu aux publicités choisies en passant par le grammage du papier – elle marque la profession par son souci de réunir journalistes, industriels et annonceurs autour de l’amour de l’objet journal.
Des Echos au Parisien en passant par L’Express, Usine nouvelle et tant d’autres, Anne-Marie Finkelstein a marqué l’histoire de la presse par son intuition, son efficacité et sa modernité. Nous conservons sans toujours le savoir l’héritage des idées nouvelles de cette patronne de presse pionnière qui nous invite à toujours croire en la curiosité du lecteur pour la presse.
J’adresse à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances.