Chère Véronique, Madame la Présidente,
Madame la Directrice générale,
Chers amis,
Nous sommes réunis ce matin rue de Valois pour signer un nouveau contrat d’objectifs et de moyens entre l’Etat et ARTE France, pour une période de cinq ans, entre 2017 et 2021. Une nouvelle feuille de route commune pour l’Etat et pour ARTE France, et un moment important avec à la fois les grandes ambitions d’ARTE qui sont décrites, et l’engagement de l’Etat à ses côtés, de plus en plus déterminé.
Nous en parlions à l’instant, nous vivons des moments difficiles, avec un repli sur soi au sein même de l’Europe et, pour les grandes puissances avec lesquelles nous travaillons, des tentations, des dérives ou du moins une insécurité et une interrogation qui remettent pleinement d’actualité le projet européen – même si beaucoup s’interrogent, et il faut l’entendre, sur les voies que prend la construction européenne.
Cette interrogation sur le projet européen et son importance est plus que jamais d’actualité. Et je crois que, dans ce contexte, le rôle qu’ARTE joue, tout comme celui qu’Erasmus joue – car on peut y voir un certain parallèle –, c’est cela, l’Europe que les Européens aiment, l’Europe qui touche les Européens, l’Europe qui fait exister ce projet au-delà des institutions, au-delà du marché unique que bien trop souvent, y compris nous dans nos vies professionnelles, nous voyons comme seul visage de l’Europe.
Aujourd’hui, plus que jamais, ARTE porte un projet humaniste, européen et, évidemment, culturel. ARTE offre des clés de compréhension de l’Europe et du monde. C’est dans ce contexte que de grandes ambitions sont décrites dans le document que nous allons signer. Ce sont nos engagements communs pour la période 2017-2021.
Je voudrais d’abord remercier Véronique Cayla, parce que sous sa direction la chaîne a encore conforté la qualité de ses programmes et poursuivi son développement numérique, tout en relevant le défi de s’adresser à un public plus large. Vous n’avez cédé sur aucune de ces ambitions. Vous les avez menées en même temps et vous avez réussi, très vite, à atteindre vos objectifs – plus peut-être que dans la période précédente. Je voudrais vous saluer pour cela, et saluer tous ceux qui sont avec vous et qui y contribuent. Je vois d’ailleurs beaucoup de figures amies, soit qui vous ont connue et suivie dans d’autres aventures professionnelles précédentes, soit qui ont participé depuis le début à ce beau projet d’ARTE. C’est aussi la permanence de cette équipe qui fait la spécificité de la chaîne.
Je voudrais aussi saluer les équipes de l’Etat, qui sont là, les équipes de la DGMIC (Direction générale des médias et des industries culturelles) et, plus généralement d’ailleurs, celles de Bercy – parce que vous discutez bien sûr avec Bercy dans ses diverses composantes – qui ont eu avec vous, je le sais, un dialogue toujours bienveillant et en même temps exigeant, constructif et éclairé. Je veux donc les remercier, puisque c’est aussi l’aboutissement de ce travail qui nous donne l’occasion de signer ce contrat d’objectifs et de moyens.
Le premier objectif est de permettre à ARTE de franchir un nouveau cap éditorial – vous y tenez beaucoup - en proposant plus de programmes inédits et plus de créations originales.
C’est cet investissement dans la création et dans les programmes qui fait la force d’ARTE, que ce soit pour la création française ou pour la création européenne, et dans tous les genres : le documentaire, avec des formes pionnières (je pense à celui sur « les aventuriers de l’art moderne », que j’avais beaucoup apprécié), la fiction – en nous faisant découvrir des fictions européennes, mais aussi en lançant de nouveaux genres, y compris dans la fiction française (je pense au « P’tit Quinquin »), tous ces programmes qui n’auraient pu exister nulle part ailleurs – et puis, bien sûr, le cinéma.
ARTE a toujours été le grand partenaire du cinéma européen dans sa diversité. Nous verrons ce que nous réservent les Césars de cette année, mais je repense à « Mustang », par exemple, qui était aussi une très belle réussite.
Les moyens que vous investirez dans la création vous permettront aussi de passer ce cap et de renforcer les programmes de journée, puisque l’historique de la chaîne – le partage avec France 5 – fait qu’il restait cette journée qu’il fallait plus et mieux investir pour permettre de faire grandir encore ARTE/
Il est aussi prévu qu’ARTE poursuive sa stratégie de distribution sur tous les supports, par tous les modes, pour disséminer ainsi la création de façon moderne, pour tout le monde, à tout moment, dans le temps.
Le deuxième objectif de ce contrat, c’est la vocation européenne de la chaîne et le renforcement de sa capacité à déployer son offre dans toute l’Union. C’est un enjeu auquel vous accordez une grande importance. A cause de cet enjeu de la construction européenne, l’enjeu politique majeur qui est le nôtre et qui est aussi celui du demain immédiat – c’est la question qui se pose et qui se posera aussi pour les grands rendez-vous démocratiques de cette année –, vous voulez, et nous vous accompagnons en cela, déployer Arte partout en Europe, avec de nouvelles langues – grâce au soutien de l’Union européenne, le sous-titrage, la diffusion numérique, mais aussi les coproductions avec les chaînes partenaires comme la RTBF ou la télévision suisse romande.
L’autre ambition que je veux citer, et qui est très forte dans ce contrat, c’est l’esprit de responsabilité qui est intrinsèque à l’identité de la chaîne. Une responsabilité qui est sociale, civique, qui est environnementale et que vous regroupez, que nous regroupons sous la formule « ARTE s’engage ».
C’est la responsabilité par rapport au public : la création, je pense aussi à la qualité de l’information et à la réactivité de la chaîne à travers ses magazines, angle que vous avez aussi développé – un angle qui me paraît, là aussi, jouer un rôle civique majeur au moment où l’Oxford Dictionary a retenu comme mot de l’année le concept de « post-vérité », avec l’émotion qui prendrait le pas sur la raison.
Voilà, là aussi, le rôle d’ARTE en matière d’information et de magazines de décryptage de l’information. C’est un rôle majeur, surtout pour les sujets que vous traitez et avec l’angle européen que vous retenez à chaque fois.
Je voudrais aussi en profiter pour rendre hommage à Jean-Christophe Victor, disparu à la fin de l’année 2016, et qui incarnait parfaitement cet esprit d’ARTE, qui est à la fois l’intelligence et l’érudition mises à la disposition du plus grand nombre. Il a réussi à intéresser des millions de personnes à des sujets complexes.
C’est aussi l’exemplarité dans le fonctionnement de l’entreprise, envers les collaborateurs qui sont les forces vives, mais aussi envers tous les partenaires – je pense bien sûr à ceux qui vous en sont d’ailleurs tout à fait reconnaissants, qui sont les créateurs, les producteurs, tous les partenaires sans qui Arte n’existerait pas et qui aiment à travailler avec vous.
Responsables, vous l’êtes aussi dans votre gestion, pour mettre vos moyens au service des programmes. C’est un enjeu majeur. En 2017, tous les moyens supplémentaires seront d’ailleurs intégralement investis dans les programmes. Je sais que c’est au prix d’une gestion rigoureuse et exigeante. Je sais gré aux équipes de le faire.
Le Gouvernement s’engage de façon plus déterminée que jamais aux côtés d’ARTE, dans ce contrat d’objectifs et de moyens, avec un niveau de ressources publiques qui augmentera de plus de 3,8 % cette année et qui suivra un chemin de croissance de 2 % pour les années suivantes, pour vous permettre de presque atteindre le cap des 300 millions d’euros de dotations publiques, ce qui marque un engagement de l’Etat qui n’avait jamais été à ce niveau pour accompagner une ambition qui, déjà, se déploie et réussit – ce qui montre qu’il faut simplement l’accompagner et la pousser en ce sens. Nous vous accompagnons ainsi dans votre stratégie : cap éditorial renouvelé, déploiement européen, présence sur tous les supports, diversité et gestion rigoureuse.
C’est sous le signe de la confiance entre l’Etat et les équipes d’ARTE, et je dirais aussi entre les personnes – parce que les personnes comptent, et ARTE est avant tout un certain nombre de personnes dont beaucoup sont ici : c’est vous, Véronique, c’est vous chère Anne, et c’est aussi cette confiance de l’Etat qui se matérialise à travers ce contrat d’objectifs et de moyens.
Merci.