Que recherche l'artiste quand il représente sa figure de dos ? Le spectateur change de point de vue. Quant au modèle, semblant n'y être pour personne, il gagne paradoxalement en présence. Découvrez ces représentations saisissantes à travers les collections des musées de France en ligne sur Joconde, leur catalogue collectif.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2012 par Carine Prunet du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Mais alors que recherche l'artiste quand il portraiture sa figure de dos, dissimulant de fait sa face ou son profil perdu à celui qui le représente comme à ceux qui le regardent ? Le spectateur n'est plus pris à témoin de la même manière ; son regard sur la scène est forcément autre, contemplant la figure à son insu.
Semblant n'y être pour personne, le modèle gagne paradoxalement en présence, particulièrement lorsque sujet unique du tableau, il prend une stature à la monumentalité saisissante qui emplit le cadre.
L'artiste prend alors plaisir à "camper" son modèle grâce aux morceaux de bravoure d'imposants drapés ou de robes spectaculaires aux étoffes déployées.
Couture Thomas (1815-1879), Dame d'honneur agenouillée [Stéphanie de Bade], huile sur toile, 1856 - 1861, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie / Photo : musées de Senlis
Couture Thomas (1815-1879), Dame d'honneur agenouillée [Stéphanie de Bade], huile sur toile, 1856 - 1861, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie / Photo : musées de Senlis
Jean-Haffen Yvonne (1895-1993), Trois femmes en costume (étude de costume) [titre attribué], aquarelle, papier, couleur, entre 1930 et 1940, Dinan, maison d'artiste de la Grande Vigne / Photo : Claudine Pigot
Jean-Haffen Yvonne (1895-1993), Trois femmes en costume (étude de costume) [titre attribué], aquarelle, papier, couleur, entre 1930 et 1940, Dinan, maison d'artiste de la Grande Vigne / Photo : Claudine Pigot
Bien souvent, cet angle de vue capte l'intimité de la femme à sa toilette, la révèle nue, assise, allongée ou debout, épiée par le spectateur à son insu ou non.
Le jeu des points de vue est exacerbé par la présence d'un miroir ou d'une nappe d'eau comme chez Henner.
Tournes Etienne, La Houppe, huile sur toile, 4e quart 19e siècle, 1ère moitié 20e siècle, Bordeaux, musée des Beaux-Arts / Photo Lysiane Gauthier
Tournes Etienne, La Houppe, huile sur toile, 4e quart 19e siècle, 1ère moitié 20e siècle, Bordeaux, musée des Beaux-Arts / Photo Lysiane Gauthier
Paradoxale en sculpture, dont le propre est bien que l'on tourne autour, la représentation de dos peut être totalement délibérée.
Rodin Auguste (1840-1917), ESCOULA Jean (praticien), Danaïde ; La Source (autre titre), ronde bosse, taille avec mise aux points, marbre, entre 1889 et 1890, Paris, musée Rodin / Photo musée Rodin, Hervé Lewandowski
Rodin Auguste (1840-1917), ESCOULA Jean (praticien), Danaïde ; La Source (autre titre), ronde bosse, taille avec mise aux points, marbre, entre 1889 et 1890, Paris, musée Rodin / Photo musée Rodin, Hervé Lewandowski
Image d'un Orient alangui, l'Odalisque, dans le sillage d'Ingres qui lui ajouta quelques vertèbres, connut une certaine fortune.
La juxtaposition enlacée des trois Grâces de profil, de face et de dos, composition inlassablement reprise depuis la période hellénistique, exalte la plénitude de la vie en rendant indissociables Allégresse, Abondance et Splendeur.
Anonyme italien, Les trois Grâces, 17e siècle, Paris, musée du Louvre département des Arts graphiques / Photo RMN-GP
Anonyme italien, Les trois Grâces, 17e siècle, Paris, musée du Louvre département des Arts graphiques / Photo RMN-GP