Rachida Dati, ministre de la Culture, se réjouit de la restitution, le 13 juin 2025, à la fille d’August Liebmann Mayer d’un livre retrouvé dans les collections de la Bibliothèque nationale de France et salue l’action conjointe de cette dernière, des services du ministère de la Culture et de la Commission pour la restitution des biens et l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites qui ont œuvré, en lien avec le Holocaust Claims Processing Office de l’État de New York, représentant de la propriétaire légitime.
Le livre, Vittore Carpaccio : la vie et l’œuvre du peintre, de Gustav Ludwig et Pompeo Molmenti, traduit par H. L. de Perera, Paris, Hachette, 1910, a été spolié à August Liebmann Mayer. L'ouvrage, saisi en mai 1945 par la 2e Division blindée Leclerc dans la résidence secondaire d’Hermann Göring à Berchtesgaden, avait été donné par la 2e DB à la Bibliothèque nationale en septembre de la même année. Il avait alors, avec quelques dizaines d’autres livres, intégré les collections de la Bibliothèque.
Les recherches récentes menées par la Bibliothèque nationale de France ont permis de découvrir cet ouvrage dans lequel figurait, à côté du cachet de la 2e DB, l’ex-libris d’August Liebmann Mayer. Ce dernier, né en 1885, historien de l’art allemand, juif, conservateur en chef de l’Alte Pinakothek et professeur à l’université de Munich, avait dû fuir son pays en 1936 et s’était installé à Paris, avec son épouse Aloisia Däuschinger et sa fille Angelika, née en 1930. D’abord interné par les autorités françaises en 1939 en tant que ressortissant d’un pays ennemi, August Liebmann Mayer est ensuite soumis aux persécutions antisémites allemandes et françaises. Son épouse décède à Paris en 1941. Dénoncé, il est arrêté par la Gestapo, en février 1944, à Nice ; interné à Drancy, il est déporté à Auschwitz où il est assassiné le 12 mars 1944. Sa fille Angelika demeure à Nice jusqu’à la fin de la guerre.
Quant à l’appartement parisien des Mayer, il est vidé par le service de pillage nazi Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg en 1942, et la bibliothèque composée de quelques milliers d’ouvrages est saisie à cette occasion.
Cette restitution constitue la première application de la loi du 22 juillet 2023 relative à la restitution des biens culturels ayant fait l'objet de spoliations dans le contexte des persécutions antisémites perpétrées entre 1933 et 1945.
La loi a défini le cadre permettant la sortie des biens spoliés du domaine public de l’État et des collectivités territoriales par dérogation au principe d’inaliénabilité des collections publiques. Ainsi, saisie par la Bibliothèque nationale de France et par la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 du ministère de la Culture, la Commission pour la restitution des biens et l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites (CIVS), placée auprès du Premier ministre, a, dans un avis du 17 janvier 2025, constaté la spoliation et recommandé la restitution du livre à Mme Angelika Mayer. La sortie du livre du domaine public a ensuite été actée par un décret du Premier ministre du 27 mai 2025.
Cette restitution fait suite à celle d’un tableau de la catégorie des œuvres « Musées nationaux récupération », Portrait d’homme, d’après Giovanni Battista Moroni (MNR 801), restitué à la fille d’August Liebmann et Aloisia Mayer en 2015.
La découverte de cet ouvrage met en lumière la spoliation massive de livres pendant l’Occupation (au moins 5 millions d’ouvrages volés en France) et le travail important de recherche mis en œuvre depuis quelques années par une dizaine de bibliothèques relevant du ministère de la Culture, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, ou de collectivités territoriales, sous la coordination du ministère de la Culture (Service du livre et de la lecture et Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945). Ces bibliothèques s’attachent à identifier dans leurs fonds les ouvrages spoliés qui leur ont été attribués par la Commission de récupération artistique au début des année 1950, qu’elles ont achetés à l’administration des Domaines ou qu’elles ont reçus en don à la même époque. Cette nouvelle démarche de recherche conduira à de prochaines restitutions.
La ministre de la Culture adresse ses pensées les plus chaleureuses à Mme Angelika Mayer qui a vécu, adolescente, les tourments de la guerre et des persécutions antisémites, et qui retrouve aujourd’hui, au travers de cet ouvrage issu de la bibliothèque personnelle de son père, une part de la mémoire de ses parents disparus.
Rachida Dati, ministre de la Culture, déclare : « C’est une première application de la loi du 22 juillet 2023, qui va permettre d’autres restitutions, sur la base d’une recherche active des ouvrages spoliés figurant dans leurs fonds par les bibliothèques dont je salue l’engagement. Restituer les biens spoliés est un impératif pour contribuer à réparer les exactions antisémites passées. Je veux redire toute notre détermination, au Gouvernement, au ministère de la Culture, dans le monde de la culture, à lutter contre l’antisémitisme, contre les appels à la haine, contre les actes de violence. »
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