C’est un programme ambitieux qui a été confié au Centre national des arts plastiques (Cnap) : développer et renforcer la présence des artothèques dans les territoires ruraux. Ces lieux, qui ont connu un développement important dans les années 1980, permettent, à la manière des bibliothèques, à des particuliers et à des collectivités d’emprunter des œuvres d’art. « On a toujours tendance à envisager l’accès à l’art dans un seul sens : le public qui se déplace pour aller voir une œuvre, explique la ministre de la Culture Rachida Dati lors de son déplacement à l’artothèque de Caen le 31 janvier. Améliorer la mobilité est primordiale, favoriser l’itinérance l’est tout autant. L’artothèque permet d’inverser les choses, de faire en sorte que l’œuvre d’art aille directement là où les gens vivent et travaillent. »
Ce véritable outil de démocratisation artistique faisait l’objet d’une mesure inscrite dans le plan Culture et ruralité lancé l’année dernière par le ministère. Il se voit doté aujourd’hui d’un plan de 4 millions d’euros en trois points pour favoriser un accès direct aux œuvres d’art en se basant sur le lien de proximité tissé par les artothèques. « En donnant davantage de moyens aux artothèques, je veux leur permettre d’accomplir encore mieux leur mission : permettre à tous les Français, où qu’ils vivent, de profiter de la richesse de notre création contemporaine », poursuit Rachida Dati.
Un soutien à des projets de développement des artothèques
Première action : le lancement d’un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) afin de favoriser la présence des artothèques en milieu rural. Cet AMI s’adresse à tout acteur (collectivités territoriales, associations, bibliothèques, musées, centres d’art contemporain, MJC, etc.) qui souhaite développer ou renforcer une structure de ce type. « Il soutiendra une grande variété de projets : de la réalisation d’une structure modulable à des travaux d’aménagement d’espace pérenne, et de l’aménagement d’un dispositif itinérant au développement de fonds d’œuvres », détaille la ministre de la Culture.
Cet AMI accompagnera des projets conduits et réalisés en 2025 et 2026, à hauteur de 15 000 à 50 000 €. Les candidatures pourront être déposées du 30 mars au 30 juin avant l’annonce des projets retenus pendant l’été et leur réalisation dès la rentrée, pendant environ un an.
Développement des structures et enrichissement des collections
Outre ces projets en milieu rural, le ministère entend développer une structure modulable développée par un designer qui sera destinée à présenter les œuvres dans divers lieux de vie pas forcément consacrés à l’art comme les mairies, les bibliothèques ou les entreprises. Un pas de plus vers la rencontre des publics et pour faciliter l’acte d’emprunt dans les territoires ruraux. À la suite d’une consultation, le projet lauréat sera dévoilé au mois de mars.
Enfin, les collections des artothèques vont être enrichies grâce à une commande de 12 estampes originales intitulée Natures diverses. Elles seront réalisées par des artistes contemporains puis diffusées au sein des artothèques sur l’ensemble du territoire. Cette initiative est menée par le Cnap en partenariat avec l’Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques (ADRA). Les artistes pourront candidater dès le 3 mars et jusqu’au 21 mars. Les lauréats seront annoncés en juillet et les estampes réalisées en début d’année prochaine.
Un nouvel écrin pour la Tapisserie de Bayeux
Elle est aussi exceptionnelle que fragile. La célèbre Tapisserie de Bayeux, premier objet mobilier classé au titre des monuments historiques dès 1840, et inscrite par l’UNESCO sur le registre Mémoire du monde en 2007. Cette œuvre d’art, qui retrace l’épopée de Guillaume de Conquérant en 1066, mérite bien un écrin à la hauteur de sa rareté. Après plus de dix ans d’études et de préparatifs, le projet de rénovation et d’extension du musée de la Tapisserie de Bayeux, porté à la fois par la Ville, le Département, la Région et l’État, va débuter en octobre prochain. L’annonce a été faite vendredi 31 janvier par la ministre de la Culture Rachida Dati, lors d’un déplacement en Normandie. En parallèle, la première étape d’un vaste programme de conservation et de restauration de la Tapisserie a été lancée.
Le ministère de la Culture finance ce projet à hauteur de 9,8 millions d’euros et prend par ailleurs en charge l’intégralité des coûts de restauration de la tapisserie, soit plus de deux millions d’euros. Il accompagne enfin le musée dans la conception d’un espace qui permettra à la fois la restauration de la Tapisserie et sa présentation au public, grâce à une table multifonctions, équipement unique au monde. « Depuis le premier jour, l’État est aux côtés de la Ville de Bayeux pour l’accompagner dans ce grand projet, particulièrement ambitieux, a déclaré Rachida Dati. Ce partenariat entre l’Etat et une collectivité est pour moi le modèle à suivre. »
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