Après le Fipadoc à Biarritz en janvier et Séries Mania à Lille en mars, le Printemps de Bourges est le troisième festival partenaire du ministère de la Culture dans le cadre du nouveau dispositif « Les métiers de la Culture en festival ». Initié cette année, il permet de compléter l’offre déjà existante d’initiatives de découverte de la filière culturelle et de valoriser les métiers de la culture, souvent par des rencontres avec des professionnels.
Le festival berrichon s’est tenu en avril dernier dans toute la ville – par ailleurs future capitale européenne de la culture en 2028 – avec notamment une table ronde du ministère sur les métiers techniques dans la culture. Mais le Printemps de Bourges mène déjà depuis 2019 plusieurs actions d’éducation artistique et culturelle à destination du jeune public. Parmi elles, le Printemps iNOUïS des Collégiens qui permet à des classes de partir à la rencontre de professionnels de la filière de la musique et du spectacle vivant et de découvrir les coulisses de concerts.
De régisseur à plombier, une grande palette de métiers
Depuis six ans, le Printemps de Bourges Crédit Mutuel a lancé plusieurs actions d’éducation artistique et culturelle à destination du jeune public, dont le Printemps iNOUïS pour la tranche d’âge du collège. Pour la tranche d’âge du collège, le Printemps iNOUïS des Collégiens permet de découvrir les métiers de la culture. « On s'est aperçu en discutant avec les différents partenaires publics que l'aspect métier était quelque chose d'intéressant et en tout cas plébiscité au niveau des collégiens », se souvient Pauline Curel, directrice générale adjointe du festival.
Des plus connus technicien son et lumière aux plus inattendus comme cuisinier ou plombier, peintre, menuisier, chargé(e) du transport ou de l’hébergement mais aussi comptable ou agent de sécurité… la palette de métiers que l’on trouve dans un festival musical est très large. Mais ces événements peinent pourtant à trouver des candidats, notamment locaux. « Nous avons tous des problématiques de recrutement mais on le ressent sur le territoire de Bourges et de la région Centre-Val de Loire certainement plus que dans d’autres régions, souligne Pauline Curel. Il y a beaucoup d’idées reçues autour des métiers de la culture. Beaucoup de jeunes se disent que ce n’est pas pour eux. Mais un festival est une ville dans la ville et pour la faire fonctionner, on a besoin de tous les corps de métiers. »
Une découverte des métiers et des lieux culturels
Cette année, deux classes de quatrième des collèges Victor Hugo de Bourges et du collège de Nérondes, également dans le Cher, travaillent avec le Printemps à raison d’une session par mois. « On part du plus global, du bas de la pyramide, avec une présentation du festival. Puis, au fil des sessions on va les faire avancer, leur présenter certains métiers, poursuit Pauline Curel. Le but est vraiment de leur montrer ce qu'est un festival, comment on l'organise, avec qui, quels sont les métiers qui gravitent autour de l’événement mais aussi autour de l'artiste. Cela leur fait comprendre qu'artiste est un métier qui demande beaucoup de travail autant qu’une passion. » Cette année, les groupes de quatrièmes ont pu rencontrer – entre autres - un directeur technique et sécurité, une chargée de communication digitale ou encore un programmateur.
Petit à petit, le dispositif les embarque vers le métier de journaliste culturel, pour lequel ils suivent plusieurs ateliers avec des professionnels afin d’apprendre comment rédiger un article, faire une critique d’album et conduire un entretien. Objectif : « développer l'esprit critique des collégiens et leur faire travailler leur capacité à analyser et à argumenter », résume Pauline Curel. La théorie laisse ensuite place à la pratique puisque les élèves produisent des contenus avec les artistes de la sélection des iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel, le dispositif dédié à l’émergence musicale. Une manière également de confronter le groupe à des artistes d’univers très différents et d’ouvrir la curiosité des jeunes à d’autres musiques que celles qu’ils écoutent quotidiennement.
Le dispositif s’accompagne enfin de visites de lieux culturels, tout d'abord celles, hors Printemps, des salles pérennes à Bourges pendant lesquelles ils visitent les infrastructures, découvrent comment se déroule un concert ou le réglage d’une console son et lumière. Puis, pendant le festival, sur la base du volontariat, ils accèdent aux salles de concert, aux coulisses du festival et assistent à une balance d'artiste. « Cela permet, pour beaucoup de mettre pour la première fois un pied dans une salle de spectacle, ajoute Pauline Curel. On remarque par ailleurs que ce sont souvent les élèves qui ont le plus de mal à suivre en classe qui s’investissent le plus dans ces projets. Cela permet de leur donner confiance et de fédérer autour d’un projet commun dans une ambiance de groupe différente de celle au collège. »
En parallèle, le Printemps de Bourges Crédit Mutuel travaille avec d’autres partenaires comme la Région Centre-Val de Loire et la Chambre de commerce et d’industrie du Cher, à travers un cycle de rencontres autour des métiers pendant le festival, en accès libre. C’est la première année qu’un tel programme d’ateliers et tables rondes a été mis en place pendant l’événement.
Scénographe, un métier pour « habiller » les festivals
Cette nouvelle édition du Printemps de Bourges a également permis de mettre l’accent sur un métier essentiel mais méconnu des festivals : celui de la scénographie. Pour la quatrième année, Jeanne Massart conçoit les décors du site. Habillage des bars, restaurants, entrée, signalétique : tout est sorti tout droit de l’imaginaire de la scénographe. « Mon travail consiste à mettre en beauté ces endroits, d’amener une plus-value par des éléments visuels. Ce sont par exemple des constructions ou de l’habillage de tentes. J'adore mon métier car je ne fais jamais la même chose et je ne suis jamais au même endroit. »
Avec sa société Maloha, elle privilégie la conception de décors à partir de matériels recyclés et travaille sur toute la chaîne, de la réflexion à la production en passant par le transport, le montage et le démontage. Cette autodidacte, ancienne infirmière, a suivi différentes formations pour acquérir tout ce savoir-faire. « Je fais tous les plans techniques et derrière, je passe le relais aux personnes que j'embauche pour faire les constructions. Pendant l'exploitation, j'ai toujours une équipe qui est présente pour la maintenance. Cela implique de travailler avec divers corps de métier comme des menuisiers, des peintres ou des électriciens. »
Former les jeunes et les amener vers ces métiers des festivals, tel est le leitmotiv de la décoratrice. « Les rencontres déterminent notre existence et j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont fait confiance. J'ai envie de terminer ma carrière en disant que j'ai semé et transmis ma passion à des jeunes qui, une fois devenus des adultes, me remplacent. » Elle a ainsi accueilli, comme chaque année, des jeunes en stage de la mission locale de Bourges pour apprendre ce métier qui combine la technique au créatif. « Il est méconnu car quand on pense au milieu artistique, on pense avant tout à l’artiste. Or il existe tout autour un monde de techniciens. De l’extérieur, on se dit que ce n'est pas accessible, que c'est un autre monde, un milieu élitiste auquel on ne peut pas accéder si on ne naît pas dedans. Pourtant, on a besoin de menuisiers, de pompiers, d'électriciens qui sont des métiers techniques. » Jeanne Massart travaille également avec le lycée professionnel de Bourges pour la construction d'un décor. Une autre manière de transmettre, par la pratique, un savoir-faire.
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