Du 26 juillet au 8 septembre prochain, la France organise « ses » Jeux olympiques et paralympiques. Les troisièmes dans l’Hexagone (après 1900 et 1924), les premiers dans une ville francophone depuis Montréal en 1976. Une opportunité en or pour faire rayonner la langue de Molière à l’international !
Le français fait en effet partie, avec l’anglais, des deux langues officielles du Comité International Olympique (CIO). C’est inscrit dans l’article 23 de la charte olympique : « A toutes les Sessions, une interprétation simultanée doit être fournie en français et en anglais. » Autrement dit, les documents, les affiches, la signalétique dans les allées du village olympique, les annonces lors des épreuves doivent être bilingues (puis dans la langue du pays hôte).
C’est à un Français que l’on doit ce statut privilégié. Le baron Pierre de Coubertin (1863-1937), « père » fondateur de Jeux olympiques modernes. Educateur et pédagogue, il est frappé par l’importance du sport dans le système éducatif anglo-saxon. Lui-même sportif émérite (aviron, boxe, escrime), il milite pour que l’école française s’ouvre davantage à l’activité physique. Pour y parvenir, Pierre de Coubertin pense qu’il faut internationaliser le sport. Son idée ? Relancer les Jeux olympiques de l’Antiquité, nés à Olympie en Grèce en 776 avant Jésus-Christ, organisés tous les quatre ans pendant douze siècles avant d’être supprimés.
Faire rayonner le français
Pierre de Coubertin fonde en 1894 le Comité international olympique (CIO) lors d’un discours à la Sorbonne. La première édition de l’ère moderne a lieu deux ans plus tard en Grèce, puis en 1900 à Paris. On lui doit aussi la création du symbole des anneaux olympiques, la Charte et le protocole olympique, le serment des athlètes, ainsi que le cérémonial d'ouverture et de clôture des jeux. Il crée les JO d’hiver, en 1924 à Chamonix.
Ardent promoteur de la langue française, il fait logiquement du français l’une des deux langues officielles du mouvement olympique (l’anglais ne rejoignant le français qu’en 1972). Sans compter qu’il n’est pas le seul à s’être investi dans la création du CIO, aux côtés notamment de Jules Rimet, Louis Magnus, Frantz Reichel ou encore Albert Feyerik, tous francophones.
Mais si l’usage du français est censé être garanti, la réalité du terrain est plus contrastée. Son utilisation est très variable d’une édition olympique à l’autre. Depuis une trentaine d’années, le français reste même peu présent lors des Jeux accueillis à l’étranger.
Réaffirmer la place du français
Un constat qui a alarmé les défenseurs de la langue française et de la Francophonie. Ainsi, depuis 2004, et à chaque édition des Jeux, d’été comme d’hiver, un « grand témoin de la francophonie » est chargé de veiller au respect de la Charte olympique : la langue française est et doit toujours demeurer (avec l’anglais) la langue officielle des Jeux Olympiques.
En 2016, pour les Jeux de Rio au Brésil, le saxophoniste camerounais Manu Dibango, alors grand témoin de la francophonie, et la Canadienne Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), avaient souligné leur déception concernant « le traitement accordé à notre langue ».
Pour éviter qu’un tel scénario linguistique ne se reproduise cet été, l’OIF et le comité d’organisation des Jeux ont signé en juin dernier un accord qui « engage Paris 2024, entre autres, à utiliser la langue française sur les supports de communication, dans les annonces et commentaires durant toute la période des Jeux ainsi que lors des cérémonies officielles ».
Car ce serait un comble, un affront à l’esprit de Pierre de Coubertin, que la langue française soit maltraitée. Au contraire, les JO constituent un moment à saisir pour la remettre à sa juste place.
Les mots célèbres (mais empruntés) de Pierre de Coubertin
« L’important, c’est de participer » et la devise de JO « Plus vite, plus fort, plus haut » sont des phrases qui collent à l’image de Pierre de Coubertin. S’il les a bien prononcées, elles ne sont pas de lui.
Le 24 juillet 1908 à Londres, Coubertin prononce son discours sur les valeurs de l'idéal olympique, avec cette fameuse phrase : « L'important, c'est de participer ». Cette maxime lui a été inspirée par l'évêque de Pennsylvanie, Ethelbert Talbot, lors d'un sermon prononcé à la cathédrale Saint-Paul le 19 juillet 1908 pour les IVe JO de Londres. L'évêque avait déclaré : « L'important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part. »
Quant à la devise « Plus vite, plus fort, plus haut » (en latin Citius, Altius, Fortius), elle est en réalité l'œuvre, en 1891, du religieux dominicain Henri Didon. En 2021, elle a été enrichie pour devenir : « Plus vite, plus fort, plus haut – Ensemble » (Citius, Altius, Fortius – Communiter).
Partager la page