Féminiser la langue française
La parité est un défi que la langue française est en mesure de relever. Elle ne repose ni sur la transformation du lexique – les substantifs féminins ne manquent pas – ni sur la grammaire, mais essentiellement sur l’usage. Notre langue offre assez de ressources pour accorder aux femmes, à l’écrit comme à l’oral, autant de visibilité et d’égards qu’aux hommes.
La féminisation de la langue française est plus une question de pratique que de transformation. Notre langue dispose des mots féminins nécessaires et des règles pour forger aisément ceux qui manqueraient. Le guide Femme, j’écris ton nom… en a fait la preuve et la reconnaissance de nombreux usages dans le rapport La féminisation des noms de métiers et de fonctions, adopté le 28 février 2019 par l’Académie française, constitue un tournant décisif.
Si l’emploi de certaines appellations au féminin peut parfois sonner étrangement à nos oreilles parce nous n’avons pas l’habitude de les entendre ou que nous manquons d’exemple, une seule personnalité suffit souvent pour qu’un terme comme Première Ministre ou Chancelière s’impose.
La féminisation est l’affaire de tous et de toutes : elle repose sur un usage accru des appellations féminines et sur un certain nombre de principes rédactionnels tels que le recours aux mots épicènes – identiques au masculin et au féminin –, la formulation neutre – un nom collectif plutôt qu’un nom de personne – ou encore le doublement de mots – tous et toutes – afin de ne pas marquer de préférence.
Femme, j’écris ton nom…, le guide édité en 1999 par l’Institut national de la langue française, dresse la liste la plus complète à ce jour des noms de métiers, titres, grades et fonctions, et énonce un ensemble de règles d’aide à la féminisation de ces noms. Cet ouvrage de référence montre que, à l’encontre de certaines idées reçues, il n’y a pas de difficulté à féminiser la plupart des noms, souvent attestés depuis plusieurs siècles.
À partir de l’ouvrage imprimé que tout un chacun peut télécharger, l’ATILF a développé une base de données répertoriant les noms, consultables avec différents critères de recherche, ainsi que les règles de formation.
En Belgique, la direction de la langue française du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles a publié en 2020 le guide Inclure sans exclure. Les bonnes pratiques de rédaction inclusive.
Au Québec, l’Office québécois de la langue française a publié en 2015 l’avis de recommandation Féminisation des appellations de personnes et rédaction épicène.
En Suisse, la Chancellerie fédérale a publié en 2020 le Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération.
Le secrétariat général de la Commission européenne consacre le chapitre « Le langage inclusif » de l’édition 2021 de son Guide de rédaction de la Commission européenne.
Le comité des ministres du Conseil de l’Europe a adopté deux recommandations, une en 1990 sur L’élimination du sexisme dans le langage, l’autre en 2007 sur les Normes et mécanismes d’égalité entre les femmes et les hommes (voir la section A.6 « Élimination du sexisme dans le langage et promotion d’un langage reflétant le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes ».
L’ONU Femmes a présenté en 2020 un guide rédactionnel Rédaction inclusive. Promotion de l’égalité des sexes par le biais du langage.
Le Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général de l’OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité a publié en 2020 le Manuel de l’OTAN sur le langage inclusif.
Circulaire du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française
Le Gouvernement, s’il ne peut en la matière édicter la norme – la liberté d’expression supposant le droit pour chacun de parler et d’écrire comme il l’entend –, a choisi de montrer la voie en encourageant les services publics à donner une juste place aux femmes. Cette circulaire préconise différentes solutions tout en excluant le recours aux formes abrégées par un point médian ou par tout autre séparateur graphique, pour des raisons d’intelligibilité et de clarté, l’Administration devant s’adresser à l’ensemble de nos concitoyens.
Le guide Pour une communication publique sans stéréotypes de sexe (2022) du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes propose un large choix de préconisations lexicales et rédactionnelles auxquelles on peut recourir à l’oral comme à l’écrit, à l’exception, pour les administrations, des formes abrégées.
La féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. Rapport de la Commission générale de terminologie et de néologie, octobre 1998
Circulaire du 6 mars 1998 relative à la féminisation des noms de métier, grade ou titre
Circulaire du 11 mars 1986 relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre
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