Développer le vocabulaire scientifique et technique
Des notions et des réalités nouvelles, qu’il faut pouvoir comprendre et nommer, ne cessent d’apparaître dans les vocabulaires spécialisés. Pour éviter que, dans certains domaines, les professionnels soient obligés de recourir à l’utilisation de termes étrangers qui ne sont pas compréhensibles par tous, la création de termes français pour nommer les réalités d’aujourd’hui est une nécessité.
Le dispositif d’enrichissement de la langue française vise à garantir l’emploi du français dans les diverses circonstances de la vie citoyenne. Sa première mission est de combler les lacunes de notre vocabulaire scientifique et technique en identifiant, définissant et nommant en français les concepts nouveaux qui apparaissent notamment sous des appellations étrangères. En plus de faciliter l’accès aux savoirs scientifiques et techniques, ce dispositif interministériel et interinstitutionnel pour répondre aux besoins de vocabulaire nouveau de l’État, rappelle à un large public l’importance de disposer d’un vocabulaire français, et d’en user afin de préserver la fonctionnalité de notre langue.
Le dispositif en chiffres
Le dispositif, c’est un réseau de 400 experts… répartis dans 19 collèges spécialisés… couvrant près de 80 domaines… présents dans 16 ministères… et qui a produit à ce jour plus de 9 000 termes !
Coordonné par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, il comprend notamment la Commission d'enrichissement de la langue française, placée sous l'autorité du Premier Ministre, un réseau de groupes d’experts et des partenaires institutionnels comme l’Académie française, l’Académie des sciences, des organismes de normalisation (AFNOR) et des institutions linguistiques de pays francophones.
Vous avez besoin d’un terme français ? FranceTerme
Le site FranceTerme propose près de 9 000 termes pour nommer en français les réalités nouvelles et les innovations scientifiques et techniques. Recommandés par la Commission d'enrichissement de la langue française et publiés au Journal officiel, ces termes s'imposent aux agents des services publics de l'État mais s’adressent aussi à tous les curieux de la langue française et de son évolution.
FranceTerme est une base de termes nouveaux spécialisés : il ne s’agit ni d’un dictionnaire bilingue ni de langue générale, même si certains de ces termes sont devenus courants. Le site propose également des recommandations d’usage portant sur des notions relativement peu spécialisées, souvent désignées par une expression en anglais, pour lesquelles la Commission d’enrichissement de la langue française rappelle la variété et la richesse du lexique français existant.
- rechercher l’équivalent français officiel d’un terme étranger comme big data, cold case, greenwashing, hater...
- consulter la définition d'un terme comme collapsologie, défiguration, mule financière…
- obtenir la liste des termes publiés dans un domaine donné,
- vous abonner à la lettre d'information mensuelle de FranceTerme et être informé des termes nouveaux publiés au Journal officiel,
- déposer dans la boîte à idées des demandes ou des suggestions de termes nouveaux que les experts pourraient étudier,
- télécharger les vocabulaires et dépliants présentés dans la Librairie,
- télécharger les termes au format RTF et l’intégralité de la base au format XML.
Comment crée-t-on un terme ?
On parle de « mots » pour désigner des concepts dans le langage courant et de « termes » dans les langages spécialisés. Ce sont les experts du dispositif d’enrichissement de la langue française qui rédigent les définitions et trouvent les termes pour désigner les notions et réalités nouvelles dans leur secteur professionnel et enrichir ainsi le vocabulaire technique.
Les experts repèrent d’abord les notions correspondant à des réalités nouvelles pour lesquelles il est nécessaire de trouver une désignation française. Pour créer un terme, on part toujours de la notion : ce n’est qu’une fois que l’on sait de quoi l’on parle, que l’on a défini la notion, que l’on peut la nommer. Pour désigner une notion, on peut choisir un terme qui existe déjà mais avec d’autres sens ou créer de toutes pièces un terme (un néologisme formel).
Les termes créés dans le cadre du dispositif doivent satisfaire à différents critères : ils doivent notamment répondre à un besoin de désignation, être clairs - c’est-à-dire correspondre à la définition qui en est donnée -, et être correctement formés. Les termes proposés par les experts sont examinés par la Commission d’enrichissement et doivent recevoir l’avis favorable de l’Académie française avant d’être publiés au Journal officiel.
Qui sont les experts du dispositif ?
Choisis pour leurs compétences, les experts sont pour la plupart des professionnels d’un secteur d’activité précis – ingénieurs, techniciens, chercheurs, représentants d’entreprises, de syndicats professionnels, d’organisations ou d’administrations, spécialistes de haut niveau… – qui évoluent au plus près de l’innovation, ainsi que quelques journalistes spécialisés et linguistes.
En examinant les propositions des experts, elle est le banc d’essai des termes avant leur publication officielle et, pour ce faire, elle réunit des personnalités susceptibles de dialoguer avec les experts et de se mettre dans la position des néophytes. Elle est composée de 19 membres : son président, Frédéric Vitoux, de l’Académie française, douze personnalités qualifiées et six membres de droit dont le délégué général à la langue française et aux langues de France, le Secrétaire perpétuel de l’Académie française, l’un des deux Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences, le représentant de l’Organisation internationale de la francophonie, le président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, le président de l’AFNOR.
En 2021, 268 termes et définitions ont été publiés au Journal officiel dans plus de 20 domaines ! Retour sur 12 mois d’un travail terminologique qui a vu naître les équivalents français de cancel culture, hater, hoverboard ou encore plastic soup.
Si les thèmes du développement durable et du numérique dans tous ses aspects – actifs numériques, droit, informatique, télécommunications… – ont mobilisés les experts du dispositif de façon transversale, une vingtaine d’autres ont retenu prioritairement leur attention en 2021 : agriculture et pêche, assurance, biologie, chimie et matériaux, culture et médias, économie, éducation et enseignement supérieur, énergies fossiles et nucléaires, environnement, finance, habitat, hydrogène, transports et mobilité…
Quels sont les domaines d’intervention ?
Agriculture, automobile, biologie, chimie, construction, culture, défense, droit, économie, éducation, énergies (nucléaire, fossile et renouvelable), environnement, finance, formation, informatique, matériaux, médias, mobilité, pêche, politique, recherche, relations internationales, santé, social, spatiologie, sport, télécommunications, urbanisme… près de 80 domaines scientifiques et techniques sont ainsi couverts.
Les domaines d’expertise du dispositif interministériel correspondent aux champs d’intervention des ministères et sont répartis entre les différents groupes d’experts. Chaque groupe a un secteur de compétence et les spécialistes qui le composent sont choisis en raison de leur qualification et de leur expérience dans ce secteur. Les concepts nouveaux qu’ils étudient sont examinés sous forme de listes thématiques par la Commission d’enrichissement de la langue française qui les recommande et les publie au Journal officiel.
Annexes
Le décret du 3 juillet 1996, établissant le dispositif interministériel et interinstitutionnel d’enrichissement de la langue française.