Marie d’Orléans (Palerme, 1813 - Pise, 1839)
Princesse et sculpteur, Marie d’Orléans est la troisième enfant, d’une fratrie de dix, issue du couple formé par Louis-Philippe d’Orléans et Marie-Amélie de Bourbon-Sicile. Née en exil à Palerme en 1813, elle reçoit une éducation ouverte sur son temps et démontre très tôt des talents artistiques, se révélant la plus douée de sa fratrie. Elle est encouragée dans cette voie par les leçons de dessin qu’elle reçoit, dès 1822, du peintre Ary Scheffer (1797-1883).
Très affectée par le mariage de sa sœur Louise avec Léopold Ier, roi des Belges, en 1832, Marie souffre de mélancolie : sa famille s’inquiète et cherche un moyen de l’occuper. Elle semble débuter son apprentissage de la sculpture vers 1834 avec Ary Scheffer et commence par l’exécution de bas-reliefs. Elle s’adonne au modelage, son praticien réalisant le moulage, la fonte ou la transcription en marbre. La sculpture devient sa seule passion dans laquelle elle se jette sans retenue. D’une grande piété, elle s’intéresse à l’histoire, et particulièrement au Moyen–Âge, qui lui sert de source d‘inspiration.
Son œuvre la plus célèbre est une statue en pied de Jeanne d’Arc que son père Louis-Philippe lui commande en 1835 pour les galeries historiques de Versailles. Marie réalise de nombreuses recherches documentaires pour son œuvre et conçoit une guerrière en armure du Moyen-Âge, abîmée dans le recueillement de la prière ; la dimension religieuse frappe les commentateurs et les critiques sont élogieuses. Cette sculpture en marbre connaît une diffusion considérable grâce aux répliques réalisées par son praticien Auguste Trouchaud, mais également grâce aux petits bronzes d’édition.
Comme son frère aîné, Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, Marie développe un goût pour la collection sous la férule de son professeur. Elle acquiert des meubles et des objets de la fin du Moyen-Âge, de la Renaissance ou du XVIIe siècle. En 1835, l’architecte Théodore Charpentier (1797-1867) aménage son cabinet des Tuileries dans le style néogothique où elle rassemble des meubles, originaux ou copies d’époque, et ses propres œuvres.
Elle se marie en 1837 avec le duc Alexandre de Wurtemberg (1801-1844) : de cette union naît un fils, Philippe, en 1838 ; elle décède prématurément l’année suivante, à vingt-cinq ans, atteinte de phtisie.
Du fait de sa courte existence, Marie d’Orléans laisse une production restreinte, une centaine d’œuvres. Un fonds (provenant de son frère, le duc d’Aumale) est conservé au musée Condé à Chantilly ; ses œuvres sont également présentes au musée du Louvre, au musée Louis-Philippe à Eu, au musée du château de Versailles, au musée de Grenoble…
Une première rétrospective au musée du Louvre et au musée Condé à Chantilly lui rend hommage en 2008, en mettant en valeur sa production (sculptures, dessins, objets d’art), mais également son activité de mécène et de femme de goût.
Maëva Abillard
Sélection d'oeuvres de Marie d'Orléans sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Anne Dion-Tenenbaum (dir.), Marie d'Orléans, 1813-1839 : princesse et artiste romantique, catalogue d’exposition, Paris, Musée du Louvre, 18 avril-31 juillet 2008, Château de Chantilly, Musée Condé, 9 avril-31 juillet 2008, Paris, Somogy, 2008
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