La nécessité d’une bibliothèque

Avant que la bibliothèque Louis Nucéra n’ouvre ses portes, la ville de Nice comptait 15 sites culturels fixes, une médiathèque (bibliothèque centrale Lamartine depuis 1987) et 3 médiabus. Mais avec plus de 60 000 abonnés sur tout le réseau des bibliothèques de Nice, 1 100 000 de prêts par an et 2 000 entrées quotidiennes à la médiathèque, l’installation d’une nouvelle bibliothèque est rapidement devenue une nécessité. C’est pourquoi, en 1994, le Conseil Municipal décida d’acquérir un site sur la Promenade des Arts afin d’y installer la nouvelle Bibliothèque Municipale Louis Nucéra devenant alors tête du réseau de la BMVR (Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale). Ce réseau est composé de la bibliothèque patrimoniale Romain Gary et de 12 autres bibliothèques de quartiers (l’Ariane- Léonard de Vinci, Cimiez, Caucade, de Maeyer, Fontaine du temple, Magnan, les Moulins-A.Lefeuvre, Saint-Roch, Terra Amata, Thiole, Jorgi Tasso et Pasteur qui vient d’ouvrir ses portes). 
L’inauguration de la bibliothèque, en 2002, a donc marqué l’aboutissement d’un projet phare. Ce dernier avait pour objectif de créer, dans la 5ème ville la plus importante de France, un équipement culturel de grande envergure pour pouvoir répondre à la demande des nombreux lecteurs.

Mise en scène de la bibliothèque – regard de l’architecte

Deux bâtiments marquent ce nouvel édifice culturel. La bibliothèque centrale de la BMVR, Louis Nucéra, ouverte au public (entrée place Yves Klein) et la Tête Carrée uniquement réservée à l’administration des bibliothèques du réseau. 
La Tête Carrée, œuvre réalisée par l’artiste Sacha Sosno permet de conserver la cohésion architecturale de la Promenade des Arts. Quant à la bibliothèque Louis Nucéra, ce sont les architectes Francis Chapus, au côté d’Yves Bayard déjà architecte du théâtre National et du musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain, qui ont retenu l’attention de l’équipe municipale. Ce choix permettait de conserver une certaine cohérence dans le style de la Promenade ainsi qu’une parfaite homogénéité avec les différents bâtiments déjà construits.

A travers la commande du théâtre et du musée dans les années 1990, l’objectif du maire Jacques Médecin (de 1966 à 1990) était de continuer l’aménagement du fleuve côtier du Paillon. La Promenade des Arts est alors née de cette commande. Elle continuait ainsi de couvrir le fleuve entre les jardins suspendus et le palais Acropolis. En plus de ces deux bâtiments, un jardin complétait l’aménagement de la Promenade jusqu’au Palais des expositions. Cependant, pendant près de 10 ans, le volume présent sous ce jardin n’a jamais été utilisé ne trouvant aucun projet valable à y installer. 
C’est le maire Jacques Peyrat (de 1995 à 2008) qui lança un concours en 1994 afin d’aménager un équipement culturel. Se sont donc présentés les architectes Francis Chapus et Yves Bayard avec la construction de la bibliothèque comme projet. Celle-ci permettait de "Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine" Montaigne : voilà le message que voulaient faire passer les architectes à travers la Tête Carrée. 
La question de l’entrée au public s’est résolue en plaçant l’ouverture place Yves Klein, soit directement en vis-à-vis du musée et du théâtre. 
On remarquera la rareté d’une telle structure de plain-pied permettant au public de circuler des espaces les plus fréquentés (accueil) vers les plus silencieux (espaces de consultation et d’étude).

Retombées – impacts… 11 ans plus tard

Aujourd’hui, avec la bibliothèque Louis Nucéra comme tête de réseau, les 13 bibliothèques municipales du réseau comptent 1,2 million de documents tout confondus, 1,5 million de prêts par an, 2500 entrées quotidiennes et 40 000 abonnés actifs. Chacune de ces bibliothèques peut décider de ses acquisitions et de ses animations ; néanmoins elles doivent toutes conserver les règles émises par la bibliothèque centrale. 

La bibliothèque Louis Nucéra offre un large éventail de services : espaces pour enfants et pour adultes, un espace "actualités", une vidéothèque, une bibliothèque musicale, un auditorium (110 places) ainsi qu’un lieu d’exposition. De par ses nombreux services, et ses quelques 400 000 livres disponibles, la bibliothèque a su répondre à une mission de lutte contre l’illettrisme. Elle a réussi à attirer des publics socialement éloignés de la lecture par le biais d’une mutualisation renforcée des services et des actions. Cette pratique ne cesse d’ailleurs de se développer entre les différentes bibliothèques du réseau.

Architecte : Francis Chapus et Yves Bayard - Artiste associé : Sacha Sosno
Surface : 10 600 m²
Coût de réalisation : 12 500 820 € (HT)
Aides de l’Etat : 40%
Aides de la région : 14,5%
Aides du département : 10%

• Fiche réalisée par Margaux Baussant, stagiaire à la drac Paca auprès du conseiller pour le livre et la lecture dans le cadre d’un Master 1 "Droit et Management de la culture et des médias" à L’IMPGT, Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale, Université d’Aix-Marseille.