1.1114 - Air Bel
le 11e arrondissement, à l'est de Marseille, le long de l'Huveaune
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1114, p 27. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Groupe Air Bel
avenue Jean Lombard et chemin de la Parette, quartier de la Pomme 13011
Lambert 3 : lat.3. 09029 ; long. 43.2919
Accès : métro 1 : La Rose - La Timone
bus n° 12 : métro La Timone - Eoures, bus n° 40 : métro La Timone - Gare d'Aubagne , bus n° 91 : métro La Timone - Les Caillols
propriétaire : Quatre organismes HLM, structure collective in situ
programme : Groupe d'habitations de 1199 logements HLMO.
Maîtres d'ouvrages :
SA Nouvelle d'HLM de Marseille Pilote, 321 logements,
SA HLM Logirem, 306 logements,
SA Phocéenne d'Habitation, 283 logements,
SA HLM Provence Logis, 289 logements.
Ensemble d'immeubles, centre commercial, équipements sociaux, scolaires, sportifs et associatifs.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1968. Achèvement de travaux : 1971 à 73. Conformité : 1976.
Pierre Liogier, Robert Theric et Maurice Adrey, architectes.
Bureau d'étude, Foulquier.
Ambiance, Bernard Lassus.
Paysage, Georges Lefevre.
Sociologie, François Bray.
Financements, HLMO.
site : Sur un épaulement au nord-ouest du village de la Pomme, en bordure du plateau la Fourragère. Terrain en pente vers le sud et l'ouest, dénivelée entre 80,00 et 37,00 m, terrain de 18 ha. Secteur d'habitation E et G sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Plan alliant tours et tissu proliférant à maille octogonale, laissant une large coulée verte centrale. En pied de pente, nappes d'équipements. Épannelage entre R+4, R+10 et R+15.
bâti : Immeubles bas en barrettes articulées par des cages extérieures avec changement de directions, tours verticales, acrotères profilés. Constructions tout béton, tunnels. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 38 (94.950)
Revue Prado n° 1, 1965, n° 2, 1968, n° 4, 1968
Revue Architecture d'Aujourd'hui n° 124, 1966
Contexte :
La Villa Air Bel à Marseille est mondialement connue pour avoir accueilli en 1941 les Surréalistes européens fuyant la police du Reich allemand. Y séjournèrent entre autres, André Breton, Max Ernst, Victor Brauner, Marcel Duchamp, Wilfredo Lam, René Char, Hans Bellmer, Benjamin Perret, Arthur Adamov.
Varian Fry, chargé du passage des artistes vers les États-Unis, donne une description de la villa : "J'étais enchanté de la maison. De la cave au plafond, c'était du XIXe siècle solide". Salon, salle à manger, salle de bain, cuisine, bibliothèque et plusieurs chambres, elle sera rebaptisée par ses habitants le Château Espère Visa. Urbanistes et sociologues n'auront pas connaissance de ce prestigieux épisode de la Villa.
Les terrains en rive nord du lit principal de l'Huveaune étaient destinés à une ZUP n° 2 étudiée par A. Chrysochéris, qui ne vit pourtant pas le jour ; il en restera le projet Air Bel, intitulé opération Vallée de L'Huveaune. Avec 1200 logements, quatre sociétés HLM, la particularité du programme est d'avoir été projeté par une équipe pluridisciplinaire assez large, avec notamment l'apport d'une réflexion sociologique sur les fonctions et espaces d'usage par le groupe Alogec et le sociologue François Bray. L'approche de la sociologie urbaine cherchait à mieux concevoir les nouveaux ensembles urbains et architecturaux pour éviter le mécontentement des habitants.
La programmation va au-delà des simples recommandations pour allouer des surfaces à des fonctions précises. De façon générale, l'étude préconisait une intégration du logement à la cité, au sein d'une forme d'unité de voisinage, comme entité architecturale identifiable par ses habitants. On recommande de lutter contre les effets du bruit, de répartir les locaux collectifs résidentiels entre les pieds d'immeubles et locaux extérieurs. Les équipements sont avant tout sociaux, et les espaces extérieurs sont spécialisés par classes d'âges. Enfin, la conservation de l'aspect campagne est recommandée au point de penser le centre commercial comme un élément d'animation à l'aspect rural (!).
Description :
Le projet semble avoir bien répondu au programme de sociologie urbaine. Air Bel forme une unité typologique, avec une différenciation d'échelle des places octogonales ou rectangulaires, espaces d'intégration du logement à la cité. Le plan distingue, en pied de pente, une forme de centralité avec la présence de tours, reliées à une nappe d'équipements collectifs et des commerces. De part et d'autre, un motif de tissu continu et réticulé détermine une suite de placettes plus à moins ouvertes, bordées de constructions de quatre à cinq étages. À l'est, le plan est nettement organisé autour de deux places closes : une octogonale et l'autre rectangulaire. À l'ouest, où la pente est plus forte, un motif octogonal plus modeste apparaît au sein d'une organisation fortement marquée par la déclivité et moins lisible. En haut de pente, ces deux unités sont séparées par un espace libre de construction peu aménagé, sorte de campagne peu apprêtée.
La Villa Air Bel est demeurée dans le dispositif, au plus bas de la coulée verte en contact direct avec les tours de 19 étages. Seuls quelques arbres permettent à la bâtisse de subsister près des écoles, sous le titre un peu emphatique de château.
La part des ambiances successives dans les cours et les passages est difficilement appréciable. Il reste des traces des intentions d'origine mais le poids visuel des typologies d'immeubles à travers leur répétition gomme toute nuance y compris dans les interventions décoratives peu à l'échelle d'un tel projet. Intentions encore dans la toponymie dont le seul mérite est d'exister, mais qui ne renvoie qu'à une simple nature des choses, de l'espace résidentiel.
Malgré toutes les analyses préalables, l'image d'une citadelle domine, par la forme même des constructions, le caractère social des équipements, et la faible présence des activités privées. Chaque placette semble avoir été pensée comme une urbanité villageoise, mais sans commerce, elles restent de difficiles espaces de stationnement. Ce qui sera reproché à la programmation sociologique, c'est de rationaliser les espaces d'usage en oubliant les composantes urbaines de l'activité, des services et de la résidence, du privé et du public. La seule programmation de 1200 logements en HLMO ordinaire, même avec plusieurs bailleurs, un sociologue et un paysagiste, éloigne d'un véritable espace urbain.
L'absence de ces éléments a empêché l'intégration urbaine d'Air Bel, déjà désavantagée par l'obstacle de la voie de chemin de fer qui limite les accès au groupe d'habitation. Il reste certains signes de confort résidentiel : les surfaces généreuses des appartements, la présence généralisée de celliers dignes de ce nom, enfin des volets coulissants en bois, encore en place aujourd'hui, qui permettent un usage varié des loggias selon les saisons ou les habitudes. Voilà quand même des éléments durables.
Auteurs :
Robert Théric,
aujourd'hui disparu, est né en 1927 à Marseille et obtient son diplôme d'architecte en 1953, il réalise des projets de logements à Jouques, Plan-de-Cuques, Fos-sur-Mer, La Ciotat et Marseille.
Pierre Liogier,
son aîné, et dont le fils aussi sera architecte, réalise des projets à Marseille :
La Timone,
La Canebière,
Saint-Mauront,
Les Chartreux,
Bon Secours
ou le Pharo.
Associés, ils réalisent à Marseille :
Bon Secours 13014, habitation HLM, 1962,
La Cerisaie 13013, habitation HLM, 1963,
La Timone 13005, habitation HLM, 1964,
Le Pharo 13007, Hhabitation, 1969,
La Solidarité 13015, habitation HLM, 1974.
Fichiers associés :
- Carte du 11e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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