Après un peu moins d’un an de travaux, le nouvel accueil du ministère de la Culture se dévoile. Il a été déplacé de quelques mètres et se trouve désormais à l’angle des rues Saint-Honoré et Croix des Petits-Champs, au cœur de Paris. Ce chantier s’inscrit dans le cadre de la modernisation des locaux de l’administration et le regroupement des services ministériels sur trois sites au lieu de sept auparavant.
Ces travaux, confiés à l’agence R-Architecture, associent dans toutes les étapes du réaménagement de jeunes artistes. Après une commande attribuée à l’artiste Flora Moscovici en 2021, une carte blanche à cinq artistes, étudiants et jeunes diplômés des Beaux-Arts de Paris sur le thème du végétal et le revêtement des palissades de chantier à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment du ministère l’an dernier, cette nouvelle phase met cette fois-ci à l’honneur l’artiste Marianne Mispelaëre qui a produit, en juillet dernier, une performance in situ dans ce nouvel accueil : Mesurer les actes.
Cette œuvre, déposée par le CNAP, est la première à être déposée ou confiée par les différents opérateurs du ministère et accrochée régulièrement dans le nouvel accueil et l’espace rendez-vous attenant.
Mesurer les actes, une œuvre réalisée selon un protocole précis
Ce dessin performatif a pris place sur le mur derrière la nouvelle banque d’accueil. L’œuvre a été réalisée le 12 juillet dernier selon un protocole établi par Marianne Mispelaëre : tracer sur un mur, à vitesse constante, au pinceau et de haut en bas, une ligne noire pendant une minute. Ce geste est ensuite répété sans arrêt plusieurs heures durant jusqu’à atteindre une limite : l’épuisement, la fermeture du lieu, le manque de place…
Pendant le tracé, ces lignes traduisent, à l’instant T, les « causes internes et externes », c’est-à-dire les réactions du corps de l’artiste ou celles à son environnement. « C'est un protocole très charnel qui enregistre tous mes tremblements et mes souffles qui vont ensuite créer des imperfections dans le dessin. Et je dis “imperfections” positivement : c'est une pièce qui va vivre avec moi pendant x minutes et qui va vraiment être le reflet d'un moment présent. » Cette œuvre in situ est donc unique et reflète l’expérience et le contexte dans lequel elle a été produite.
Un nouveau lustre fait en matériau de réemploi
Ces travaux de réhabilitation intègrent également un principe de réemploi de matériau dans une démarche de développement durable. Avec le déplacement de l’entrée, près de 40 m2 de verre provenant des anciennes façades vitrées ont été déposés et retravaillés. Ce matériau récupéré a servi à fabriquer 465 médaillons de verre qui composent aujourd’hui le nouveau lustre circulaire, une pièce unique conçue par R-architecture pour illuminer la nouvelle entrée du ministère.
Ces médaillons ont été sciés, découpés, biseautés pour en faire des prismes qui font rayonner la lumière. Ses dimensions sont impressionnantes avec près de trois mètres d’emprise au plafond. « Notre démarche a été de mettre en dialogue trois notions fondamentales que sont l’architecture, la matière et la lumière, explique Emmanuelle Sébie, conceptrice lumière au sein de l’agence 8’18’’ en charge de la mise en œuvre de ce dispositif. Nous avons fait appel à des artisans ayant un savoir-faire particulier comme un maître verrier qui nous a donné des outils et des conseils sur les façons dont le verre pouvait réagir à la lumière. La réponse est scénographique et poétique pour répondre aux attentes d’un lieu aussi emblématique. » Sa forme circulaire a été pensée pour entrer en résonnance avec la nouvelle disposition des lieux et notamment la forme angulaire du bâtiment.
Ce nouvel espace qui accueille les personnels comme les visiteurs incarne ainsi l’identité singulière du ministère grâce à l’association de plusieurs marqueurs forts valorisant l’architecture, les métiers d’art et du design et les arts visuels.
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