C’est l’un des acteurs chevronnés du monde de l'édition jeunesse. Ancien rugbyman, Louis Delas a un tempérament de fonceur. Longtemps éditeur de bandes dessinées chez Casterman, le Landais a pris, en 2013, la tête de l’École des loisirs, un éditeur français de littérature jeunesse fondé en 1965, où il crée son propre label de BD, Rue de Sèvres. En développant une offre plurielle et inventive, l’École des loisirs a, sous son égide, quadrillé méthodiquement l’édition jeunesse, des tout-petits aux adultes, en passant par les adolescents. Avec, pour unique boussole, une conviction inébranlable : « un enfant libre, c’est un lecteur pour la vie », dit-il.
Une expérience dont il entend faire profiter les États Généraux de la lecture pour la jeunesse (EGLJ), une initiative lancée le 3 juillet 2025 par le ministère de la Culture. L'objectif de ces États Généraux ? Comprendre le rapport des jeunes à la lecture, notamment les freins et obstacles. En tant que membre du comité de pilotage des États Généraux, il a accepté de répondre à nos questions.
La littérature jeunesse revêt une importance particulière dans votre pratique professionnelle. Pouvez-vous nous en parler ?
Je n’ai pas honte de dire que j’étais un enfant terrible. L’album Les Trois brigands [un album iconique signé d'un maître du genre, Tomi Ungerer (NDLR)] fait partie de mes tout premiers souvenirs de lecture. Les personnages étaient à la fois drôles, inquiétants et attachants. C’est sans doute pour ça que je les aime toujours autant. La mission de l’École des loisirs aujourd’hui est de continuer à donner accès au plaisir de lire dès le plus jeune âge, sous toutes ses formes. Rester un lieu où les auteurs créent librement et où les enfants découvrent, rient, rêvent, se reconnaissent. De quelle manière ? En leur donnant envie de prendre un livre entre les mains. Si le livre est bon, la magie opère immédiatement et ils se l’approprient. La Maison des histoires - une initiative originale autour de deux lieux de vie présentant expositions, café, librairies... - en est la preuve : les enfants y entrent comme dans un jeu et repartent avec l’envie de lire. Le livre n’est pas un objet sérieux, scolaire ou élitiste, c’est un média vivant, sensoriel, et surtout un espace de partage. Quand la lecture devient naturelle et joyeuse, elle rend libre. Je crois qu’une maison d’édition, surtout en littérature jeunesse, doit défendre le droit des enfants à penser par eux-mêmes, à explorer, à être curieux, parfois impertinents. Un enfant libre, c’est déjà un lecteur pour la vie. Et ce sont les histoires d’aujourd’hui qui font grandir les hommes et les femmes de demain.
Les EGLJ ont été conçus pour remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes. Sur le sujet des jeunes et la lecture, quels enseignements tirez-vous de votre expérience en tant qu’acteur des EGLJ ?
J’ai accepté de faire partie de ce groupe de travail à la demande de Nicolas Georges, dans la mesure où cette équipe était resserrée, composée de professionnels engagés dans la promotion de la lecture jeunesse et représentatifs de la chaîne du livre et de la lecture. Les échanges sont riches, motivés et motivants, constructifs et concrets. Énormément de gens prennent des initiatives absolument remarquables en faveur de la lecture jeunesse. Simplement, un constat demeure : le manque de convergence de toutes ces actions pour en amplifier l’effet. Ainsi, un des enjeux majeurs est qu’au sortir de ces États Généraux, les membres du comité partent avec des pistes de travail concrètes et opérationnelles, et ce rapidement. Car le besoin est urgent. L’investissement de la part des participants est tout à fait réjouissant et prouve l’engagement et la nécessité d’action.
Dernier album paru : Le Berk Noêl par Julien Béziat (pour les 3 à 6 ans), collection Pastel, École des loisirs
Partager la page
