Le temps d’un week-end, le monde du livre va occuper tous les esprits. A l’occasion du Festival du livre de Paris qui va se tenir au Grand Palais du 11 au 13 avril, le secteur du livre va présenter tous les volets de son activité, entre initiatives originales et projets attractifs, avec cette année un coup de projecteur consacré à la littérature marocaine. Le festival va aussi – et surtout ! – faire la fête aux autrices et auteurs, scellant une fois de plus le pacte très fort qui réunit un livre et son lecteur.
Si ce pacte est toujours aussi puissant, le temps consacré à la lecture connaît en revanche, selon le dernier baromètre « Les Français et la lecture » réalisé en avril 2025 par l’institut Ipsos pour le Centre national du livre, une érosion significative. « 63% des Français déclarent avoir lu au moins cinq livres au cours des douze derniers mois, soit une baisse de 6 points par rapport à 2023 », note-t-on dans cette étude, qui relève cependant une progression dans la lecture de livres numériques (+ 9 % par rapport à 2015) et celle de livres audio (+ 2 % par rapport à 2023).
Face à ces résultats contrastés, la lecture constitue à n'en pas douter un nouveau défi pour le ministère de la Culture, dont la mobilisation dans ce domaine ne s’est jamais démentie : « lecture, grande cause nationale », soutien aux bibliothèques, pérennisation de « Biblis en folie »… « C’est exactement l’idée que je me fais de la culture et du savoir, assurait récemment la ministre de la Culture lors des 30 ans du site François-Mitterrand de la Bibliothèque nationale de France : une ouverture le plus large possible à tous ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir fréquenter nos grandes institutions culturelles ».
La littérature en performances
Le ministère de la Culture se joint, bien sûr, à la fête du livre, ne serait-ce, en premier lieu, qu’en la recevant au Grand Palais, l’un de ses opérateurs culturels. La RMN-GP (Réunion des musées nationaux – Grand Palais) va même y co-produire, avec le Centre Pompidou, un très bel événement, Cabaret Extra !, pour renouveler la formule du cabaret littéraire, dont la tradition remonte au XVIIe siècle, en passant par les soirées dadaïstes légendaires de Zurich, jusqu’à aujourd’hui, où il vit un nouvel essor. Ce sera, sur la Galerie 2 du Grand Palais, un espace de création hybride : performances, parades, poésie sonore, films et créations numériques.
Enfance et jeunesse, lectorat de demain
Autre acteur de premier plan, le Centre national du livre. Les publics pourront prendre connaissance de ses nombreuses missions sur son stand. Il sera, par ailleurs, l’un des partenaires du Village des enfants, espace d’ateliers créatifs, de lectures et d’animations, de rencontres scientifiques, de performances musicales, de lectures à voix haute, d’ateliers de découpe et de fabrique du livre, avec une scène pour des spectacles de théâtre, pour les petits à partir de 3 ans et pour les jeunes jusqu’à 15 ans.
Lire sur les flots
La littérature marocaine sera la belle invitée de ce festival du livre 2025. En contrepoint, on pourra aussi s’intéresser au monde marin, qui fait l’objet en France d’une grande dynamique nationale sous le label « La Mer en Commun », en vue de la prochaine conférence des Nations unies sur l’Océan, à Nice en juin prochain. Une galerie de la Mer et une librairie dédiée permettra à chacun de faire le plein de livres maritimes. Et là encore, ateliers, rencontres (Titouan et Zoé Lamazou, notamment), et un prix littéraire contribueront à « maritimiser » les esprits.
A signaler : à l'occasion de ce temps fort national consacré au livre, le ministère de la Culture propose, du 7 au 11 avril, une initiative originale de communication interne. Une Semaine littéraire, qui met en lumière les publications récentes de sept de ses auteurs et autrices.
Enfance, accessibilité… des mesures de combat en faveur de la lecture
C’est un discours de « combat » que Rachida Dati, ministre de la Culture, a prononcé, jeudi 10 avril, lors de l’inauguration de l’édition 2025 du Festival du livre de Paris. « La pratique de la lecture recule », a-t-elle constaté, en reprenant les résultats du baromètre sur « les Français et la lecture » dévoilé le 8 avril par le Centre national du livre. Face à cette situation, elle sonne « la mobilisation générale », afin de « renforcer la place de la lecture dans le quotidien de chacun ».
« Priorité » de son action, la ministre de la Culture veut installer la lecture dès la petite enfance. Pour cela, elle présente plusieurs initiatives, dont la création d’un Prix du livre pour les bébés dont la première édition sera décernée à l’automne 2025, la remise d’une carte de bibliothèque au nom de l’enfant lors de la naissance de chaque nouveau-né, la reconnaissance de l’intérêt que représente la lecture pour la santé de l’enfant et le renforcement du dispositif « Lecture Loisirs ». « Ce sont les habitudes prises dans l’enfance qui permettent de forger un goût pour la lecture qui perdurera à l’âge adulte », a-t-elle assuré.
Autre avancée significative : à partir du mois de juin prochain, sauf exceptions dûment justifiées, tous les nouveaux livres numériques qui seront mis sur le marché par les éditeurs français seront accessibles aux personnes en situation de handicap. « Ils offriront un socle de fonctionnalités qui permettra leur lecture directe par un grand nombre de personnes empêchées de lire les livres imprimés, notamment les aveugles et malvoyants, ainsi que les personnes affectées par des troubles cognitifs (les "dys") », a assuré la ministre, en soulignant que « les éditeurs français peuvent être fiers de ce progrès pour notre société ».
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