Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Ministre, cher Mohamed Mehdi Bensaid,
Madame la Présidente de Région, chère Valérie PECRESSE,
Madame l’adjointe au Maire, Chère Carine ROLLAND,
Monsieur le Directeur régional des affaires culturelles, Cher Laurent ROTURIER,
Monsieur le Président du Syndicat national de l’Edition, cher Vincent Montagne,
Monsieur le Directeur général du Festival, cher Pierre-Yves BERENGUER,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,
Pour la première fois depuis longtemps, le Salon du Livre se tient dans le plus beau décor qui soit, sous la nef du Grand Palais. Pour ces retrouvailles, nous accueillons en invité d’honneur un pays qui m’est cher, un pays avec lequel nos liens sont riches : le Maroc.
Cette année, ce salon marque le point de départ d’une ambition renouvelée. Cette ambition, c’est celle de transformer le Salon du livre en véritable Festival du livre. D’en faire, une fête tant pour les professionnels que pour le public qui vient, chaque année, nombreux, et de plus en plus jeune.
Parmi toutes les industries culturelles, vous le savez, j’ai avec la vôtre un lien particulier. Vous connaissez d’ailleurs mon engagement pour la lecture.
Dans les temps incertains que nous connaissons, culture et lecture, sont des outils précieux au service de nos relations avec les pays étrangers. Elles nous rapprochent plus qu’elles nous divisent, elles nous offrent la possibilité de se comprendre et donc de se respecter mutuellement.
C’est particulièrement vrai dans l’espace francophone. Dans cet espace, nous avons un impératif : celui de mieux faire circuler le livre en langue française Et ce de façon plus équitable. Pour cela, je sais pouvoir compter sur le partenaire privilégié qu’est le Maroc. J’en profite pour remercier le CNL qui a déployé pour la première fois un programme d’aide aux cessions du français vers le français.
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Chers amis, les études le démontrent, la pratique de la lecture recule.
Il y a donc urgence. Urgence à sonner, avec vous, la mobilisation générale. Je sais que le Premier ministre partage cette conviction.
Cette mobilisation générale, je veux ce soir vous en donner quelques grandes lignes. Elles font partie de notre action résolue pour renforcer la place de la lecture dans le quotidien de chacun.
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La lecture, c’est d’abord un outil d’émancipation. De nombreux travaux ont montré que l’exposition au langage est un facteur important d’égalité des chances. Pour que cette égalité soit réelle, il faut que les enfants, y compris les tout-petits, soient accompagnés dans la lecture.
Pour mettre en valeur la richesse et l’inventivité de l’édition jeunesse et pour promouvoir la lecture dès le plus jeune âge, j’ai souhaité la création d’un Prix du livre pour les bébés. Il sera porté par le Ministère et récompensera des livres qui permettent de tisser le lien si extraordinaire que représente un moment de lecture entre un adulte et un enfant. Ce prix sera remis pour la première fois dès cet automne.
Dans le même esprit, j’ai sollicité les maires de France pour les associer à une opération que nous déploierons dans les tout prochains jours. Je souhaite que lors de la déclaration d’une naissance à l’état-civil, les parents se voient remettre une carte de bibliothèque au nom de l’enfant. Cela permettra d’encourager les parents à investir en famille ces lieux incontournables que sont nos 15 500 bibliothèques.
Ensuite, la lecture fait face à un concurrent redoutable. Ce concurrent redoutable, ce sont les écrans qui réduisent largement le temps accordé à la lecture – et ce dès l’enfance.
Depuis janvier 2025, le nouveau carnet de santé sensibilisent les parents aux risques que présentent les écrans. Dans le même sens, ce carnet de santé doit aussi les sensibiliser à l’intérêt fondamental que représente le fait de lire. Car oui, Mesdames et Messieurs, la lecture est aussi un enjeu de santé publique.
Dans la journée d’un enfant, il existe de nombreux moments propices à la lecture. Le temps périscolaire en est un. Pour cette raison, j’ai demandé à mes services de renforcer le dispositif « Lecture Loisirs ». Chaque jour, après l’école, pendant la pause déjeuner mais aussi lors des vacances scolaires, deux millions d’enfants y passent du temps. Avec ce programme, les animateurs seront formés pour faire découvrir aux enfants le plaisir des histoires et les établissements pourront s’enrichir de livres.
L’étude dévoilée cette semaine par le CNL le montre bien : ce sont les habitudes prises dans l’enfance qui permettent de forger un goût pour la lecture qui perdurera à l’âge adulte. Voilà pourquoi j’en fais une priorité.
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Parmi les passeurs de livres, je n’oublie pas les libraires et je connais leurs inquiétudes.
Pour faire entrer les jeunes en librairie, il existe un dispositif qui précède le Pass culture. Ce dispositif, c’est « Jeunes en librairie ».
Il permet à près de 50 000 jeunes d’être sensibilisés aux métiers du livre avec des effets immédiats et de long terme chez les collégiens et les lycéens.
Je m’emploierai également à faire respecter les dispositions prévues par la loi sur les conditions de gratuités des frais de port des livres. C’est une mesure indispensable qui a permis aux librairies indépendantes de regagner des parts de marché en rétablissant les conditions d’une concurrence équitable.
Le médiateur du livre me fera part de l’application de ses recommandations à la fin du mois. Je vous le redis : le ministère de la Culture sera attentif à préserver la place absolument centrale des librairies dans le soutien de la diversité éditoriale et dans le maillage de notre territoire.
A propos de territoire, 64 contrats lecture ont été signés en 2024. Ce sont d’excellents outils pour porter notre politique du livre partout dans notre pays, au plus près des acteurs de la vie littéraire.
Ces contrats départementaux de lecture doivent désormais être étendus à tous les départements. Ils le seront d’ici 2027.
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Je veux désormais dire un mot des auteurs. Des discussions denses ont eu lieu sous l’égide du ministère, et elles devraient connaître un aboutissement législatif grâce aux travaux de Laure Darcos et Sylvie Robert que je salue.
La proposition de loi déposée au Sénat doit permettre de rétablir les conditions d’une rémunération juste et équitable. Elle recevra le soutien du Gouvernement.
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S’agissant de vous, chers éditeurs, l’évolution des modes de consommation touche aussi le livre. Le développement du marché de l’occasion nous met au défi de faire évoluer tout un système de rémunération de la création.
Un grand nombre de pistes ont été étudiées et nous continuerons à travailler étroitement avec la filière pour l’accompagner comme nous l’avons toujours fait, en nous attachant à trouver des solutions solides juridiquement.
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Je veux enfin dire un mot d’un sujet auquel je suis, personnellement, extrêmement attachée : l’accessibilité native des livres numériques aux personnes en situation de handicap.
Sauf exceptions dument justifiées, à partir du mois de juin prochain, tous les nouveaux livres numériques qui seront mis sur le marché par les éditeurs français seront accessibles aux personnes en situation de handicap.
Ils offriront un socle de fonctionnalités qui permettra leur lecture directe par un grand nombre de personnes empêchées de lire les livres imprimées. Je pense notamment aux personnes malvoyantes et aveugles ou aux personnes affectées par des troubles cognitifs – les « DYS ».
Il s’agit d’un progrès considérable pour notre société. Les éditeurs français peuvent légitimement en être fiers.
Chers éditeurs, vous êtes les artisans d’une production éditoriale qui fait de la France un acteur majeur sur la scène littéraire mondiale. Nous devons à votre engagement quotidien la solidité du paysage éditorial contemporain. Chaque semaine, grâce au talent des auteurs, vous faites apparaître, dans les rayons des libraires, des ouvrages savants, inattendus, haletants, audacieux. Des ouvrages susceptibles de créer le débat, de renouveler notre compréhension de certains sujets, de susciter des échanges passionnés.
Ce Festival du livre, vous l’avez conçu comme une grande fête. Alors à toutes et tous : que la fête soit belle !
Je vous remercie.