En 2021, l’observatoire de l’économie de l’architecture était créé pour répondre à la nécessité de mieux connaître l’architecture et instaurer une instance de dialogue partenariale au sein de la filière. Cette instance partenariale, créée en 2021 et pilotée par le ministère de la Culture, réunit l’ensemble des parties prenantes de la filière : ministères partenaires, organisations professionnelles, entreprises, associations, structures d’enseignement et de recherche en architecture. Elle est dédiée à la connaissance de la filière de l’architecture, à ses évolutions et à ses perspectives.
Comme chaque année, l’observatoire restitue les travaux suivis par ses commissions tout au long de l’année à l’occasion d’une journée qui se tenait le 9 décembre à l’auditorium de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Près de cent-quarante personnes ont pu découvrir les dernières données produites sur la santé économique des agences d’architecture et les chiffres clés du secteur. Plusieurs thématiques particulières ont été traitées cette année, comme les matériaux bio et géo-sourcés et deux autres travaux conduits par des partenaires de l’observatoire : le projet « Transitions architecture et paysage », lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « compétences et métiers d’avenir », et l’enquête de l’Unsfa sur les architectes et la maternité.
Cette journée a enfin été l’occasion de présenter un bilan de l’accélérateur « architecture et design » et une vision prospective sur des enjeux du secteur de l’architecture : l’usage et l’impact de l’intelligence artificielle, la recherche en agence et les questions de droits d’auteur.
Retour sur la journée avec Hélène Fernandez, directrice, adjointe à la directrice générale des patrimoines et de l’architecture, chargée de l’architecture.
Après quatre ans d’existence, quel regard portez-vous sur l’observatoire de l’économie de l’architecture ?
En quatre ans, l’observatoire de l’économie de l’architecture a trouvé sa place au sein de l’écosystème de l’architecture. L’observatoire est un espace de discussion plébiscité par la filière où sont réunis autour de la table plusieurs fois par an les principaux acteurs du secteur de l’architecture : organisations professionnelles, associations, secteur académique et de la recherche, autres ministères. Les études réalisées dans le cadre de l’observatoire ont notamment apporté un éclairage sur les dynamiques de genre dans le secteur, sur l’accès à la commande des entreprises d’architecture en France ainsi que sur l’organisation des filières de l’architecture dans trois autres pays européens.
Quels sont les principaux enseignements des travaux présentés cette année ?
La journée annuelle de l’observatoire de l’économie de l’architecture s’est ouverte par la présentation d’une sélection de chiffres clés de l’économie de l’architecture. Ces chiffres sont représentatifs de l’observatoire car cette production est le résultat d’un travail partenarial de partage et de production de données couvrant ses différents champs d’étude : la formation et l’accès à l’emploi, les architectes et autres professionnels de l’architecture, les entreprises d’architecture et leur activité. Les chiffres présentés vont d’un niveau macro mettant en avant la part de la valeur ajoutée de l’architecture dans l’ensemble des branches culturelles à un niveau plus micro apportant des perspectives croisées sur le nombre de professionnels de l’architecture et leurs modes d’exercice.
Par ailleurs, les résultats du baromètre de la santé économique des agences d’architecture permettent de mettre en évidence, par rapport à l’édition de 2023, l’évolution du chiffre d’affaires des agences d’architecture, leurs perspectives de recrutement, la nature de leur activité ainsi que les opportunités et défis identifiés pour 2026. Le baromètre étaye la prise en compte des enjeux environnementaux dans les activités des architectes, thème qui a été développé lors de la restitution du groupe de travail sur l’architecture et les matériaux bio et géo-sourcés. Ce groupe, réuni sous l’égide de l’observatoire à six reprises durant l’année, a abouti à formuler vingt-cinq propositions organisées autour de quatre axes : partager et diffuser la connaissance sur les matériaux bio et géo-sourcés ; adapter et conforter la pratique des professionnels ; former tous les acteurs de la chaine de valeur et mobiliser les leviers incitatifs pour tous les acteurs.
Comment les travaux de l’OEA s’articulent avec la stratégie nationale pour l’architecture ?
L’observatoire de l’économie de l’architecture est un outil parfaitement adapté pour porter et mettre en œuvre plusieurs mesures de la stratégie nationale pour l’architecture présentée par la ministre de la Culture le 4 février dernier. Si l’observatoire répond directement à la mesure relative au développement de la connaissance du secteur économique de l’architecture dans toutes ses dimensions, sa nature partenariale et ses travaux constituent également des ressources pour développer de la connaissance et accompagner la mise en œuvre d’autres mesures portant sur l’adaptation de la formation initiale ou continue ou le développement de la place des professionnels à l’échelle européenne et internationale.
Deux tables rondes étaient organisées sur l’intelligence artificielle et l’architecture et la recherche en agence. Comment se positionne le service de l’architecture sur ces deux sujets ?
Le service de l’architecture a décidé cette année de proposer une ouverture sur deux thèmes d’intérêt majeur pour les agences d’architecture : le développement et l’usage de l’intelligence artificielle et la place et l’apport de la recherche d’autre part. Le sujet de l’intelligence artificielle a été un fil rouge de la matinée : le baromètre de la santé économique des agences d’architecture a présenté des tendances sur la perception et l’usage de l’intelligence artificielle par les agences d’architecture. Ces chiffres ont ensuite été éclairés par des témoignages lors de la table ronde et par la présentation de la mission du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique sur l’architecture et le droit d’auteur. Cette séquence reflète le positionnement du service de l’architecture face à ce sujet : approfondir la connaissance, accompagner les agences - notamment via l’accélérateur « architecture de demain » lancé le 2 décembre dernier - et défendre un usage responsable et transparent de l’IA assurant la protection des modèles économiques de la création.
L’essor de l’IA est lié aux questions de recherche en agence que nous avons souhaité mettre en avant en présentant les différents dispositifs de soutien (CIR, CIFRE notamment) et en croisant les témoignages d’agences ayant développé des activités de recherche. Notre objectif est de montrer les synergies possibles et les opportunités pour les entreprises comme pour les chercheurs.
Quelles sont les perspectives de travail pour l’année prochaine ?
Fort des études réalisées en quatre ans et des synergies créées entre les différents partenaires, il convient maintenant d’orienter le travail autour de deux axes. D’une part poursuivre la réalisation de nouvelles études, en concertation avec l’ensemble des partenaires. Ainsi, l’observatoire a initié une étude sur les inégalités territoriales d’accès à l’architecture pour questionner et objectiver le concept de déserts architecturaux en analysant et en mettant en perspective la répartition géographique des architectes et des agences, des étudiants des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture et de Paysage (ENSA-P), de l’ingénierie territoriale et architecturale locale et des structures effectuant de la médiation en architecture. Les résultats de cette étude seront présentés en 2026. D’autre part, un travail de suivi des préconisations formulées dans les différentes études a débuté, en commençant par l’étude sur les dynamiques de genre en architecture.
Les membres de l’observatoire ont également identifié comme piste de travail l’évolution de la structure des entreprises d’architecture, liée aux enjeux de transmission et de revenus, la place des architectes dans le marché du logement et l’impact de l’intelligence artificielle sur la pratique des architectes. Le programme pour l’année 2026 s’annonce une fois de plus à la croisée de plusieurs enjeux du secteur.
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