Célébrer la culture ukrainienne dans toute sa diversité et sa résilience, tel est l’objectif de la grande manifestation lancée le 1er décembre dernier : le Voyage en Ukraine. Pendant quatre mois, jusqu’au 31 mars 2026, les deux Instituts français et ukrainien ont imaginé une programmation riche qui met à l’honneur tous les secteurs culturels : arts visuels, spectacle vivant, cinéma, création numérique ou encore patrimoine. Des rencontres et débats sont annoncés dans une vingtaine de villes françaises pour une immersion dans l’identité ukrainienne contemporaine et une réflexion sur les bouleversements récents en Europe. « Cette Saison est l’occasion pour nos acteurs culturels et nos artistes, ainsi que pour tous les citoyens français, de découvrir les différents volets de la riche identité culturelle, artistique et intellectuelle de l’Ukraine et de renforcer nos liens à cette occasion », assure la ministre de la Culture Rachida Dati.
Car dès les premiers jours de l’invasion russe, il y a quatre ans, le ministère de la Culture s’est mobilisé pour accueillir en France de professionnels de la culture, artistes et journalistes ukrainiens. La création du Fonds européen de solidarité pour les films ukrainiens a permis de maintenir une production cinématographique vivante pendant le conflit. Enfin le patrimoine, durement touché par la guerre, a fait l’objet d’un travail particulier avec l’accueil de restauratrices et conservatrices de musées ukrainiens dans le cadre de séminaires et de formations. Cette Saison marque ainsi une nouvelle étape fondamentale dans la relation entre les deux pays et ouvre la voie à de nouvelles coopérations dans tous les secteurs culturels.
La résilience, fil rouge de la programmation
Ce Voyage en Ukraine de quatre mois veut illustrer la résilience, la résistance et la mobilisation par la culture. « Il s’agit de la première Saison que l’Institut français fait avec un pays en guerre. Plus qu’un hommage, c’est un engagement pour faire résonner la voix de l’Ukraine et celle de la France, assure Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français, qui a mis en place, avec l’Institut ukrainien, une programmation suivant trois axes. Le premier c’est écouter ce que l’Ukraine a à dire d’elle-même. Le second, c’est écouter ce que l’Ukraine a à nous dire et enfin le troisième est la structuration d’une relation à long terme entre les deux pays. »
Une cinquantaine d’événements sont prévus dans une vingtaine de villes sur des sujets variés comme le bouleversement géopolitique à la suite de l’invasion russe, la lutte contre la désinformation ou encore la santé mentale. Ainsi, le temps de quatre soirées thématiques du 10 au 13 décembre, le Théâtre de la Concorde à Paris accueille des voix ukrainiennes illustrant le combat du pays pour sa liberté et sa dignité. Le 12 mars 2026, l’indépendance des médias, la lutte contre la désinformation et l’exercice du métier de journaliste dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine seront au cœur de discussions entre professionnels ukrainiens et français lors d’une soirée publique à la BNU de Strasbourg. À Lille, le 4 février, le Palais des Beaux-Arts reviendra sur le chef-d’œuvre de la peinture ukrainienne Les Cosaques Zaporogues écrivent une lettre au sultan turc. Enfin du côté du ministère de la Culture, une rencontre de haut niveau sur le patrimoine et l’architecture en Ukraine sera organisée en janvier avec ALIPH, alliance de protection du patrimoine, et l’Institut français.
Cette programmation d’une cinquantaine d’événements sera encore enrichie dans l’ensemble des territoires par l’ouverture à la labellisation de projets qui répondent aux enjeux de la Saison et impliquent des structures ou personnalités ukrainiennes.
Un partenariat avec les collectivités locales
Ce Voyage en Ukraine fera plusieurs escales en régions, et notamment dans le nord de la France. Du 20 au 24 janvier 2026, la ville de Lille organise « La culture en résistance » avec une dizaine d’événements dans les domaines de la danse, du cinéma, de la musique ou encore des expositions. « Pour nous, c’est un acte fort et une forme de témoignage de notre soutien à l’Ukraine et notamment à Kharkiv, notre ville jumelle depuis 1978. Depuis le début de l’invasion, nos liens se sont resserrés et nous avons engagé de nombreux projets de coopération », explique Alexandra Mahé, directrice des relations internationales à la ville de Lille. Le 24 janvier, une grande soirée littéraire réunira par exemple au Centre dramatique national le Théâtre du Nord deux auteurs : Yuliia Iliukha et Serheii Jadan.
Une autre étape est prévue aux scènes nationales Le Phénix de Valenciennes et la Maison de la culture d'Amiens avec une carte blanche donné au DCCC (Dnipro Center for Contemporary Culture), le nouveau centre culturel de la culture de Dnipro. Le 6 mars, un premier volet de cette carte blanche sera consacré à la musique électronique au Phénix de Valenciennes. Le second volet se déroulera à la Maison de la Culture d’Amiens, du 19 au 21 mars, à l’occasion également du soixantième anniversaire de la scène nationale et de l’Année Malraux. « Nous interrogerons, avec plusieurs professionnels et universitaires, l’avenir des réseaux des maisons de la culture en Ukraine et comment ces lieux peuvent devenir des nouveaux endroits pour le bien commun, capables d’offrir un cadre à la reconstruction culturelle et sociale », résume Romaric Daurier, directeur de la Maison de la culture d'Amiens.
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