Lancé début 2024, le Printemps de la ruralité, cette grande consultation nationale qui interrogeait les rapports entre le monde de la ruralité et la vie culturelle, aura été, pour Rachida Dati, ministre de la Culture, un véritable « laboratoire ». Cette consultation, dont le succès public doit beaucoup à l’engagement des directions régionales des affaires culturelles sur les territoires, lui sert de boussole dans son action : « servir tous les Français dans leur besoin de culture. »
« De Nontron, dans le Périgord noir, à Champdivers, dans le Jura, de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, au village de Meisenthal, j’ai fait un constat, a-t-elle souligné à l’occasion de la présentation de ses vœux aux acteurs culturels et à la presse, le 27 janvier, au Musée de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée : il n’y a aucun désert culturel dans notre pays. Mais j’ai aussi constaté que notre effort culturel était insuffisamment et inégalement réparti. »
Trois engagements pour mieux partager notre modèle culturel
« Reconnaître la variété des formes culturelles, c’est un enjeu politique majeur », a affirmé la ministre, dont c’est le premier engagement. « C’est pour cela, a-t-elle poursuivi, que je me suis attachée au monde rural, avec la reconnaissance de savoir-faire artisanaux, comme la ganterie de Millau, ou les pratiques festives avec le volet “Villages en fête” du plan Ruralité. C’est le même objectif que j’ai poursuivi en créant un label “Club Culture” pour ceux des établissements nocturnes qui sont des acteurs culturels à part entière, ou en annonçant récemment un plan de soutien au cabaret ». Un effort qui se poursuivra en 2025, avec notamment la concrétisation du « projet de la Maison du hip hop, qui s’appellera la Maison des cultures urbaines, et trouvera sa place à La Villette, dans un lieu magnifique qui sera dévoilé en mars ».
Deuxième engagement : faire en sorte que la politique culturelle s’adresse à tous les Français. « L’audiovisuel public doit rester un référent commun de culture et d’information pour tous les Français et sur tous les territoires », a-t-elle insisté, en assurant que la réforme de l’audiovisuel public sera portée à son terme « d’ici l’été ». Sur le dossier de l’information, la ministre a indiqué que le Gouvernement donnera une « traduction législative » aux recommandations issues des États Généraux de l’information qui se sont tenus en 2024.
« Avec ce souci d’aller à la rencontre des publics qui ne viennent pas forcément dans nos lieux, notamment parce qu’ils en sont éloignés, je souhaite que nous ayons cet été toute une saison d’actions exceptionnelles dans les campings. Le ministère de la Culture, avec les DRAC et les acteurs professionnels, organisera cet été culturel dans les campings, et j’appelle chacun d’entre vous à se mobiliser », a dit la Ministre.
Dans le même esprit, la Ministre a plaidé pour un renforcement de l’accessibilité culturelle. « Je veux que les lieux de culture soient des lieux accessibles à tous, notamment aux personnes en situation de handicap, a-t-elle assuré. Le pass Culture enfin 100% accessible en 2025. Ce sera aussi l’année où tous les ouvrages seront, dès leur parution, accessibles et adaptés au public aujourd’hui empêché de lire, sur un portail de l’édition accessible et adapté ».
Développer une politique culturelle qui crée et renforce les synergies, tel est le troisième engagement de la Ministre. « C’est toute la démarche du plan “Culture et ruralité” et de ses 23 mesures, a assuré la Ministre : si elles sont structurantes, c’est parce qu’elles ne sont pas un ajout hors sol à des actions existantes, mais qu’elles constituent une rénovation et un élargissement global de notre action en faveur de la culture dans le monde rural ». On peut également citer la reprise du dialogue avec les acteurs de l’éducation populaire, notamment les MJC, et une initiative visant à implanter des librairies en pied d’immeubles, dans les quartiers prioritaires de la ville. « Les premières librairies verront le jour dans les prochains mois », a précisé Rachida Dati.
La Ministre est enfin revenue sur la réforme du pass Culture, assumant d’avoir « un regard critique pour en améliorer le fonctionnement. 2025 doit être à cet égard l’année d’un pass Culture rénové, en particulier pour les jeunes qui en sont le plus éloignés. C’est en bonne voie, le dernier bilan indique +30% pour le spectacle vivant sur le pass Culture ! »
Cinq chantiers pour 2025
Premier chantier : concrétiser le projet de National Trust à la française. « Notre ambition est de proposer un modèle où le Centre des monuments nationaux (CMN), par exemple dans le cadre d’une filiale, invente d’autres modes d’intervention, en partenariat avec les différents acteurs du patrimoine », a souligné la Ministre, en indiquant qu’elle « confiera à la présidente du CMN une mission de réflexion sur ce sujet ».
Deuxième chantier : relancer une grande politique en faveur de l’architecture. « Notre pays a un besoin vital d’architectes, a martelé la ministre, en précisant qu’elle annoncera dans les prochains jours « une stratégie nationale pour l’architecture ». A noter : cette stratégie intègrera un volet important en faveur des écoles d’architecture.
Troisième chantier : remettre la culture scientifique au centre de nos politiques culturelles. « En plus de notre opérateur national, Universcience, les autres grands acteurs de la culture – sociétés de l’audiovisuel public, grands musées… – ont un rôle à jouer pour démocratiser la culture scientifique et développer l’esprit critique ».
Quatrième chantier : fédérer les énergies pour mieux défendre la scène française des arts visuels. « Pour donner un élan sans précédent à la scène française, notamment à l’international, je propose la création d’une grande fondation pour l’art contemporain français, basée sur un modèle juridique public-privé comparable à la Fondation du patrimoine », a expliqué la ministre.
Cinquième chantier : mener un grand projet autour de la transmission du patrimoine et de la culture cinématographiques. « C’est à Paris, en 1895, que les frères Lumière ont inventé le cinéma. Aujourd’hui, nous valorisons mal les collections formidables dont nous disposons. Pour la célébration des 130 ans du cinéma, j’ai l’ambition de développer un grand projet pour valoriser ce patrimoine ».
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