« Le public a faim de musique »
Julien Schmitt et Kaï Reznik, duo de Fragile Figures
Que représente la Fête de la musique pour vous ?
Ce rendez-vous est déjà l’opportunité de se relancer ; de retrouver une visibilité, une fenêtre sur un public traditionnellement plus large et populaire qu’à l’accoutumé. C’est aussi se remettre en jambe avant les prochains concerts, et conjurer cette perte de confiance ressentie après des mois sans se produire. Pour tous les musiciens, la scène est fondamentale…, et celle-ci peut être un tremplin pour faire revenir de nombreux groupes qui avaient raccroché leur guitare, et panser une longue absence.
Ces retrouvailles ont-elles une saveur particulière ?
Énormément. Notre duo a eu la chance de jouer quelques jours après la réouverture des salles. On a pris une grosse claque, une vraie dose d’émotion. Sur scène, ce sont des moments forts, une synergie avec le public. Même si les masques ont tendance à cacher l’émotion sur les visages, cela n’empêche pas de sentir l’énergie qui se dégage, et une véritable faim de musique qui émane de l’auditoire. Même s’il est trop tôt pour ça, on a tous envie de se prendre dans les bras ! Mais la configuration assise a aussi son côté positif : elle encourage une attention particulière, une écoute différente, des retours plus fins…, une autre forme d’alchimie.
Quelques mots sur votre répertoire ?
Notre histoire a commencé en 1991, sur une niche musicale très « noise », léchée, indé. Après des aventures solos, notre duo s’est reformé, mêlant ses propres cultures musicales. Tous deux fans de films, notre univers est très photographique, introspectif, cinématographique…, à l’image d’un road-movie. L’ambiance emprunte au voyage, aux plans séquences. De l’électro, une basse, une guitare…, sans chant, l’ensemble se réclame des influences de Sonic Youth, de musiques de films, de séries. Comme une toile, rien n'est imposé…, le public pioche et interprète ce qu’il veut.
Fragile Figures se produira à La Rodia de Besançon. Concerts sur la terrasse avec une ouverture de 17h30 à 22h30.
« Rien ne remplace le contact humain »
Mila Dietrich – Techno/électro
Que représente pour vous la Fête de la musique ?
Ce rendez-vous est une façon de célébrer toutes les musiques. C’est une grande fête où tous les styles sont représentés, à la croisée de tous les publics. Des gens qui n’ont pas forcément l’habitude d’aller voir des concerts sortent à cette occasion, découvrent des artistes… tout le monde se mélange. C’est aussi un retour au live, malgré les contraintes et les mesures sanitaires ; un retour sur scène qui aura enfin lieu. Je le vois vraiment comme un exutoire au sortir de cette période.
Ces retrouvailles ont-elles une saveur particulière ?
Nous sommes tous impatients de remonter sur scène, de sentir le public, et réciproquement ! J’attends une vraie communion avec le public, qui j’en suis sûre répondra présent comme il le fut sur les réseaux sociaux pendant les confinements. Jouer devant les gens pendant des live stream filmés était très motivant pour la reprise, mais naturellement, rien ne remplace le contact humain !
Quelques mots sur votre répertoire ?
La fête de la musique sera justement l’occasion de défendre mon nouvel album sur scène, une musique électro aux influences aussi variées que la new wave, l’ambiante…, et qui va également puiser énormément dans l’univers du cinéma. La cover de l’album donne le ton ! Ces retrouvailles seront encore plus intenses grâce aux artistes que j’ai eu la chance d’inviter ce soir-là, une programmation au féminin éclectique, mais toujours dans le mood électronique expérimental.
Mila Dietrich se produira en extérieur au Petit Bain à Paris, avec Dépression Mondaine, Sara Zinger et Denuit.
« La musique, c’est l'histoire d'une transmission »
Mouss & Hakim (groupe Zebda), avec la Cité des Marmots
Que représente pour vous la Fête de la musique ?
La Fête de la musique, c’est avant tout la musique pour tout le monde. Comme le sport, pas besoin d’être un pro pour la pratiquer, prendre du plaisir, aller à la rencontre du public. En tant que musiciens professionnels, on sait à quel point c’est important. Montrer sa progression, se confronter aux gens… c’est surtout ça, la vraie valeur de ce rendez-vous. Le 21 juin, c’est un peu notre fête du Travail à nous, les musiciens. Un jour où l’on ne joue pas forcément, où l’on choisit de se balader, de découvrir des talents, de déambuler de petites scènes en terrasses…, sur fond de bande originale.
Ces retrouvailles ont-elles une saveur particulière ?
Elles seront bien sûr très progressives, un pas vers l’autre, dans des conditions qui permettront un peu plus de liberté. C’est du ressort de l’affectif. Quand les concerts se sont arrêtés il y a un an, la scène nous a viscéralement manquée. Et pourtant, très vite, c’est surtout le besoin de partager un verre qui s’est fait sentir ! Les deux symbolisent l’envie d’être ensemble, d’être connectés aux autres. Au-delà de l’intensité ressentie sur scène, être spectateur, prendre le pouls de la salle…, compte finalement tout autant que de jouer en concert.
Quelques mots sur votre répertoire ?
Avec Hakim, nous poursuivons un projet baptisé la Cité des Marmots, initié et porté par l’association Villes des Musiques du Monde. La Fête de la musique sera le point d’orgue des nombreux ateliers de chants collectifs menés dans plusieurs écoles de la Seine-Saint-Denis, où les enfants apprennent à chanter ensemble, à se coordonner, à suivre le tempo. Le répertoire est le résultat de toutes ces répétitions, mais c’est surtout l’histoire d’une transmission, l’une des plus belles valeurs véhiculées par la musique. Fondamentale dans l’apprentissage, l’éducation, elle participe à notre faculté à se souvenir. Parce que finalement, pour nous, la culture n’est pas un agenda, c’est tout un processus. Quelque chose qui doit être présent tout au long de la vie.
Mouss & Hakim se produiront au CNAM avec les enfants du projet la Cité des Marmots, avec la complicité du Festival Villes des Musiques du Monde
« Une émotion qui a besoin de s’exprimer »
Samuel Strouk, quartet Loco Cello
Que représente pour vous la Fête de la musique ?
J’ai vécu les premières Fête de la musique quand j’étais enfant, avec mes parents. Je me souviens de cette atmosphère folle, des musiciens partout dans les bars, de cette ambiance très impressionnante qui régnait dans les rues de Montpellier, où je suis né. C’était un sentiment de partage, de rendez-vous populaire, de lien humain…, des souvenirs gravés. Pour moi c’est cela, la Fête de la musique. Un grand mélange de musiciens pros, amateurs, de jeunes, de moins jeunes… Le sentiment d’une liberté retrouvée.
Ces retrouvailles ont-elles une saveur particulière ?
Quand on est musicien, on parle le langage de l’émotion. Une émotion qui par nature a besoin de s’exprimer… Alors retrouver la scène après en avoir été privé pendant un long moment présage un vrai bon moment musical, une communion avec le public. De par sa gratuité, cette fête est l’occasion de jouer devant un public différent, et j'imagine très impatient de revivre l’intensité des concerts.
Quelques mots sur votre répertoire ?
Loco Cello, c’est d’abord une musique de rassemblement. Un quartet qui emprunte au classique sa rigueur, au jazz sa liberté d’improvisation, au jazz manouche sa folie, à la musique du monde son universalité. C’est un amalgame d’influences, un répertoire rythmé par deux guitares, une contrebasse et un violoncelle ; des compositions qui se rappellent à la mémoire de tous. Chacun pourra y puiser sa référence, son goût musical, son histoire…, et laisser libre cours à son imaginaire.
Loco Cello se produira le 21 juin à 21h au Parc Charles-de-Gaulle, à Houilles (78)
« Une opportunité de rencontres… »
Juliette (Juliette & Léo) - Folk
Que représente pour vous la Fête de la musique ?
Mon frère et moi avons 20 et 22 ans. Ce rendez-vous a donc toujours fait partie du paysage, et représente une occasion importante de promouvoir la musique. Même si des événements ont lieu toute l’année, cette fête rassemble le pays tout entier. Nous avions déjà participé à l’édition 2019, du coup nous sommes vraiment heureux de remettre ça cette année, dans une ambiance conviviale.
Ces retrouvailles ont-elles une saveur particulière ?
Surtout en cette période ! Nous sommes ravis et impatients de jouer un répertoire qui n’a pu s’exprimer pendant un an. C’est une opportunité unique de dévoiler notre musique aux gens, de faire des rencontres qui vont potentiellement nous amener à se produire dans d’autres lieux. À la différence des représentations proposées dans d’autres contextes (inaugurations, vœux, restaurants), les gens viennent uniquement pour la musique. Et ça, c’est le bonheur.
Quelques mots sur votre répertoire ?
Juliette & Léo est un duo acoustique qui reprend de grands classiques populaires. Des Beatles à Hallelujah de Léonard Cohen, d’Il est libre Max à Aïcha de Khaled…, nous rejouons la partition de grands succès mélodiques et fédérateurs qui évoquent beaucoup de souvenirs aux gens. Guitare, violon, piano, violon, auto-harpe…, nous interprétons les morceaux accompagnés de plusieurs instruments, travaillons avec soin les arrangements et les harmonies vocales. L’ensemble procure une atmosphère doucement folk, teintée d’une certaine émotion.
Juliette & Léo se produiront de 19 h à 20 h à Cour Athic à Obernay (67) le 21 juin
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