Maîtriser les impacts écologiques de l'offre culturelle numérique avec l'écoconception
Visites virtuelles, dématérialisation des collections… les structures culturelles se transforment avec les innovations numériques, celles-ci ont un impact écologique important et croissant. Pour profiter à bon escient de ces technologies et limiter leur coût écologique, il est important d’écoconcevoir ces services.
L’impact écologique de l’offre numérique culturelle
Le numérique culturel, une offre en pleine expansion
L’offre culturelle s’est largement déployée du côté du numérique. Cela est notamment visible avec la multiplication des plateformes de flux (streaming) de contenus culturels, en particulier la vidéo. On estime qu’en 2020, ces flux de contenus représentent 60% de la consommation d’internet au niveau mondial. L’Arcom indique dans un rapport de 2024 que le streaming compte pour 33% de l’impact du numérique français.
Cette intensification de l’usage du numérique dans le monde de la culture se traduit aussi par une mise à disposition des collections et des œuvres en ligne ou encore le développement d’expositions et d’événements culturels qui intègrent une composante numérique (visite virtuelle, reconstitution numérique, écrans d’informations…).
De plus, une part de plus en plus importante du travail des structures culturelles s’effectue numériquement. L’archivage, les processus administratifs et ceux de gestion sont ainsi optimisés grâce au numérique.
Le numérique fait également aujourd’hui partie intégrante de la création culturelle. Par exemple, la production et la post-production audiovisuelles sont faites très largement grâce à des outils numériques.
De nouvelles innovations… et de nouveaux impacts écologiques
Aujourd’hui, les formes de l'offre numérique se diversifient. Les technologies récentes comme la chaîne de blocs (blockchain), les jetons non-fongibles (NFT), le métavers, ou encore l’intelligence artificielle se développent progressivement dans le monde culturel.
Or, ces différentes technologies ont un impact écologique encore mal défini, mais certain. Certaines sources estiment par exemple qu'un seul bitcoin aurait une empreinte carbone de 169 tonnes de CO2… alors que pour vivre dans un monde soutenable, un individu ne devrait pas avoir une empreinte de plus de 2 tonnes de CO2 par an.
Une croissance des émissions de gaz à effet de serre
En raison de l’importance et de la multiplicité de ces différents usages, les émissions de gaz à effets de serre mondiales (GES) liées au numérique culturel sont en croissance très rapide, à rebours de la maîtrise des émissions de GES qui s’opère dans la plupart des autres activités économiques.
Ecoconcevoir l’offre culturelle
Le numérique est indéniablement attractif pour le secteur culturel : il peut permettre de proposer d’autres formats. Il peut aussi, sous certaines conditions, éviter des pratiques culturelles à plus forts impacts écologiques (par exemple une visite virtuelle en lieu et place d'un déplacement en avion fortement émissif de gaz à effet de serre). Cependant, le coût carbone du numérique demeure important, c’est pourquoi il est essentiel de pratiquer l’écoconception. Il s’agit d’une démarche globale qui permet d’élaborer des services numériques respectueux des impératifs écologiques.
Avoir une utilisation raisonnée
Pour écoconcevoir un produit, il faut d’abord s’interroger sur sa raison d’être et sa pertinence à répondre à un objectif donné. L’existence du service est-elle vraiment nécessaire ? Une alternative non numérique du service est-elle envisageable ou même préférable ?
Optimiser le coût écologique de l’offre
Si le service ne peut être rendu qu'avec le numérique, il faudra s’assurer de limiter les impacts écologiques, notamment en veillant à ne pas entraîner le renouvellement du matériel de la structure culturelle ou des futurs utilisateurs du service en question. Il faudra également réduire au maximum le transfert de données, éviter des consommations électriques importantes...
Maîtriser « l’effet rebond »
Même si une technologie peut sembler très pertinente et désirable, elle peut générer ce que l’on nomme « l’effet rebond »
Qu'est-ce que l'effet rebond ?
Il y a un effet rebond quand une évolution technologique qui permet une moindre consommation d’énergie ou de ressources se retrouve employée à plus grande échelle, si bien qu’elle consomme finalement plus que la technologie qu’elle remplace. On appelle aussi l’effet rebond le « Paradoxe de Jevons ».
En résumé, des avancées qui permettraient d'optimiser l'utilisation des ressources, et donc de réduire les émissions du numériques, créent finalement de nouvelles pratiques dont les impacts s'ajoutent à ceux des usages déjà existants.
Quelques outils à votre disposition :
- Un référentiel d'écoconception a été conçu par l’Arcep et l’Afnor en lien avec l’Ademe et en collaboration avec la DINUM, la CNIL et l’Inria
- EcoInfo a rédigé un guide proposant des critères qui permettent de qualifier, voire de quantifier pour certains, les impacts d'un projet en intelligence artificielle.
- Ecoindex est quant à lui un outil proposé par GreenIT pour évaluer la performance écologique d'une page web, selon plusieurs mesures (classement, impacts écologiques associés, empreinte « technique » ...).
Vous pouvez également retrouver plus d'outils et de guides dans notre Centre de ressources.
Partager la page