Financement Participatif France a publié son baromètre annuel du crowdfunding, réalisé en partenariat avec KPMG. La finance alternative y confirme son dynamisme avec 1,4 milliard d’euros récoltés en 2018, enregistrant une progression de 39% par rapport à 2017. Le financement participatif en don est cependant en stagnation.

Le baromètre du crowdfunding s’appuie sur les réponses de près de 80 des principales plateformes opérant dans le secteur de la finance alternative. Il mesure cinq modes de financement de la finance alternative : les prêts à la consommation en ligne, les cagnottes, le financement participatif, la solidarité embarquée et les fonds de prêt aux entreprises en ligne et affacturage.

La moitié des dons avec ou sans récompense financent le secteur culturel

En 2018, le financement participatif représente un total de 402 millions d’euros, en augmentation de 20% par rapport à l’année précédente. Il se décline en dons (avec ou sans récompense), prêts et investissements en capital ou en royalties. Les plateformes de prêt ont à elles seules tiré la croissance du marché, avec des fonds collectés en hausse de 40 % entre 2017 et 2018. Le montant des dons est en revanche en baisse de 2 % après deux années de croissance. Cette baisse s’explique par une moindre croissance de certains acteurs qui ont atteint une certaine « vitesse de croisière » et un repositionnement de plateformes vers d’autres outils de collecte telles que les formulaires d’adhésion ou de billetterie, plus adaptés pour les associations par exemple, et sortant du spectre de la finance participative pour être assimilés à de la cagnotte en ligne. Les investissements sont également en chute de 19 % sur un an.

Les dons se caractérisent par une plus grande dispersion des fonds, des contributions plus petites soutenant un nombre plus important de projets. Ainsi, les 81,5 millions d’euros consentis par les donateurs en 2018 permettent de financer 28.000 projets, avec une contribution moyenne de 58 à 91 euros.

Près de la moitié des dons viennent au soutien du secteur culturel : les dons au secteur culturel sans récompense et avec récompense représentent respectivement 5,4 et 33,4 millions d’euros. Ils se répartissent pour un tiers dans l’audiovisuel et la musique, pour un autre tiers dans l’édition, le journalisme et les publications, l’autre tiers se partageant entre le spectacle vivant, les arts plastiques, et le patrimoine.

Les possibilités nouvelles offertes par l'outil numérique expliquent le succès de ce mode de financement tant auprès des financeurs que des porteurs de projet

Le financement participatif connait un développement soutenu depuis le lancement des premières plateformes françaises en 2008. D’après l’étude, il s’inscrit dans les mutations fortes de nos sociétés et répond à trois attentes des particuliers : l’accessibilité, chaque particulier pouvant contribuer à partir de quelques euros au projet qu’il souhaite soutenir en optant pour le mode de financement de son choix ; la transparence sur la destination finale de ses fonds et ce qu’il va financer ; enfin la traçabilité, le donateur pouvant suivre l’évolution des projets financés et éventuellement apporter sa contribution à son développement.

Une enquête menée en mai 2018 par GVM Conseil pour FPF, la Banque Postale et le Crédit Municipal de Paris a révélé qu’1 Français sur 7 a déjà contribué à un projet sur une plateforme de financement participatif. Parmi ceux-ci, 82% l’ont fait en don, contre seulement 15% en prêt et 12% en investissement. Cette enquête montre que l’emprise sur le réel et son environnement proche constitue une motivation forte pour les Français. Dans le cas d’une campagne de prévente (ou de don avec contrepartie), la récompense promise par le porteur de projet peut avoir une importance significative pour le financeur. L’étude note également un intérêt grandissant du public pour des projets relevant des biens communs, notamment de projets lancés par ou avec le soutien de collectivités territoriales, à l’instar du « Loto du patrimoine » porté par Stéphane Bern et lancé en septembre 2018 pour sauver des dizaines de monuments en péril.

En 2018, 1.527.603 financeurs ont contribué au financement d’un projet. En ce qui concerne la provenance géographique, on observe une forte concentration en Île-de-France, cette région rassemblant un quart des volumes collectés. Elle est suivie par les régions Auvergne Rhône-Alpes avec 18% de de la collecte  et loin derrière Occitanie (9%). Cette concentration géographique est à mettre en relation avec le profil des financeurs, relativement plus représentés dans les groupes qui utilisent plus que la moyenne internet et dont la culture financière est supérieure à la moyenne : cadres et professions intellectuelles supérieures, diplômés du supérieur, hauts revenus.

Du côté des porteurs de projets, le financement participatif en don représente un outil décisif pour le financement et la concrétisation de leur projet. Ulule et KissKissBankBank, les leaders « généralistes » du don et du préachat, se sont engagés dans une démarche d’évaluation et de mesures d’impact avec des méthodes différentes. Ces plateformes ont constaté que l’argent levé par le biais du financement participatif avait contribué à créer plusieurs milliers d’emplois. L’argent collecté grâce aux plateformes génère en outre un effet de levier, permettant d’attirer des financements complémentaires tels que des subventions, du mécénat, du sponsoring et des prêts bancaires. Outre l’argent mobilisé, l’appui aux projets apporté par les plateformes est précieux et apprécié des financeurs comme des porteurs de projet. Souvent, le financement participatif permet de rendre possibles des projets qui sans l’intervention des plateformes auraient eu des difficultés à se faire financer.