Marius Dallest
Marius Dallest est un architecte DPLG, actif à Marseille et en Provence, de 1912 à 1956, avec une interruption entre 1942 et 1946.
Marius Dallest est né à Cassis le 14 février 1880. Il vient d’une famille de marins : son père, Louis Dallest, comme son grand-père maternel, Marius Négrel, étaient capitaines au long cours. Marius Dallest passe une partie de sa jeunesse à Philippeville, en Algérie, où son père est en poste.
En 1900, il intègre l’atelier de l’architecte Scellier de Gisors afin d’y préparer le concours d’entrée à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA). Admis lors de la session de novembre 1901, il y étudie successivement sous la direction de Louis-Henri Scellier de Gisors (1844-1905) et de Louis Bernier (1845-1921). En juin 1907, il obtient son diplôme d’architecte. Au cours de son cursus, il se distingue par trois fois en obtenant une Première Seconde Médaille, mais il ne concourt jamais pour le Grand Prix de Rome.
Marius Dallest ouvre une agence d’architecture à Marseille en 1912. Avant la Première Guerre mondiale, il collabore à plusieurs reprises avec l’architecte Charles Héraud (1859-?) avec qui il édifie un réservoir viticole à La Ciotat (1913) et un caveau funéraire à Marseille (1914). Réalisations très différentes en termes de programme mais qui ont en commun d’être réalisées en béton (procédé Hennebique).
Rapidement, parallèlement à son exercice libéral, Marius Dallest entame une carrière d’enseignant : en 1918, il est d’abord nommé pour remplacer pendant deux mois Eugène Sénès, professeur titulaire d’Architecture à l’Ecole régionale d’architecture de Marseille, mobilisé par la guerre. En 1919, au retour de ce dernier, Marius Dallest est titularisé en tant que professeur de Décoration architecturale, poste qu’il occupera de 1919 à 1945, date de son départ à la retraite. A partir de 1930, il assure en plus les fonctions de chef d’atelier. A ce titre, il prépare les élèves au concours d’admission de l’Ecole. Toutefois, Marius Dallest s’investit peu dans son rôle d’enseignant. Dans une note datée du 14 janvier 1938, le directeur de l’école regrette que « de 1924 à 1936, monsieur Dallest, très pris par ses travaux personnels, [se soit] très sensiblement désintéressé de sa situation à l’Ecole ». En 1930, il est même rétrogradé de la première catégorie où il figurait en tant que chef d’atelier.
Pendant l’Entre-deux-guerres, l’intense activité de Marius Dallest en fait l’une des figures importantes de la scène architecturale régionale.
De 1921 à 1925, il assume la charge d’architecte-expert municipal dans l’important dossier du réaménagement des quartiers de la Bourse. En juillet 1931, l’élaboration du Plan d’aménagement régional de Marseille lui est confiée, étude d’urbanisme menée en concertation avec le Plan d’aménagement de la ville de Marseille réalisé par Jacques Gréber (1882-1962).
Pour une clientèle privée, il construit à Marseille le siège de la Compagnie de navigation Paquet (11 rue Mazenod, 1927), le magasin des Dames de France (1925-1928, en collaboration avec Eugène Sénès et Febvre), des immeubles en copropriété. Pour la municipalité, il réalise une dizaine d’écoles municipales à Marseille (en collaboration avec Marcel Peyridier, 1938).
Au tournant des années 1930, il collabore à plusieurs reprises avec Gaston Castel (1886-1971). En 1928, les deux hommes élaborent un modèle d’immeuble à Loyer Modéré, en application des lois Loucheur. A Arles, ils édifient la salle des fêtes (1929-1931) et, à Marseille, l’Hôtel des Douanes (en collaboration avec Jean Rozan, 1935).
Enfin, Marius Dallest mène une carrière officielle en tant qu’architecte régional des Postes Télégraphes Téléphones (PTT). Nommé par arrêté du Sous-secrétaire d’Etat des PTT le 12 décembre 1923, il est le premier architecte régional en fonction à Marseille (le poste est créé en même temps que le cadre des architectes des PTT est porté à vingt-huit membres). Neuf ans plus tard, le 27 août 1932, Marius Dallest est relevé de ses fonctions par arrêté ministériel. Cette décision fait suite à deux enquêtes : l’une menée par Michel Roux-Spitz (1888-1957), architecte du cadre de Paris agissant comme expert de l’administration ; l’autre menée par M. Raynal, Inspecteur général. Ces enquêtes concernent une opération dans laquelle Marius Dallest « a manifestement négligé de défendre les intérêts de l’administration et commis des fautes professionnelles graves », indiquent les archives, sans toutefois préciser de quelle opération il s’agit. Quoi qu’il en soit, entre 1923 et 1932, au titre d’architecte régional des PTT, Marius Dallest réalise plusieurs opérations: en 1930, il agrandit l’hôtel des Postes Marseille-Honnorat, construit par Fournier en 1912, et le dote notamment d’une nouvelle salle de tri pour le courrier ; il installe le magasin régional des PTT (1931-1932) dans d’anciens locaux industriels situés boulevard de la Paix. Il construit également les centraux téléphoniques Marseille Dragon (1925) et Marseille National (1931-1933) qui sont emblématiques de la capacité de l’architecte à passer, du point de vue formel, d’un registre traditionnel à un répertoire beaucoup plus novateur.
La Seconde Guerre mondiale réduit Marius Dallest à l’inactivité. Au sortir du conflit, bien que déjà relativement âgé, il est associé à la reconstruction du Vieux-Port en tant qu’Architecte chef de Groupe. Les immeubles qu’il conçoit (Groupe 9 : Les patios et la rampe Saint-Laurent, architectes d’opération : Charles Favel, F. Huot ; E. Tousche) mettent en oeuvre un procédé constructif mixte associant béton et maçonnerie de moellons. Il s’agit de sa dernière réalisation importante. Marius Dallest fait également partie du collège d’architectes réunis par Jean de Mailly (1911- 1975) pour l’étude de l’opération de reconstruction Marseille Bourse. Enfin, en 1949-1950, il cosigne avec Gaston Castel, Jean Crozet et Louis Olmeta, un projet de nouvel Hôtel de ville pour Marseille (non réalisé).
Sources
Archives
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Hennebique, Dossiers 076 Ifa 2002/26, 076 Ifa 2054/2, 076 Ifa 2186/12, 076 Ifa 2224/3, 076 Ifa 2553/22, 076 Ifa 2612/6.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Tournon, Dossier 351 AA 2/9.
- AN, Fonds de l’Ecole des Beaux-arts de Paris, AJ 52 403.
- AM Arles, Dossiers du personnel municipal, 663 W 4267.
- AM Arles, Arrêté municipal du 22 juillet 1931, AM 478 W 462.
- AD 13, Fonds Chirié, 75 J.
- AD 13, Fonds Castel, 86 J.
Sources imprimées
- Anonyme, « Dallest Marius », L’Album photographique et biographique de personnalités de Marseille, Marseille, Edité par le journal La correspondance méridionale, 1936-1938, Préface d’Emile Ripert, p.131.
- Anonyme, « Inauguration des Dames de France », Sud Magazine, n°2, 1ère année, 15 octobre 1928, p.24.
- Anonyme, « La salle des fêtes d’Arles », La Construction moderne, 48ème volume, 1932-1933, p.148.
- Anonyme, « L’Hôtel des Douanes de Marseille », Sud Magazine, n°127, 8ème année, 15 mai 1935, p.29.
- Anonyme, « L’oeuvre des architectes marseillais : Jean Rozan, Gaston Castel et Marius Dallest», Sud Magazine, n°122, 7ème année, 15 décembre 1934, p.28.
- Anonyme, « Les nouvelles écoles de Marseille », Sud Magazine, n°154, 11ème année, janvier 1938, p.32.
- Anonyme, « Les nouvelles écoles de Marseille », Sud Magazine, n°155, 11ème année, mars-avril 1938.
- Anonyme, « Les nouvelles écoles de la ville de Marseille », Sud Magazine, n°156, 11ème année, juin-juillet 1938, p.1.
- Anonyme, « Les nouvelles écoles de la ville de Marseille », Sud Magazine, n°157, 11ème année, octobre-novembre 1938, p.30- p.31.
- Dallest Marius, « Aménagement de la cité par l’extension du réseau téléphonique », Sud Magazine, n°80, 16 mai 1932, p.33- p.35.
- Dallest Marius, « L’habitation », Sud Magazine, n°122, 15 décembre 1934, p.20.
- Dallest Marius, « Sur la construction », Sud Magazine, n°5, 1er décembre 1928, p.7-p.10.
- Dallest Marius, « Les patios et la rampe Saint-Laurent », Marseille, 3ème série, n°4, 1949, p.54.
- Entreprise Juien frères, Entreprise Julien frères, Marseille. Principales réalisations depuis le début du vingtième siècle, Marseille, Imprimerie méridionale, s.d. circa 1938.
- Voisin A., « Une visite à la salle des fêtes d’Arles », Sud Magazine, n°64, 4ème année, 1er-16 septembre 1931, p.5-p.7.
Bibliographie
- Marantz-Jaen Eléonore, Architectes en exercice à Marseille 1927-1979, document dactylographié, 2003.
- Ricateau-Marciano Florence, Formation et carrière des élèves de la classe d’architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille 1813-1914, Thèse de doctorat sous la direction de Claude Massu, Université de Provence, 1999, p.513-p.514.
Base de données
- Base Mérimée (Ministère de la Culture).
Partager la page