Communiqué de presse - INRAP
26 août 2019
Menhirs, alignements et cercles de pierres
Encadrée de reliefs volcaniques, caractéristiques de la « Limagne des buttes », la fouille, d’1,6 hectare, a révélé une trentaine de monolithes, d’1 m à 1,60 m. Ces menhirs forment un alignement plus ou moins rectiligne et continu, s’étirant sur 150 m dans l’emprise de la fouille et vraisemblablement au-delà. Ils sont bordés d’un autre alignement de gros blocs de pierre, dans la continuité duquel, cinq pierres composent un ensemble en fer à cheval. Enfin, six blocs, régulièrement espacés, forment un cercle de 15 m de diamètre.
Bien visible dans le paysage, le plus grand alignement présente une étonnante perspective : les plus grands menhirs sont principalement en haut de pente au nord, les plus petits au sud, moins espacés les uns des autres. Cet alignement suit un axe nord-sud, à proximité immédiate du passage d’un col, désormais emprunté par les automobilistes.
À l’image de certains monuments, dont Belz dans le Morbihan, les menhirs de Veyre-Monton ont été abattus afin de les faire disparaître du paysage. Poussés dans de grandes fosses, parfois mutilés ou recouverts de terre, ces monolithes ont fait l’objet de gestes iconoclastes, sorte de condamnation peut-être liée à quelque changement de communauté ou de croyances.
Cet ensemble évoque de prime abord les grands monuments mégalithiques armoricains, celui de Carnac notamment, mais il s’insère dans un dense maillage d’expressions mégalithiques présentes dans toute l’Europe occidentale.
Une statue anthropomorphe
Au sein de l’alignement principal, l’un des menhirs se distingue par la nature calcaire de sa roche et par le fait qu’il soit sculpté. Grossièrement anthropomorphe, la statue présente une éminence arrondie, posée sur des épaules sommairement dégrossies, ainsi que deux petits seins. Ces reliefs ont été obtenus en taillant l’ensemble de la surface de la pierre. Une cinquantaine de centimètres sous les seins, des enlèvements symétriques, très érodés, mais formant un chevron gravé pourraient correspondre à des avant-bras posés sur l’abdomen. Cette statue-menhir est, actuellement, le seul exemplaire connu en Auvergne. Ces statues sont rares sur le territoire français, principalement attestées en domaine méditerranéen (Occitanie, Provence, Corse). Toutefois, la statue-menhir de Veyre-Monton montre des dissemblances avec ces exemplaires méridionaux, son style fruste et ses petits seins rapprochés invitant davantage aux comparaisons avec les rares exemplaires septentrionaux, bretons ou suisses.
Une sépulture monumentale
Le cairn de 14 m de long et 6,5 m de large, quadrangulaire, est construit autour d’une tombe. Cette sépulture accueille les restes d’un homme de grande taille. Son corps était protégé par un réceptacle de bois aujourd’hui disparu, entouré et calé de blocs. Au vu de leurs dimensions, certains de ces blocs peuvent correspondre à des menhirs déplacés, voire même volontairement fragmentés.
À l’image de l’alignement de menhirs, le cairn a finalement été délibérément effacé du paysage. Les pierres qui constituaient son élévation ont été arrachées du monument et rejetées dans une grande fosse accolée à celui-ci.
Des pierres aux origines multiples ?
30 tonnes de pierres, transportées sur quelques kilomètres, ont été nécessaires à l’édification du cairn. Les menhirs de basalte proviennent de différentes origines. Leur poids inférieur à la tonne, n’implique pas forcément de prouesse technique pour leur transport, mais représente néanmoins un investissement humain considérable. Entre autres hypothèses, on peut envisager que différentes communautés aient contribué à l’alignement en acheminant des pierres provenant de leur territoire. Deux des sites d’extraction possibles, les plateaux du Crest et de Corent, sont d’importants lieux d’occupation durant le Néolithique et la Protohistoire.
Une chronologie délicate à préciser
Alors que les sites archéologiques d’habitat livrent généralement des objets qui permettent de définir précisément leur période d’occupation, le site de Veyre-Monton est particulièrement pauvre en la matière. Ainsi, si son occupation s’inscrit vraisemblablement sur le temps long, les communautés qui s’y sont succédé ont laissé bien peu d’indices de datation. La chronologie précise des occupations demeure par conséquent à établir sur la base d’analyses à venir, en particulier par le radiocarbone, que ce soit sur le squelette de l’individu occupant le centre du cairn ou sur les rares restes de faune. En dépit du caractère nouveau des structures, les éléments de comparaison extrarégionaux permettent, pour l’heure, de situer l’occupation principale du site au sein d’une période couvrant plusieurs millénaires, du Néolithique à l’âge du Bronze.
L’Inrap
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
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