C’est un monument du cinéma qui vient de disparaître.
Michel Piccoli, c’était d’abord une présence.
A la fois charismatique et magnétique, il a marqué d’une empreinte indélébile les rôles qu’il a interprétés tout au long d’une carrière exceptionnelle de plus de 200 films et 60 pièces.
Du bouleversant « Roi Lear » au théâtre de l’Odéon au scandaleux Michel de « La grande bouffe », en passant par le mari mythique de Brigitte Bardot dans « Le Mépris », le froid dominateur de « Belle de jour », le doux rêveur de « Milou en mai », le Pape dépressif de « Habemus Papam » ou l’amoureux inoubliable de Romy Schneider dans « Les choses de la vie », laquelle de ces interprétations retenir aujourd’hui ?
Fidèle acteur de grands réalisateurs – Claude Sautet, Luis Buñuel, Jean-Luc Godard, Marco Ferreri, Alain Resnais ou Jean-Pierre Melville – et de metteurs en scène – Peter Brook, Patrice Chéreau, Bob Wilson ou Bernard-Marie Koltès –, il a toujours privilégié, durant sa vie artistique, la profondeur et l’exigence d'auteurs véritables aux succès passagers.
Il concevait chacune de ses interprétations comme une exploration en profondeur, une plongée en apnée, dont on sortait secoué, transformé.
Michel Piccoli était aussi un homme d’engagements.
Engagements citoyens et politiques – il fut un compagnon de route historique des grands combats de la gauche –, mais aussi engagements artistiques, comme le combat qu’il mena pour célébrer le centenaire d’une invention qui devait, à la fois, transformer le paysage du XXe siècle et marquer durablement sa vie : le cinéma.
Cet homme généreux à l’engagement sincère va beaucoup nous manquer. Je m’associe à la peine de sa famille, de ses amis.