Monsieur le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, cher Yves SEGUY,
Monsieur le Président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale, cher Bruno STUDER,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire de Strasbourg, cher Roland RIES,
Monsieur le premier adjoint au maire, cher Alain FONTANEL,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur l’administrateur du Théâtre National de Strasbourg, cher Stanislas NORDEY,
Monsieur le vice-président de l’université de Strasbourg, cher Mathieu SCHNEIDER,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Nous franchissons une étape majeure dans la création du Pass Culture aujourd’hui : la toute première version de l’application vient d’être mise au point. Et nous ouvrons son téléchargement à un premier groupe de jeunes « testeurs », qui vont nous aider à l’améliorer sur le plan technique et ergonomique dans les semaines à venir.
Je suis très heureuse de pouvoir faire ce lancement depuis une institution culturelle aussi emblématique que le Théâtre National de Strasbourg. Je veux remercier chaleureusement Stanislas NORDEY qui nous accueille. C’est une étape décisive, je le disais, dans cette aventure du Pass Culture qui progresse depuis plusieurs mois maintenant, à vitesse grand V. L’engagement du Président de la République, vous le connaissez : un Pass de 500€ pour les jeunes de 18 ans. Il fallait inventer la forme qu’il prendrait. J’ai décidé de le faire avec eux : le faire avec les jeunes.
On a parfois tendance, en matière de politique publique – et la politique culturelle n’échappe pas à la règle – à vouloir décider pour eux. A choisir à leur place ce qui est « bon » pour eux. J’ai voulu faire différemment : donner la parole aux jeunes, les associer au projet, les rendre acteurs de sa construction. Et le faire « pour de vrai », d’un bout à l’autre de ce processus : de sa préparation, à sa conception, à son élaboration technique.
C’est une politique pour eux. Ce Pass doit leur ouvrir des portes : celles qu’ils ne poussaient pas jusqu’ici, ou trop rarement. Il doit vaincre la ségrégation culturelle qui résiste malgré le travail extraordinaire des institutions, malgré les efforts de médiation, malgré les politiques de gratuité. Une politique contre les inégalités d’accès aux œuvres, aux institutions, à la pratique d’un art qui frappent les jeunes.
Faire ce Pass Culture pour eux, et avec eux, ça veut dire faire le pari de leurs usages : c’est ce que j’ai fait, en choisissant de développer ce Pass sous forme d’application pour mobile. Le Pass sera géolocalisé et indiquera, en temps réel, l’offre culturelle disponible à proximité. C’est en réalité un nouveau service public culturel universel que nous sommes en train de créer car comme n’importe quelle application, le Pass pourra être téléchargée par tout le monde - jeune et moins jeune ! - et avoir ainsi accès à un portail d’information culturelle intégrant géolocalisation et agenda.
Ce service sera complété par un portefeuille de 500€ spécifiquement pour les jeunes de 18 ans.
J’ai fait le pari des territoires, aussi :
- En développant le Pass Culture à partir de quatre départements : l’Hérault, de la Seine-Saint-Denis, de la Guyane, et du Bas-Rhin où nous nous trouvons aujourd’hui.
- Quatre départements représentatifs de la diversité de notre pays : en termes d’offre culturelle ; en termes de tissu socio-économique ; en termes d’infrastructures, sur le numérique et les transports notamment. Des départements ruraux et des départements urbains. Des départements très jeunes, d’autres qui le sont moins.
- J’ai voulu construire le Pass Culture à partir des territoires, pour qu’il soit au service de tous les Français, où qu’ils vivent, en tenant compte de leurs réalités ;
- Et à partir des territoires pour qu’il soit au service des territoires, et notamment des acteurs culturels qui les animent – comme vous, cher Stanislas NORDEY, qui effectuez un travail extraordinaire de terrain, dans les quartiers de la politique de la ville notamment ; et comme tous ceux qui sont dans la salle aujourd’hui.
J’ai fait le pari des nouvelles méthodes, ensuite : en créant la première start-up d’Etat jamais créée au ministère de la Culture, pour mener ce chantier, et en avançant avec les futurs usagers. Depuis le début, nous construisons le Pass Culture avec vous : avec les acteurs culturels, et avec les jeunes.
Depuis le début, nous vous donnons la parole, dans des « open labs », des ateliers de travail organisés dans les quatre départements tests. Il y en a déjà eu un à Bischheim, non loin d’ici : je sais que certains d’entre vous y ont participé...Nous écoutons vos besoins, vos attentes, vos envies. Nous allons continuer. Nous allons continuer d’écrire ensemble cette aventure qui est inédite pour mon ministère, pour les acteurs culturels, et pour la jeunesse française.
Plus que jamais, je compte sur vous.
Je voudrais dire un mot des grands travaux qui vont nous mobiliser dans les prochains mois :
- Un mot sur celui qui débute aujourd’hui, la phase de « test technique », qui est absolument décisive.
- Et qui va préparer la prochaine : la phase d’expérimentation « grandeur nature » si je puis dire, qui débutera après l’été, et sur laquelle je veux aussi donner des précisions.
En quoi consiste la phase de « test technique » que nous ouvrons aujourd’hui ?
Je veux d’abord dire que c’est une grande satisfaction. Je voudrais que chacun mesure le travail accompli depuis moins d’un an. Nous sommes partis de rien.
Nous avons aujourd’hui une première application, une version dite « beta » qui va servir aux tests. Je veux remercier toutes les structures culturelles qui ont accepté de mettre à disposition des offres gratuites dans ce cadre, pour que les utilisateurs puissent commencer à naviguer et tester toutes les fonctionnalités de l’application : certains de vous proposent des visites guidées d’exposition, d’autres des places pour un spectacle, d’autres encore mettent à disposition des places pour un festival.
Vous êtes des pionniers du Pass Culture et je ne saurai jamais vous remercier assez pour votre engagement. Cette offre va s’enrichir progressivement.
L’enjeu de la phase « test » qui s’ouvre aujourd’hui, c’est vraiment de travailler sur les aspects techniques de l’application. Nous allons rendre l’application disponible à près d’une centaine de jeunes dans chacun des quatre départements « test ». Au total, il y aura donc environ 400 jeunes mobilisés. Ceux qui sont dans cette salle seront les premiers ! Dès aujourd’hui, d’ici la fin de la journée, ils vont pouvoir télécharger et avoir entre les mains la version « test ». Vous aurez un objectif, une mission : manier l’application pour nous dire tout ce que vous en pensez ! Ce qui vous plait, ce qui fonctionne.
Et surtout ce qui doit encore être ajusté, à vos yeux :
- en termes d’ergonomie, de mise en page, de prise en main de l’application – tout le monde sait que c’est la clé pour la réussite de l’application ;
- mais vous nous donnerez aussi votre avis sur la façon d’accéder à l’offre culturelle, de passer d’une proposition à une autre, de trouver de l’information. Vous êtes là pour proposer des points d’amélioration, repérer d’éventuels problèmes techniques, nous donner votre avis sur l’esthétique.
Vos retours seront d’une importance capitale. C’est sur cette base que nous modifierons et que nous perfectionnerons l’application. En vue de franchir un nouveau cap…
La prochaine étape, c’est l’expérimentation. Un mot sur le pilotage des travaux, d’abord.
Car l’équipe du Pass Culture vient de s’étoffer. J’ai choisi de confier l’ingéniérie juridique et financière du Pass à deux personnalités, qui sont investies de longue date à la fois dans le champ culturel et dans le champ numérique :
- Eric GARANDEAU, inspecteur général des finances, ancien président du Centre national du cinéma ;
- et Frédéric JOUSSET, co-fondateur de Webhelp, président de Beaux-Arts Magazine, et grand mécène de la culture.
Ils piloteront la phase d’expérimentation, puis la généralisation du Pass Culture. Ce sont deux profils qui allient l’expertise à l’expérience entrepreneuriale. Je tiens à les remercier pour leur engagement à nos côtés. Un mot plus précis sur la phase d’expérimentation :
Elle débutera en septembre, à l’occasion des rentrées scolaire et universitaire, et elle s’achèvera en janvier 2019. 10 000 jeunes de 18 ans[1] seront mobilisés, dans nos quatre départements toujours. Nous allons lancer un appel à volontariat en juillet, pour que tous les jeunes aient une chance d’y participer. Ils seront sélectionnés par ordre d’arrivée et en recroisant avec des critères de représentativité, notamment géographiques.
Les « heureux élus » auront accès à un Pass doté d’une valeur de 250 euros – c’est la moitié de la valeur qu’aura le Pass à terme, car l’expérimentation s’étalera sur moins de 6 mois. D’ici le mois de septembre, nous allons intégrer un maximum d’offre culturelle locale dans les quatre départements, pour que l’expérimentation se fasse dans des conditions réelles.
Nous allons notamment mettre l’accent sur l’offre culturelle de proximité – je pense aux théâtre, aux salles de concert, aux librairies, aux bibliothèques, aux cinémas, aux structures d’enseignement et de pratique artistique …J’insiste sur les pratiques artistiques. Le pass ne doit pas seulement permettre d’acheter des biens, il doit aussi permettre de prendre des cours de danse, de chant, de musique, de théâtre, de peinture …
Les collectivités territoriales seront d’une aide précieuse dans ce travail de mobilisation.
J’ai déjà pu le dire aux élus, je le redis aujourd’hui : vous connaissez mieux que personne vos territoires et leurs réalités. Vous connaissez les réseaux locaux, les structures indépendantes, les acteurs culturels de proximité. Je vous invite à les informer, à les mobiliser.
Nous allons ouvrir une entrée professionnelle pour permettre aux offreurs de s’enregistrer et de rejoindre le Pass Culture. J’enverrai aux élus des quatre départements un courrier quand elle sera en place, pour que vous puissiez diffuser l’information au maximum auprès des acteurs de vos territoires. Ce Pass Culture est une chance pour eux, une chance pour vous qui êtes présents aujourd’hui : celle de trouver un nouveau public, de gagner en visibilité, de toucher des jeunes qui ne poussent pas encore vos portes ; la chance de faire naître des vocations, de favoriser la création.
Nous allons donc mener un travail de terrain, pour tisser des partenariats et intégrer un maximum d’offre culturelle. Cela passera aussi par des coopérations avec les structures qui ont déjà développé des dispositifs type « pass », « chèque » ou « carte culture » à leurs niveaux.
Les collectivités territoriales, de même que les structures du champ universitaire ou social sont nombreuses à en avoir développé : j’invite toutes celles qui le souhaitent à nous rejoindre autour de protocoles de ce type. Il ne s’agit pas de co-financer, je rassure tout le monde, mais de croiser les offres et les fonctionnalités. C’est gagnant-gagnant, pour vous, pour nous, et pour les jeunes, surtout.
Nous allons ouvrir et montrer la voie dans quelques instants, cher Mathieu SCHNEIDER, en signant un protocole d’accord pour intégrer la « Carte culture de l’Université de Strasbourg » au Pass Culture, et avec elle, l’offre culturelle de vos 80 établissements partenaires…
Les jeunes étudiants de Strasbourg bénéficieront donc des deux dispositifs : ils continueront évidemment de bénéficier des apports de la Carte Universités, et simplement ils pourront y accéder depuis leur application Pass Culture.
Je veux remercier l’Université de Strasbourg pour cet engagement et pour cette coopération. C’est une vraie chance que de pouvoir compter sur votre participation.
Votre Carte fait ses preuves depuis plus de 20 ans. Vous avez fait partie des pionniers. Vous prolongez aujourd’hui le sillon puisque c’est le premier partenariat de ce type que nous signons. Je souhaite qu’il soit suivi par d’autres.
Mesdames et messieurs, Chers amis,
Nous avons déjà parcouru un chemin fou en quelques mois.
Nous l’avons fait ensemble : futurs jeunes utilisateurs, acteurs culturels, acteurs du champ éducatif, élus. C’est donc avec vous que j’ai voulu franchir ce nouveau cap aujourd’hui, en vous réunissant ici. Et c’est ensemble, je le souhaite, que nous franchirons les prochains. Merci à tous.
[1] Pour info : sur les 54 000 jeunes que comptent au total les 4 départements