Il avait fui avec ses parents juifs le régime nazi et s’était réfugié à Oxford. C’est là, qu’il avait vraiment découvert Shakespeare, le théâtre, l’art de la mise en scène et qu’il avait en quelque sorte préparé son retour dans une Allemagne enfin pacifié.
De nouveau chez lui, il n'avait pas tardé, dès la fin des années cinquante, à s'imposer comme l'un des metteurs en scène les plus audacieux de son époque, donc les plus discutés. Pourtant, Peter Zadek n'était pas seulement le metteur en scène qui a fait tenir le rôle d'Hamlet à une femme. Il ne cultivait pas l'art de la transgression comme d'autres vouent un culte un peu vain à l'art pour l'art.
C'était un chercheur. Il aimait visiter les marges, là où d'autres n’osent pas toujours s’aventurer, pour y trouver de nouveaux espaces où faire vivre et revivre les grands classiques, Shakespeare ou Tchekov. Il a aussi su renouveler ce que l’on appelle le théâtre de boulevard, dans tous les cas, pour se libérer de la rhétorique et d'une certaine lettre qui tue l'esprit.
Paris, le 31 juillet 2009