Comment faire cohabiter des créations en train de se faire, dont les formes sont, de plus, de nature totalement hétérogènes ? C’est le double défi relevé avec brio par le scénographe Olivier Vadrot et la commissaire de l’événement, Caroline Naphegyi.

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Elle se déploie dans la cour vitrée des Beaux-Arts de Paris, cœur battant de l’événement, comme en dehors. Elle donne hospitalité à des formes artistiques extrêmement hétérogènes, celles de la création en train de se faire. Elle est, enfin, modulable autant que réutilisable, ce qui la rend écoresponsable.

Avec ces atouts de poids, la scénographie imaginée  par Olivier Vadrot pour le rendez-vous de la création « Mondes nouveaux x Beaux-Arts de Paris » relève avec brio les différents défis de l’événement. Entretien avec Caroline Naphegyi, commissaire de l'événement, membre du comité artistique de Mondes Nouveaux.   

Comment présenter la scénographie de Mondes nouveaux x Beaux-Arts de Paris ?

Il faut l’imaginer comme une construction. L’école des Beaux-Arts de Paris nous a confié l’espace de la cour vitrée, et selon la nature des projets, nous offrons deux possibilités : soit nous entrons dans cet espace qui est le cœur vibrionnant du rendez-vous et qui associe autant les pièces exposées que le live, les performances, et les rencontres, soit nous en sortons, en restant autour du site –  l'atelier de Julien Creuzet sera ainsi ouvert en permanence – ou en allant au-delà. La performance de Frédérique Aït-Touati et d’Emanuele Coccia, par exemple, sera présentée dans la cour du mûrier. De même, le jardin, où ont eu lieu les premières rencontres au démarrage du projet, sera ouvert le week-end. Tout cela va cohabiter ensemble. Je reviens sur les ateliers : je trouve formidable que ces espaces qui, dans une école, sont le cœur de la création, soient ouverts. En résumé, ce serait comme une synapse, une sorte de zone de contact, autour de la cour vitrée qui s’étendrait dans les interstices de l’école et donnerait l’occasion, en marge de la programmation, de découvrir ses magnifiques espaces.

Un système extrêmement astucieux, une sculpture qui se superpose, inspirée du musée à croissance illimitée de Le Corbusier

Quelle est l’idée qui sous-tend cette scénographie ?

Notre projet est bien d’accompagner la création et de créer les conditions les plus favorables à son expression. La difficulté était de faire cohabiter des formes extrêmement hétérogènes dans le propos comme dans la forme. Le manifeste lancé au démarrage de Mondes nouveaux a servi de fil conducteur. Il a suscité énormément de projets, 260 au total, soit dans un site dépendant du Centre des monuments nationaux ou du Conservatoire du littoral, soit dans un site choisi par l’artiste. Ce festival aux Beaux-Arts de Paris est un temps de rassemblement d’un certain nombre de projets qui sont prêts. Il ne s’agit en aucun cas d’une sélection des projets. Nous montrons simplement ce qui est effectivement présentable aujourd’hui en cherchant des cohérences, des liens invisibles pour montrer les synergies entre les propos et les projets. Cela représente une centaine de projets au total, expositions, créations sonores, performances, films… On trouve toutes les formes. Nous avons essayé de créer les meilleures conditions pour que ces œuvres puissent être appréhendées par le public.

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Comment avez-vous travaillé avec Olivier Vadot ?

À l’école des Beaux-Arts de Paris, il existe une filière Exposition et métiers de l'exposition au sein de laquelle les étudiants doivent montrer leurs travaux. Il y a notamment deux galeries où ils expérimentent régulièrement des accrochages, mais aussi, depuis 2021, Crush, cet accrochage à destination des professionnels de l’art, et enfin, le moment où ils reçoivent leurs diplômes. La façon dont on expose était donc un sujet en soi pour l’école. Or nous nous posions exactement la même question pour ce rendez-vous « Mondes nouveaux x Beaux-Arts de Paris ».

Autour d’Olivier Vadrot, artiste lauréat de Mondes nouveaux, nous avons donc monté un atelier avec des artistes volontaires de l’école prêts à venir éclairer le scénographe de leurs besoins. Cette scénographie, en effet, est prévue pour continuer à vivre et à être utilisée par les étudiants. Elle devait donc répondre à leurs attentes. Mais nous voulions éviter d’être dans une scénographie qui ne soit qu’une white box d’un white cube classiques. Nous avons cherché à fabriquer une scénographie modulable, non jetable, reconfigurable en fonction des projets, rentrant dans des coûts raisonnables, que l’école, une fois l’événement terminé, puisse stocker et remonter. En somme, une scénographie vertueuse. Olivier Vadrot a travaillé sur un système extrêmement astucieux, une sculpture qui se superpose inspirée du musée à croissance illimitée de Le Corbusier qui révèle autant ses talents d’artiste que de designer et d’architecte. Son système d’assemblage utilise tous les standards de la visserie existante et est entièrement modulable.  

Retrouvez ici l'intégralité de la programmation du rendez-vous artistique Mondes nouveaux x Beaux-Arts de Paris