Propriété de la commune, l’amphithéâtre classé Monument historique a fait l’objet d’une étude diagnostic en 2018, associant archéologie et architecture en amont d’un projet de restauration des vestiges et d’aménagement de gradins. Cette étude, menée par Elsa Ricaud, architecte du patrimoine – agence Sunmetron – et EVEHA, cabinet d’études et valorisations archéologiques, a souligné l’état fortement dégradé des arches des portes nécessitant des travaux d’urgence. Restaurée, la Porte des Vivants a été inaugurée le 14 août 2024.
Les différentes étapes de la campagne de restauration
Le programme de restauration de cet édifice monumental est mené en trois phases depuis 2019 : la première intervention sur la porte des Vivants tout juste achevée. Une deuxième, consacrée à la restauration de la porte des Morts, a démarré quant à elle en avril 2022 et se consacre à la mise en œuvre de mesures de consolidation complémentaires en raison de chutes d’éléments de maçonnerie suite à des inondations. L’opération se terminera par une troisième phase d’assainissement et de restauration du podium et des vomitoriums (espaces voutés facilitant la circulation des spectateurs) qui permettront notamment le drainage de l’arena.
Ce chantier fait l’objet d’un suivi au titre du contrôle scientifique et technique par les différents services patrimoniaux de la DRAC de Nouvelle-Aquitaine :
- Conservation régionale des Monuments historiques – site de Poitiers ;
- Service régional de l’archéologie – site de Poitiers ;
- Unité départementale de l’architecture et du patrimoine de la Charente-Maritime.
L’amphithéâtre, tout comme la basilique Saint-Eutrope située non loin, s’inscrit dans le projet du Vallon des Arènes, qui vise à mettre en réseau ces monuments avec le site Saint-Louis, qui domine la ville. La préservation des abords de l’amphithéâtre est également un enjeu de premier plan. La rénovation de l’accès principal permettra au public de se réapproprier ce site majeur du patrimoine antique en Charente-Maritime.
Financement des travaux
Monument néo-aquitain emblématique du loto du patrimoine 2019, l’amphithéâtre a bénéficié du fonds Bern pour ses deux premières phases de restauration.
Le montant global des travaux de restauration réalisés s’élève à 2,5 M €.
- 2017 – Études de diagnostic : 44 516 € HT dont 17 806 € HT de la DRAC NA (40 %) ;
- 2018 – Études de maîtrise d’œuvre : 161 083 € HT dont 64 433 € HT de la DRAC NA (40 %) ;
- 2020 – Travaux de restauration de la porte des Vivants (T1) et de la porte des Morts (T2) : 1 163 608 € HT dont 465 443 € HT de la DRAC NA (40 %).
La troisième tranche de l’opération prévoit des travaux d’assainissement, de restauration du podium et des vomitoires, estimés à 1 166 543 € HT
Seuls les travaux sur la porte des Vivants viennent d’être achevés.
Plus de vingt siècles d’histoire
Situé à l’ouest de Saintes, l'amphithéâtre constitue le vestige majeur de la cité antique de Mediolanum, dont la quasi-totalité des édifices antiques ont disparu, à l’exception de l’arc de Germanicus.
Commencé sous le règne de Tibère (14-37 après notre ère) et achevé dans les années 40, sous le règne de Claude, l’amphithéâtre a été érigé grâce au rôle déterminant de Mediolanum dans la romanisation de la province. L’édifice pouvait accueillir entre 12 000 et 15 000 spectateurs, soit la totalité de la population de la cité. Pour tous les Saintais, l’amphithéâtre incarne aujourd’hui encore le lieu de rassemblement et d’unité.
Après le IIIe siècle, où la ville en déclin diminue considérablement son emprise, l’amphithéâtre est relégué en rase campagne au-delà des remparts. Il sert de carrière de pierres au Moyen-Âge et n’est rattrapé par la ville qu’au début du XXe siècle, où il est progressivement dégagé et remis en valeur.
L’amphithéâtre est de structure « mixte » : à l’ouest, la partie la plus importante, composée des gradins, s’appuie directement sur le vallon. La partie orientale est construite entièrement avec des murs d’appui formant une structure creuse. Seules sont conservées l'arène et les fondations du monument. Les superstructures ont disparu, de même que les gradins, à l'exception des quatre rangées inférieures, en partie reconstituées lors des restaurations du XXᵉ siècle.
Ce vaste édifice (126 m pour le grand axe et 102m pour le petit axe) exclusivement conçu pour accueillir des spectacles sanglants très prisés par la population romaine possédait pas moins de 90 accès pour conduire le public aux différents niveaux de la cavea qui comprenait 32 ou 35 gradins. L'arène était entourée d'un mur en blocs de 2 mètres de hauteur couronné par une balustrade de pierre. Avec ses vestiges imposants, arène et fondations conservées, il est aujourd’hui l’un des amphithéâtres les mieux préservés de la Gaule romaine.
Partager la page