Félix Arnaudin et la Grande-Lande
Simon dit Félix Arnaudin (Labouheyre, 1844 – Labouheyre, 1921) consacra plus de quarante ans de sa vie à fixer, par la photographie, l’évolution de sa région natale : la Grande-Lande ou Haute-Lande. En voici une découverte à travers les collections du musée d'Aquitaine à Bordeaux, en ligne sur Joconde, le catalogue collectif des musées.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2013 par Catherine Vigneron et Marie-Christine Hervé du musée d'Aquitaine à Bordeaux et Mathilde Huet du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine. Le contenu a été actualisé en novembre 2022 par Elsa Tilly, chargée d’informatisation des collections au musée d'Aquitaine.
L'œuvre d'une vie
Simon dit Félix Arnaudin (Labouheyre, 1844 – Labouheyre, 1921) consacra plus de quarante ans de sa vie à fixer, par la photographie, l’évolution de sa région natale : la Grande-Lande ou Haute-Lande.
Découvrir la collection Arnaudin sur Joconde
Un paysage transformé en un demi-siècle
La loi du 19 juin 1857, relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne, imposa, pour des raisons sanitaires mais surtout économiques et spéculatives, un boisement massif en pins maritimes qui, en un demi-siècle, conduisit à l’aspect actuel de la forêt landaise. Mais l’objectif principal de cette loi concernait avant tout l’assainissement et le peuplement de cette région humide et déserte.
Certes, les pins gemmés et l’exploitation du bois existaient depuis l’Antiquité, mais leur production restait limitée. Par sa démarche artistique et ethnographique, Arnaudin entendait sauvegarder les paysages de la Grande-Lande alors que le reboisement les faisait disparaître depuis cinquante ans.
Le pays "dédaigné"
Si d’autres artistes avant lui se sont intéressés à cette région, c’est en véritable collecteur d’informations qu’Arnaudin, dès 1874, sillonnait ce pays « dédaigné », aux larges étendues de landes, de bruyères et de lagunes.
Un univers disparu et sans doute idéalisé
Les 1026 négatifs versés sur la plateforme POP (sur 3230 conservés au musée d’Aquitaine) font resurgir un univers disparu et sans doute idéalisé. Outre les paysages, les plaques de verre présentent diverses activités agropastorales dont celle des bergers-échassiers ; des vues d’airials (terrains situés hors des bourgs, herbacés et plantés de quelques chênes) et de parcs à animaux ; des habitats traditionnels comme les maisons à pans de bois et à auvent, ou les bordes (cabanes aux toits de chaume) ; des monuments religieux comme les églises et les fontaines votives, ou des ouvrages civils comme les puits à balanciers.
L'humain dans le paysage
Composant comme un peintre, le photographe dispose toujours les habitants au cœur de ces paysages et réalise également nombre de portraits de proches ou d’amis. Il désigne chaque image avec une précision topographique et toponymique, et avec des indications techniques de lumière, d’orientation et de modèle de plaque.
Passé et modernité
Pour rendre avec fidélité le passé de sa région, Arnaudin utilisa la photographie, une des inventions les plus modernes de son époque, dont il suivit les évolutions techniques, passant des plaques au collodion à celles au gélatino-bromure. De fait, son travail de mémoire peut être rapproché de celui de son exact contemporain, Eugène Atget (né à Libourne) qui photographia, à la même époque, un « vieux Paris » en voie de disparition.
L'œuvre de Jean-Marie Paul Dourthe, neveu d'Arnaudin
Le fonds révèle aussi 252 plaques de verre stéréoscopiques de Jean-Marie Paul Dourthe, neveu d’Arnaudin et légataire de son œuvre photographique. Il constitue un témoignage précieux de la campagne d’Orient que mena la France contre l’empire austro-hongrois de 1916 à 1919. Dourthe laissa des vues immortalisant surtout les rivages des Dardanelles et du Bosphore, les monuments antiques d’Athènes, de Salonique et quelques mosquées de Constantinople.
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