C'est une professionnelle engagée de longue date dans la littérature jeunesse. Directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil depuis 2011, Sylvie Vassalo fonde également l'école du livre de jeunesse. Des outils de médiation dans le domaine numérique aux projets littéraires et sociaux, son objectif est de toucher les publics éloignés du livre, et de promouvoir l'accès à la culture et à la lecture pour tous. Chaque action du salon du livre se construit sur mesure, à partir d’un diagnostic réalisé, d’un appel à projet, d’un besoin identifié quant à des difficultés ou des inégalités d’accès à la lecture.
Une expérience dont elle entend faire profiter les États Généraux de la lecture pour la jeunesse (EGLJ), une initiative lancée le 3 juillet 2025 par le ministère de la Culture. L'objectif de ces États Généraux ? Comprendre le rapport des jeunes à la lecture, notamment les freins et obstacles. En tant que membre du comité de pilotage des États Généraux, elle a accepté de répondre à nos questions.
La littérature jeunesse revêt une importance particulière dans votre pratique professionnelle. Pouvez-vous nous en parler ?
Nous avons la chance, en France, d’avoir une littérature jeunesse particulièrement riche et variée, reconnue dans le monde entier. Tous les genres sont représentés : littérature du réel, fantastique, polar… Les images et le texte, ainsi que le rapport de l’un à l’autre, constituent une ouverture incomparable pour les jeunes esprits, notamment en direction des autres arts. Que l’on songe simplement aux comptines de notre enfance. De façon plus générale, la littérature pour la jeunesse est un formidable vecteur d’émancipation, d’ouverture à l’altérité. C’est aussi, pour les enfants et les adolescents, un point d’appui essentiel pour développer leur imagination.
Pour toutes ces raisons, le salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis constitue un véritable laboratoire, qui nous permet d’expérimenter des pratiques de médiation littéraire : salons, expositions et ateliers créatifs, émissions de radio, de télévision, rencontres d’auteurs avec les enfants… Un projet de formation des parents à la lecture en famille, intitulé Des livres à soi est également mené. En outre, nous sommes en ce moment en train d’imaginer un dispositif, les mobi-bulles, qui permet d’adapter des livres qu’on aime aux enfants en situation de handicap. Le jeu d’écriture poétique Toccata, propose quant à lui aux enfants de classes de CM2/ 6e d’écrire avec des contraintes poétiques. Il s’agit de les accompagner pendant toute une année autour de l’écriture de ces poésies. L’autrice donne des consignes en vidéo et les enseignants accompagnent ensuite les enfants dans les classes.
Nous constituons aussi des vidéos autour des artistes de la littérature jeunesse. Ces web séries vont permettre aux enfants de découvrir comment les professionnels du livre travaillent. L’école de formation à la médiation à la littérature de jeunesse. Le but est de former d’autres professionnels à ce qu’est la littérature jeunesse.
Les EGLJ ont été conçus pour remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes. Sur le sujet des jeunes et la lecture, quels enseignements tirez-vous de votre expérience en tant qu’acteur des EGLJ ?
Dans un événement littéraire, on ne se rend pas nécessairement compte de la désaffection de la lecture. Ce que l’on voit, c’est l’appétit pour la lecture. Et pour le susciter, il s’agit précisément de la rendre désirable et de la valoriser comme un outil pour grandir dans le monde actuel.
Je me réjouis de cette initiative. Elle va nous permettre de comprendre quel est le rapport réel des jeunes et des enfants à la lecture. Et s’il y a des freins, quels sont-ils, et comment les lever. Nous constatons d’ores et déjà une importante participation : le rendez-vous est fertile.
Une vraie politique du livre et de la lecture commence dès le premier âge, en famille. Pour avoir une nation de lecteurs massifs, la question de la lecture se pose dès la petite enfance. Nos sociétés ont apporté beaucoup de réponses pour permettre à un enfant de bien grandir sur le plan sanitaire ; elles se sont moins penchées sur la lecture, dont les apports en termes d’informations sur le monde, sur soi, et sur les émotions, sont très importants. Elle est fortement populaire : les enfants d’aujourd’hui ont besoin de cette littérature, qui est une vraie expérience de vie.
Les EGLJ accordent une place particulière à la parole des jeunes. Y a-t-il des échanges qui vous ont frappé ?
Le nombre de familles, de groupes scolaires qui ont répondu est marquant, notamment via les questionnaires. Adultes, nous avons une idée de la lecture, et nous imaginons qu’elle est la même pour la jeunesse. L’adulte peine souvent à entrer dans le monde du jeune ou en tout cas à être dans un dialogue constructif. Nous gagnerions à partir de sa parole, et à changer un peu de positionnement dans ce que nous racontons à son sujet.
Prochain événement : l'édition 2025 du Salon du livre et de la presse jeunesse, qui se déroulera du 26 novembre au 1er décembre à Montreuil.
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