Des cours ducales aux fêtes villageoises jusqu’à la scène internationale, le gouren – ou lutte bretonne - perpétue un art celtique du combat. Ce ballet codifié, où l’on affronte son adversaire dans le respect de l’autre et la maîtrise du geste, aurait été importé de Grande-Bretagne au IVe siècle. Devenu populaire au Moyen Âge en Bretagne, principalement dans les campagnes, le gouren se structure en sport en 1930 avec la création de la Fédération des amis de la lutte et des sports athlétiques bretons. À partir des années 1980, il devient un sport moderne avec la création de la Fédération de gouren, affiliée à la Fédération française de lutte depuis 1995.
Une lutte codifiée
Pratiqué uniquement debout — en salle sur tapis l’hiver, sur un cercle de sciure l’été — le gouren est spectaculaire. L’objectif est de faire chuter son adversaire sur le dos avant toute autre partie du corps. Les projections sont aussi impressionnantes que maîtrisées. Les lutteurs s’accrochent à la chemise blanche (« roched ») et enchaînent balayages, fauchages ou « klikedoù » (enroulés de jambe), tout en contrôlant la chute de leur adversaire. Chaque combat débute par une poignée de main, une accolade et un serment prononcé, affirmant le respect de l’adversaire, de l’arbitre et des anciens. Arbitrage, consignes et serment, transmis en langue bretonne, perpétuent l’usage vivant de la langue.
Une pratique bien vivante
Le gouren rassemble plus de 1 600 licenciés répartis dans une quarantaine de clubs et se pratique en loisirs comme en compétition. Sous l’impulsion de la Fédération de gouren, la discipline continue de grandir, formant moniteurs, arbitres et jeunes lutteurs. Depuis 1985, le gouren s’ouvre à l’international grâce à la Fédération internationale de luttes celtiques qui organise championnats et échanges entre une dizaine de pays. C’est également à peu près à la même période que les femmes, jusqu’alors marginales, ont investi la pratique. Depuis 30 ans, le gouren se féminise un peu plus chaque année. Inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2012, le gouren est autant un art du combat qu’un héritage vivant.
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