L’exposition s’inscrit dans le cadre des célébrations du 20e anniversaire du MAC VAL, marquant ainsi un jalon important dans l’histoire du musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Avec un sous-titre énigmatique - "Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse" - l’exposition appelle le visiteur à s’interroger et à laisser libre cours à son imagination face à un genre souvent relégué en marge de l’information.
Pour cette exposition, Nicolas Surlapierre, directeur du MAC VAL, a souhaité partager le commissariat avec Vincent Lavoie, historien de l’art et professeur titulaire à l'Université du Québec à Montréal.
Cette rétrospective puise en partie son inspiration dans l’essai de Roland Barthes, "Structure du fait divers" (1964), où le sémiologue et critique littéraire qualifie le fait divers de "frère bâtard de l’information", un genre qui expose les aberrations de la réalité et les coïncidences troublantes qui bouleversent le quotidien. À travers une sélection d’œuvres qui joue habilement avec les principes de l’énigme et de la surprise, l’exposition présente le fait divers comme un prisme fascinant de l’ordinaire, capable de révéler ce qu’il y a de mystérieux et d’imprévisible dans la banalité.
Le fait divers y apparaît sous toutes ses facettes : le grain de sable qui enraye la routine, la brutalité surgie de l’ordinaire, et la violence dissimulée dans l’ombre de la normalité.
Le Mac Val rassemble ici un ensemble d’œuvres artistiques pour explorer le fait divers sous des angles inattendus et fascinants. Malgré l’intérêt croissant pour ce schéma actanciel : "aucune exposition en France n’avait jusqu’ici offert une analyse artistique approfondie du fait divers", souligne Nicolas Surlapierre et Vincent Lavoie. L’exposition actuelle dépasse le simple regard ethnographique ou historique : elle "joue sur les principes de l’énigme et de l’astuce" pour revisiter ces récits singuliers et leur portée dans la culture contemporaine.
Plutôt que de se limiter au traitement classique du crime, comme l’ont fait les expositions emblématiques "La peinture comme crime" au Louvre en 2001 ou "Crime et châtiment" au Musée d’Orsay en 2010, pour les commissairesd e l'expostion, celle du MAC VAL embrasse une perspective beaucoup plus large. Cette approche plurielle permet de saisir "le fait divers dans sa dimension d’univers à part entière," qui exprime la complexité d’une société fascinée par les mystères du quotidien. Le fait divers, selon eux : "est la révélation de l’insondable mystère de la banalité.", ce moment où la routine cède à "la cruauté chez les braves gens," ou encore "la revanche des obscurs et des sans-grades."
L’exposition se déploie à travers un abécédaire typologique et cinq "équations" singulières qui enchaînent des œuvres en jouant sur les dynamiques de l’enquête. Chaque "équation" invite les visiteurs à plonger dans "un univers de formes et un vaste champ lexical," des structures interprétatives inspirées de la logique et de la mathématique pour explorer les thèmes clés du fait divers. "Ces équations," précisent les commissaires, "définissent des catégories, des archétypes, ou encore des scénarios" représentatifs des sensibilités artistiques face au fait divers.
La structuration de l’exposition par équations propose une lecture unique, souvent dissonante et profondément libre de l’univers du fait divers. Les visiteurs sont invités à explorer des œuvres disposées autour d’équations telles que "Au nom de la loi" pour aborder la justice et la transgression, "Scénario catastrophe" pour évoquer la désolation, "Faire violence" pour analyser la brutalité, et "Ouvrir l’œil" pour dépeindre la vigilance et l’angoisse. La dernière, "L’ombre d’un doute," traite des incertitudes et du suspens inhérents au fait divers, nous plongeant dans "la poésie des équations à plusieurs inconnues."
Les œuvres, par cette organisation en énigmes, dévoilent les regards diversifiés de plus de 80 artistes contemporains, parmi lesquels les médiums et les techniques se répondent pour offrir "une multitude de typologies, du cruel au cocasse, de l’ironie au cynisme." Au-delà d’une simple collecte visuelle, l’exposition vise à sonder la fascination collective pour ces récits souvent anodins mais chargés de significations cachées, invitant à se questionner sur le rôle de l’art dans la réinvention de ces micro-fictions.
Ainsi, la dimension "fantasmatique" du fait divers est valorisée comme un point de rencontre pour l’art contemporain et la dramaturgie, permettant de voir comment "le fait divers participe de la dramaturgie contemporaine." Cette exposition ambitieuse "laisse le champ libre aux interprétations, spéculations et affabulations" et invite le public à s’immerger dans un univers artistique qui réfléchit autant qu’il déconstruit, tout en proposant "une hypothèse ouverte de ce qu’est le fait divers."
Absalon, Lawrence Abu Hamdan, Mac Adams, David Ancelin, Eduardo Arroyo, Julien Audebert, Delphine Balley, Lewis Baltz, Ben, Carole Benzaken, Pascal Bernier, Ode Bertrand, Maurice Blin, Samuel Bollendorff, Christian Boltanski, Corinne May Botz, Véronique Boudier, Halida Boughriet, Mohamed Bourouissa, Xavier Boussiron, Joël Brisse, La Brodeuse masquée, Brognon Rollin, Benoît Broisat, Bureau of Inverse Technology, Sophie Calle, Jérôme Cavalière et Stéphane Déplan, Stephen Chalmers, Grégory Chatonsky, Nicolas Cilins, Claude Closky, Julien Creuzet,
Claire Dantzer, Nicolas Daubanes, Nicolas Descottes, Éric Dubuc, Michel François, Sylvain Fraysse, Agnès Geoffray, Camille Gharbi, John Giorno, Ana Maria Gomes, Pierre Huyghe, Ismaël Joffroy Chandoutis, Michel Journiac, Nina Laisné, Abigail Lane & Mathew Weir, Jean Le Gac, David Levinthal, Caroline Macdonald, Marko Mäetamm, Teresa Margolles, Pascale Mijares, Joachim Mogarra, Sabine Monirys, Jacques Monory, Yan Morvan, Natascha Niederstrass, Didier Paquignon, Christian Patterson, Éric Pougeau, Alain Pratte, Lidwine Prolonge, André Raffray, Philippe Ramette, Virginie Rebetez, Antonio Recalcati, Jason et Carlos Sanchez, Alain Séchas, Bruno Serralongue, Nancy Spero, Angela Strassheim, Kiran Subbaiah, Taroop & Glabel, Julien Tiberi,
Yann Toma, Nils Vandevenne, Cecilia Vicuña, Bob Watts…
Le MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne est le seul musée à être exclusivement consacré à la scène artistique en France depuis les années 1950. Le projet du musée se développe depuis une quinzaine d’années, à la suite de la création en 1982, du Fonds Départemental d’Art Contemporain. En 1998, la collection est agréée par le conseil artistique des musées et le Projet Scientifique et Culturel est valide par la Direction des musées de France. 2500 œuvres de près de 400 artistes composent la collection. Parmi elles, des œuvres d’artistes incontournables de la scène artistique mais aussi des œuvres d’artistes émergents affirmant la volonté du MAC VAL d’être au plus proche de la création contemporaine.
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