1 300 objets mobiliers à Notre-Dame
Au sein de la cathédrale parisienne, les objets occupent une place à part. Ils ont tous une valeur inestimable au regard de l’histoire des arts ou de l’histoire liturgique, mais parfois aussi une importance qui dépasse leur seule représentation matérielle et constitue – pour de nombreux croyants – une incarnation spirituelle voire sacrée. C’est notamment le cas des saintes reliques du Christ avec l'anneau reliquaire de la couronne d'épine, un morceau de la croix et un clou qui auraient servi à la crucifixion – ou encore de la tunique de saint Louis.
Cette collection se compose de statues, de tableaux, de tapis, de sculptures, de pièces d’orfèvrerie, de manuscrits enluminés, de vêtements liturgiques. Le trésor reconstitué au XIXe siècle, en particulier de pièces dessinées par Viollet-le-Duc, le reliquaire de la couronne d'épines, des chandeliers ou encore un élément du manteau du sacre de Napoléon Ier, continue de s'enrichir de pièces exceptionnelles du XXe siècle. Parmi les sculptures la fameuse « Vierge au pilier » épargnée par l’effondrement de la voûte à la croisée du transept a été installée pendant cinq ans à l’église Saint-Germain-L’auxerrois, paroisse de substitution de la cathédrale, afin que le cœur de la cathédrale continue à y battre.
Une évacuation des objets mobiliers en 4 jours
Le 15 avril 2019, les équipes de la DRAC mobilisées aux côtés des pompiers et de leurs collègues du ministère de la Culture se sont employées à évacuer ce patrimoine historique. Marie-Hélène DIDIER, conservatrice générale du patrimoine à la DRAC, en charge de la cathédrale et responsable notamment des objets mobiliers de Notre-Dame, était alors en première ligne, de l’évacuation des objets et des œuvres jusqu’à leur restauration et leur réinstallation récente dans l’édifice, avec un détour par deux prestigieuses expositions – "Le Trésor de Notre-Dame de Paris, des origines à Viollet-le-Duc" qui s’est tenue au Musée du Louvre en 2023 et au "Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris" au Mobilier national pour les tableaux et le tapis – où le public a pu admirer ces pièces exceptionnelles.
La nuit de l’incendie, 56 objets ont été extraits de la cathédrale en flammes, entreposés temporairement à la mairie de Paris puis au Louvre, dans des coffres-forts pour les plus précieux d’entre eux. Les quatre jours suivants, un ballet ininterrompu s’est orchestré qui a permis d’évacuer la totalité du trésor: un tour de force logistique qui a pu s’opérer grâce à la mobilisation de toutes les forces du ministère de la Culture sous l’égide de la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC.
L'évacuation des autres objets s'est poursuivie par la suite pendant plusieurs semaines afin de libérer les espaces pour les travaux.
Marie-Hélène DIDIER raconte : "A la croisée du transept de trouvaient au-dessus de la vierge à l'enfant, des bois de la flèche que l'on croyait alors en équilibre. Tous les matins, j'imaginais la sculpture de la Vierge à l'enfant, en mille morceaux, écrasée par la chute des bois".
Des opérations de restauration d’une ampleur inédite
La DRAC a mené en parallèle des travaux de la cathédrale, des restauration d'une ampleur inédite; 22 tableaux, une cinquantaine d'objets d'orfèvrerie, une dizaine d'éléments sculptées ainsi qu'une dizaine d'éléments textiles. Les restaurateurs et restauratrices ont fait preuve d'un grand professionnalisme afin de mettre tout leur savoir-faire au service de cette restauration et de tenir les délais imposés. L'ensemble des travaux a révélé toute la beauté de ces objets. Les entreprises spécialisées dans la manipulation et le transport d'œuvres d'art ont également été d'un recours crucial : sans elles, ces œuvres de grandes dimensions ou très lourdes n'auraient pu être mises à la disposition des restaurateurs.
"Dans les coulisses de la restauration des tableaux de Notre-Dame"
Une restauration exceptionnelle des tableaux de Notre-Dame de Paris
Mobilier national - Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris
Fin prêts pour la réouverture !
Marie-Hélène DIDIER avoue avoir longtemps été réveillée la nuit par les images de Notre-Dame meurtrie par l’incendie. Mais le temps a passé : elle est heureuse et fière aujourd’hui de voir la cathédrale plus belle qu’elle n’a jamais été, avec les objets et les œuvres qui regagnent un à un leur écrin d’origine, contribuant à raconter l’histoire de la cathédrale et apportant un supplément d’âme à l’édifice. Elle admet que l’incendie a été l’occasion de repenser totalement la muséographie avec le clergé affectataire, ils sont agencés et sublimés, avec de nouvelles vitrines qui font leur apparition comme celle dédiée au sacre de Napoléon Ier.
Le maître-autel de Viollet-le-Duc démantelé dans les années 1980 fera également l’objet d’une évocation remarquable dans la chapelle Saint-Guillaume avec la repose de certains éléments tels que le gradin, le tabernacle, les chandeliers et la croix.
Un autre événement très symbolique a été le retour de la "Vierge à l’enfant" sur le pilier de Notre-Dame le 15 novembre dernier (voir reportage TF1).
Découvrez en images le retour des objets mobiliers et du trésor de Notre-Dame
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