Quels sont les enjeux des Journées nationales de l’architecture dans les Hauts-de-France ?
Hilaire Multon : Depuis 2016, le ministère de la Culture a créé les Journées nationales de l’architecture avec l’ambition de sensibiliser un large public à l’architecture tout en valorisant des architectures remarquables pour leurs innovations techniques, leur qualité d’usages ou leur qualité formelle, leur apport à l’histoire de l’architecture. Dans la continuité d’autres manifestations culturelles telles que les Journées européennes du patrimoine, la Fête de la musique ou encore la Nuit européenne des musées, les Journées nationales de l’architecture ont vocation à s’inscrire progressivement dans le paysage culturel.
Il s’agit d’inspirer un désir d’architecture comme de permettre aux publics de découvrir les différentes facettes de l’architecture de façon ludique et pédagogique. Ces journées exceptionnelles nous invitent à prendre le temps d’admirer notre patrimoine architectural si riche et si varié, allant de nos célèbres beffrois, aux lieux emblématiques de l’art déco, en passant par ceux révélant des prouesses contemporaines. En Hauts-de-France, ce sont près de trente architectes ou cabinets lauréats d’un Grand Prix national de l’architecture, une preuve de la dynamique régionale.
Cet événement national permet également la rencontre avec les professionnels de l’architecture, qui ouvrent les portes de leurs agences pour répondre à toutes les questions des citoyens sur ces métiers fascinants. Dans la région, l’Ordre des Architectes est particulièrement engagé dans l’éducation à l’architecture. Depuis le 15 septembre et jusqu’au 15 octobre 2023, la première édition du festival « L’émoi de l'Architecture en Hauts-de-France », avec comme point d’orgue les Journées nationales de l’architecture, offre une incarnation toujours renouvelée de cet engagement. A travers le dispositif « Levez les yeux », le ministère de la Culture, et le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports accompagnent les publics scolaires dans la connaissance de l’architecture et développe une sensibilité aux patrimoines.
Que représente le label « Architecture contemporaine remarquable » ? Quelle est la politique de labellisation dans la région ?
Hilaire Multon : Depuis 2016, Le label « Architecture contemporaine remarquable » succède au label « Patrimoine du XXe siècle ». Il est attribué aux immeubles, aux ensembles architecturaux, aux ouvrages d'art et aux aménagements qui ne sont pas classés ou inscrits au titre des monuments historiques, parmi les réalisations de moins de 100 ans d'âge, dont la conception présente un intérêt architectural ou technique suffisant.
La région a été profondément transformée par les conflits militaires du XXe siècle et par les reconstructions qui les ont suivis : elle fut un laboratoire des planifications urbaines de grande envergure, un territoire d'expérimentations de nouveaux matériaux et de techniques innovantes.
Aujourd’hui ce sont 56 édifices qui sont labellisés « Architecture contemporaine remarquable » dans les cinq départements de la région.
A l’origine du processus de labellisation, un recensement a permis de répertorier les architectures de la seconde moitié du XXe siècle les plus remarquables sur le territoire. Les demandes de labellisation sont adressées à la DRAC Hauts-de-France par les propriétaires ou des tiers. Autour de Mathilde Méreau, conservatrice du patrimoine, CRMH adjointe et Perrine Fuchs, chargée de la protection des monuments historiques, toutes deux référentes du label « Architecture contemporaine remarquable », un comité de pilotage, composé d’experts de l’architecture du XXe siècle et de la création contemporaine accompagne la DRAC Hauts-de-France dans les différents volets de son action : recherche, prospection, labellisation, valorisation et suivi des travaux.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le thème de cette 8e édition « architecture et transition écologique » ?
Hilaire Multon : D’une part, cette thématique s’insère dans une volonté gouvernementale forte. Planifier et accélérer la transition écologique sont des enjeux majeurs et multiples, tant pour rendre notre planète plus vivable, améliorer la qualité de l’air, de l’eau, préserver la nature, mais aussi développer une souveraineté écologique française et européenne. D’autre part, les architectes sont des acteurs majeurs de la transition écologique et énergétique. Ils proposent des solutions de plus en plus innovantes, laissant émerger de nouveaux courants comme l’architecture frugale ou encore l’architecture bioclimatique. De ce constat, découle alors naturellement l’idée d’inscrire ce thème au cœur de cette édition des Journées nationales de l’architecture et plus largement au cœur de nos actions quotidiennes.
Dans la région, les acteurs, accompagnés par la DRAC Hauts-de-France, s’engagent. Le WAAO a proposé durant l’été « La ville, tourne en rond ? », une exposition illustrant concrètement le remploi des matériaux dans les constructions : pour faire la ville de demain, il est nécessaire de réparer celle qui existe déjà. La Maison de l’Architecture des Hauts-de-France s’inscrit également dans cette dynamique avec son exposition « Terra Fibra ».
J’aimerais conclure avec la participation active, volontaire, enthousiaste de la DRAC Hauts-de-France à l’écriture de la feuille de route ministérielle sur la transition écologique de la culture. Pas moins de quatre groupes de travail sont mobilisés sur ces sujets. L’un d’eux est intégralement dédié aux questions de transition architecturale, aux innovations dans les territoires et dans les paysages afin de préserver, de conserver et de construire pour demain.
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