Malgré le temps pluvieux, un public nombreux s’est rendu au Parc Pasteur en ce 10 novembre 2023 pour assister à l’inauguration du monument hommage à Jean Zay et son épouse Madeleine.
L’événement s’est déroulé en présence de nombreuses personnalités du monde politique et culturel : les commanditaires du projet (Hélène-Mouchard Zay, fille de Jean Zay, l’association des Amis de Jean Zay, du Cercle Jean Zay, l’historien Pascal Ory), les artistes Anne et Patrick Poirier, la Fondation de France, la DRAC, les personnalités politiques locales (élus et parlementaires), mais aussi nationales (Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture et Gabriel Attal, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse).
Car si Jean Zay est un enfant d’Orléans, ce fut aussi un homme politique de tout premier plan, dont la carrière précoce et fulgurante fut brutalement brisée par sa captivité puis par son assassinat par la milice en juin 1944.
Tous ceux qui ont pris la parole ont tenu à rappeler les valeurs défendues et incarnées par Jean Zay, valeurs d’autant plus précieuses qu’on les sent aujourd’hui menacées : la République, la culture pour tous, l’égalité des chances, la justice, la laïcité, la résistance, le courage.
L’œuvre : une table de banquet en granite noir
L’œuvre proposée par Anne et Patrick Poirier s’inspire directement d’un texte de Jean Zay. Il évoque, dans sa prison de Riom, de transformer la cour de sa cellule en un petit jardin où il avait planté deux saules qui, au bout de deux ans, ont fait venir des oiseaux. Cette méditation sur la liberté a incité les artistes à imaginer une œuvre s’ouvrant par deux saules qui mènent à une esplanade, elle-même en forme de feuille de saule, dont la tige centrale au sol est matérialisée par une très longue table en granite noir,qui invite à s’asseoir, comme à une table de banquet. Sur la table de 25 m de long sont gravés des textes et des mots relatifs aux actions de Jean Zay. C’est cet ensemble (la corole d'arbres, le sol en pierre en forme de feuille avec ses nervures, la table gravée et ses tabourets) qui constitue l’œuvre.
Un projet au long cours
Si l’idée d’une table de banquet évoquant le banquet républicain, s’est rapidement imposée, plusieurs années riches en péripéties ont ensuite été nécessaires pour faire aboutir ce projet. Car un projet culturel ne se construit pas indépendamment de tout un contexte, politique, social, économique, voire urbanistique. Autant d’enjeux, d’intérêts, parfois divergents, avec lesquels il faut composer. Ajoutons que, durant cette période, les élections municipales vinrent aussi imposer leur calendrier. Sans oublier la crise sanitaire... bien sûr. Mais il en aurait fallu davantage pour décourager les commanditaires et porteurs du projet.
Les grandes étapes en quelques dates et faits marquants
2014
. Formation du groupe de commanditaires composé de citoyens, comprenant les filles de Jean Zay Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay, des membres de l'association Le Cercle Jean Zay, des habitants, des historiens (Pascal Ory, Antoine Prost).
. Premiers contacts avec la municipalité d’Orléans pour réfléchir à une œuvre devant le CRDP, rue Notre-Dame de Recouvrance, au cœur du quartier où Jean Zay a grandi.
2015
. Cérémonie du départ des cendres de Jean Zay vers le Panthéon.
. Définition du cahier des charges avec les élus et les agents municipaux.
2016
. Présentation du travail d’Anne & Patrick Poirier : les commanditaires décident de leur
confier leur commande.
. Première rencontre entre les commanditaires et les artistes
. Les artistes affinent leur projet validé par le maire d’Orléans.
2017-2018
. Les artistes travaillent avec la paysagiste sur une esquisse et une faisabilité, avec, en perspective, un nouveau lieu d'implantation pour le projet.
2019
. Présentation par la DRAC du projet au ministère de la Culture devant la Commission nationale des œuvres dans l’espace public.
. La Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture alloue la somme de 160 000 € à la réalisation de l’œuvre
2020
Le projet se construit freiné par la crise sanitaire.
2022
Le projet d’implantation sur le second site envisagé, la ZAC Madeleine, est abandonné au profit du parc Pasteur . Le projet est remanié. Plusieurs propositions sont faites qui font l’objet de discussions et tractations entre les différentes partis, commanditaires, artistes, DRAC, architecte des bâtiments de France, Ville d'Orléans.
2023
Finalisation du projet et inauguration.
Les financements
Production de l’œuvre : Ministère de la Culture : 160 000 € TTC (2019)
Production de l’œuvre : Fondation de France : 109 577 € TTC (2019)
Ces deux dernières sommes permettent le financement d’une partie de l’œuvre, à savoir la table et les tabourets en granite.
Le reste de l’œuvre – le sol pavé, la végétation dont les saules, le transport de la table jusqu’à Orléans, le terrassement et les fondations, le chantier d’installation de la table et des tabourets – s’inscrit dans le budget général de la Ville d’Orléans avec un complément de 40 000 € apporté par le conseil régional.
L'action « Nouveaux commanditaires » initiée par la Fondation de France, permettait à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire, d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations par le biais d’une commande. Son originalité reposait sur une conjonction nouvelle entre trois acteurs privilégiés : l’artiste, le citoyen commanditaire et le médiateur culturel, accompagnés des partenaires publics et privés réunis autour du projet.
Depuis 2020, la Fondation de France a arrêté le programme des « Nouveaux commanditaires » . Celui-ci a été repris par une société indépendante.
Le 20 mars 2024 à 12h30, la Ville d'Orléans convie les Orléanais à se retrouver autour de la Table du banquet, hommage à Madeleine et Jean Zay d’Anne et Patrick Poirier pour découvrir ensemble cette œuvre monumentale
Site de l'association du Cercle Jean Zay
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