Après un an de travaux, le public peut redécouvrir le portail de la cathédrale de Sens. Si des visites ont été organisées tout au long de cette restauration, grâce à la mise en place d'un double échafaudage, le portail se dévoile aujourd'hui et a retrouvé tout son lustre.
Il a été inauguré à l'occasion des Journées européennes du patrimoine le 20 septembre 2025 par Pascal Jan, préfet de l'Yonne, et Monseigneur Wintzer, archevêque du diocèse de Sens-Auxerre.
Un chantier ouvert au public
Consciente de l’intérêt majeur de ce portail et de l’opportunité unique d’y accéder lors du chantier, la DRAC a souhaité mettre en place un double échafaudage sécurisé permettant au public de découvrir et suivre les étapes des travaux. La DRAC a également organisé des interventions de professionnels travaillant sur le chantier afin d’accueillir le public, expliquer les interventions en cours et valoriser ainsi les métiers de la restauration.
Cette initiative s’inscrit dans la politique d’éducation artistique et culturelle (EAC) développée à l’occasion des grands chantiers patrimoniaux, qui offre à l’ensemble des publics, et principalement aux jeunes, de découvrir d’une manière inédite et spectaculaire les chefs-d’œuvre de l’architecture ainsi que les métiers qui sont dédiés à leur protection, métiers d’experts, aux compétences rares et qui contribuent au rayonnement des savoir-faire français.
Cette belle initiative, menée en partenariat avec les écoles de la ville de Sens et l’office de tourisme, a rassemblé 1 166 visiteurs, dont 952 scolaires, venant pour deux tiers d’entre eux de Sens et pour un tiers d’autres établissements du département, en territoire ruraux.
Une restauration exemplaire
Première cathédrale gothique construite au monde, Saint-Étienne de Sens est élevée à partir de la décennie 1130 et achevée au XIIIe siècle. Le portail central de la façade occidentale, dédié à saint Étienne, a été édifié entre 1180 et 1190. Bien qu’il ait subi des altérations au cours de sa longue histoire, à la suite notamment de l’effondrement du premier clocher de la cathédrale en 1268 ou lors de la Révolution française, il conserve toujours une grande partie de son décor d’origine. Sa dégradation progressive au cours du XXe siècle a motivé la restauration d’ampleur qui se termine aujourd’hui.
La conservation régionale des monuments historiques (CRMH), service de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), a assuré la maîtrise d’ouvrage, ainsi que le suivi scientifique et technique de l’opération, dont la maîtrise d’œuvre a été réalisée par M. Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques.
Les travaux ont été réalisés dans le respect de la conservation de l’authenticité matérielle de l’ouvrage : au-delà du nettoyage des pierres, les interventions sur les sculptures ont été extrêmement limitées.
Le chantier a également permis de jeter un regard nouveau sur le portail et sa statuaire. Ainsi, la méthodologie de remplacement du tympan, effectué pour des raisons encore inconnues au milieu du XIIIe siècle, a pu être mieux étudiée. Cette importante modification a été réalisée après le démontage en sous-œuvre des deux premiers rangs de voussures, qui ont ensuite été réadaptés. De même, l’observation depuis les échafaudages des deux médaillons qui dominent l’ensemble du portail a permis d’identifier que ces décors datant du XIIe siècle ont sans doute été réemployés dans la façade restaurée après l’effondrement du clocher en 1268.
L’étude du portail a mis en évidence la qualité exceptionnelle des sculptures, notamment de leurs drapés, malgré les dégradations faites à la Révolution. La statue du trumeau, a fait l’objet d’un soin minutieux. Le nettoyage du visage du saint a révélé que celui-ci avait la bouche entrouverte et non fermée, renouvelant ainsi l’analyse symbolique et stylistique de l’œuvre.
Si des traces de polychromie avaient été mises en évidence lors du diagnostic, elles se sont révélées moins nombreuses qu’attendues. Cependant, une couche de bouche-pore, support à la polychromie, a été conservée sur l’ensemble de la statuaire et dégagée. C’est elle qui donne à cette dernière une teinte jaune.
L’ensemble du portail a bénéficié de ces travaux qui ont également consolidé les zones fragilisées. Les portes néogothiques des portails, datant du XIXe siècle, ont également retrouvé leur teinte rouge. Enfin, conformément à ses engagements et aux prescriptions de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), la DRAC a fait installer dans l’ensemble cathédral une centaine de nids artificiels pour les oiseaux, dont une importante colonie d’hirondelles qui altérait la statuaire des voussures et du tympan. Pour empêcher leur retour sur l’ouvrage restauré, un filet a été installé sur les parties supérieures du portail.
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